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En approchant de la grande route, ils surent immédiatement à l'odeur que des crevards étaient dans le coin. Une puanteur aigre, rance, puissante, mélange de merde de chien, d'égout, de nourriture moisie, de bonbons Haribo, de produit pour nettoyer les toilettes et de sueur.
Aone leva la main. Son escouade ralentit, histoire de ne pas se jeter bille en tête dans un essaim d'adultes. Car si l'on pouvait les flairer de loin, en revanche, on ne les entendait pas avant d'être pratiquement sûr eux, tant ils étaient discrets.
Les enfants arrivèrent à un croisement, et ils étaient là. Une trentaine de crevards. Certains errant sur la route, mais, pour l'essentiel, ils étaient rassemblés sous le porche d'un hôtel particulier de style victorien reconverti en siège d'entreprise, juste à côté d'un resto dont une poignée de crevards surexcités tentaient de forcer les portes.
Alors qu'Aone embrassait la scène du regard, trois adultes émergèrent de la station de métro qui se trouvait pile en face du perron voûté. Devait y en avoir tout un nid, là-dessous. Kenji avait beau organiser régulièrement des opérations commando pour nettoyer les tunnels qui se trouvaient autour du château et en murer les accès, le quartier ne serait pas net avant des lustres.
En silence, Aone demanda à son équipe de reculer. Trop occupés à essayer de s'introduire dans le bâtiment, les crevards ne les avaient pas encore repérés. Et Aone n'avait aucune intention de se faire remarquer.
Recroquevillé, à quelques centimètres du sol, il glissa à l'oreille de Kanji :

- Et moi qui pensais qu'on avait nettoyer tous les nids du coin.

- Moi aussi. Le problème, c'est qu'ils se reforment plus vite qu'on les élimine.

- On reviendra traiter ça plus tard, avec une unité au complet. Pour le moment, on voit après quoi ils en ont, on s'occupe d'eux et on rentre vite fait à la maison.

- Et pourquoi on commence pas par retourner à la base ? On revient avec une division et on les taille en pièces.

- Mmh, t'as peut-être raison.

Ce n'était pas le genre de Kanji de se dérober face au combat. Si lui ne le sentait pas, c'était que ça craignait vraiment. Il faut dire que le nombre ne jouait pas en leur faveur.

- Ça ne nous concerne pas, ajouta Kanji, visiblement pressé d'aller chercher du renfort.

C'est alors qu'une fille apparut à l'une des fenêtres du premier étage. Ouvrant les vantaux, elle se pencha à la rambarde et jeta un coup d'œil aux crevards qui se chamaillaient devant la porte. Elle avait l'air terrorisée. Puis, sans remarquer la section fondue dans le paysage, elle releva la tête en direction de la Tour, mit sa main en porte-voix autour de sa bouche et hurla :

- À l'aide !

Aone poussa un soupir.

- J'ai bien peur qu'on soit concernés, maintenant.

- Pourquoi ? coupa Kanji. On la connaît pas. Elle est pas de chez nous.

- Tu sais que, par moments, tu peux vraiment être une fiente, Kanji.

- C'est vrai que quand je vois ce qui sort parfois...

- Et puis, je croyais que t'étais toujours partant pour la bagarre ?

- J'ai une règle, Takanobu. Ne jamais entamer un combat perdu d'avance.

- C'est une fille, Kanji. Une enfant. Et tous les enfants sont avec nous.

- Très bien, dit Kanji. Dans ce cas, on se le fait à la Batman. On vole à son secours.

- On à besoin d'un plan un peu plus consistant que ça, répliqua Aone avant de se tourner vers Hayden et de poser une main sur son épaule. Hayden, prends Partha et Kinsey avec toi, vous êtes les plus rapides, et faites diversion là-bas. Ayez l'air appétissantes, les filles, d'accord ? Je veux les voir baver.

ENEMY Tome 2 : Le sacrifice Where stories live. Discover now