Chapitre 24 : Verre

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L'abus d'alcool est dangereux pour la santé ! Si vous en consommez, consommez avec modération.

7 avril 1994, pendant les vacances de Pâques 

  Severus jeta sa plume sur la table, agacé. Il attendait Constanzia, et ce depuis une bonne heure. Ils s'étaient donnés rendez-vous à dix-sept heures pour corriger des copies ensemble, et encore une fois, elle était en retard ! Encore et toujours en retard ! Elle cachait quelque chose, c'était évident, mais quoi ? 

  Elle disparaissait régulièrement. Elle lui disait partir se promener, ou chercher des livres, des plantes, aller voir des amis ; toujours des excuses différentes, mais jamais elle ne parvenait à être là pour lui ! 

  Ce n'était pas grave. Il appréciait la solitude, après tout, mais... Imaginer qu'elle le laissait tomber, alors qu'il avait essayé de lui faire un minimum confiance, d'essayer de s'ouvrir à elle, était horrible. Constanzia était en retard sans arrêt, passait son temps à jongler entre ses cours, ses élèves et ses balades, en omettant son « ami » qui peinait à trouver un moment où elle était là, rien que pour l'observer travailler.

Le tableau finit par lancer :

— Constanzia Hagedorn souhaite vous parler, Professeur.

— Faites-la entrer.

  Il était furieux, et n'allait pas lui cacher. Il en avait assez ! La jeune femme entra finalement, essoufflée, et lança en ôtant son manteau :

— Navrée, Severus, je n'avais pas eu le temps passer. Je suis allée dans une librairie à...

— Où étais-tu réellement ? Tu disparais sans arrêt, et ne me dis pas que tu es encore allée dans une de ces librairies, ou encore te balader en France, ou je ne sais où. Que fais-tu ?

  Constanzia garda son manteau en main, et posa le regard sur sa montre. Une heure de retard. Elle comprenait son agacement, elle ratait souvent des rendez-vous ou même disparaissait des nuits entières, car son arrière grand-père l'ordonnait. 

— Désolée. Je vais faire des efforts pour être à l'heure, je te le promets. 

— Tu me dis ça à chaque fois. C'est lassant de devoir te courir après, Constanzia. Alors dis-moi où tu pars.

   Elle resta muette. Severus était assis, le regard noir, les mains jointes. On aurait dit qu'il était prêt à lui faire un procès, et cela l'effrayait. Elle le laissait passer après tout, elle le savait, mais... C'était plus fort qu'elle. Elle savait qu'il était là, qu'il l'appréciait, et cela la rassurait ; mais elle n'avait pas encore bien compris comment entretenir la relation, ce qui lui portait tort. Gellert apparut à côté d'elle et dit :

— Mentez-lui, et quittez-le prochainement. Il peut vous mettre en danger.

  Il disparut. Constanzia déglutit, puis inventa :

— Je... Je vais voir un membre de ma famille. Il est mourant.

   Une lueur attristée était apparue dans son regard, et elle baissa la tête, l'air perdue. En réalité, elle ne mentait pas avec la tristesse. Elle ne voulait pas quitter Severus : elle adorait passer son temps libre – même s'il se faisait rare – avec lui. De plus, elle adorait croiser son regard si sombre, pouvoir l'observer quand il grommelait contre le monde entier, et l'écouter radoter sur le fait que Dumbledore était un vieux fou. Evidemment, elle n'oubliait pas non plus le fait qu'il avait concédé à la serrer dans ses bras, ce qui comblait le creux dans la poitrine qu'elle ressentait régulièrement. Elle avait besoin de lui, autant qu'elle l'aimait, et s'imaginer désormais sans Severus était un supplice.

La Vengeance des Grindelwald [TERMINE]Where stories live. Discover now