Les Barrières de la Mémoire 1

Garder ses distances

    Si Gabrielle trépigne d'impatience à l'idée de partir voir son frère, elle n'en est pas moins reconnaissante aux supers héros de l'accueillir et de prendre du temps pour elle. Les ateliers de méditation et de pratique de ses pouvoirs avec Wanda rapprochent considérablement les deux femmes. La médecin trouve une comparse avec laquelle partager un secret trop longtemps protéger. La plus jeune trouve une oreille attentive et un soutien infaillible devant les nouvelles responsabilités qui lui incombent. Ensemble, elles échangent et partagent ce qui leur a valu d'être mal considérées.

    Malheureusement pour la rousse, l'intensité de ces moments de partage la fatigue énormément. Elle a beaucoup de difficulté à stabiliser le phénomène qui la submerge depuis son altercation avec le sergent Barnes. Et elle se rend également compte que de nombreux facteurs jouent avec ces fluctuations : le bruit, la lumière, le nombre de personnes autour d'elle. Implicitement, la traumatologue aurait tendance à fuir la vie en collectivité, ne s'attardant qu'avec Wanda ou même Steve et Natasha qui viennent régulièrement s'inquiéter de son état. Mais ces quelques jours au campus, aussi intenses soient-ils, sont forts en émotions.

    Et son travail porte ses fruits, car au bout de quelques jours, la médecin se sent moins accablée par l'épuisement. Elle est consciente que son problème n'est pas résolu mais ce regain de vitalité lui donne l'occasion de profiter davantage des journées. Lorsqu'elle est dans un bon moment, elle accepte de partager une session sportive avec l'un ou l'autre des Avengers. Des instants défoulants qui lui permettent de penser un peu à autre chose et de mettre de côté ses capacités.

    Le reste du temps, elle prend plaisir à profiter de l'extérieur, notamment d'un endroit près de l'eau, à l'ombre des saules pleureurs qui bordent la rive. Assise dans l'herbe, elle essaye de profiter de la tranquillité de l'endroit pour continuer ses entraînements et travailler ses techniques de méditation.

    — Tu te caches ? interroge Wanda en arrivant près de Gabrielle. Ça fait des heures que je te cherche.
    — Ce qui n'est pas ton cas. lui répond la rousse. Tu reverbes des mètres à la ronde.
    — Insinuerais-tu que je pue ? s'indigne la Sokovienne en s'asseyant à ses côtés.
    — Mais non ! Ton aura ! rit la murante. Je l'ai sentie avant même que tu ne sois proche de moi. Je ne sais pas si tu en es consciente, mais je ressens beaucoup d'amour en toi. Pour une personne importante à tes yeux. Ça irradie en toi comme un soleil, c'est magnifique.
    — Chut !
    — Ne t'inquiète pas. Je ne sais pas qui c'est. Je ne ressens que les émotions. Ton secret est bien gardé avec moi. Mais c'est si beau ce qui émane de toi comme un nuage.
    — Je ne sais pas ce que ça va donner, mais j'ai envie d'y croire. rougie la Sokovienne.
    — L'amour est pur, tu as raison d'espérer. Et puis, tu es jeune. Il faut en profiter.
    — Je n'ai jamais ressenti ça pour personne avant. C'est beau et à la fois...
    —... Ça fait peur ?
    — Oui ! Tu as déjà vécu ça ?
    — Il y a longtemps. Une longue histoire romantique, limite chevaleresque. Mais tumultueuse. Il fera toujours partie de ma vie, mais aujourd'hui il n'y a plus rien entre lui et moi. Il est marié. Il est heureux et c'est ce qui m'importe le plus.
    — Tu l'aimais ?
    — Comme je n'ai jamais aimé jusqu'à présent.
    — Ça ne te manque pas ?
    — On ne contrôle pas l'intensité des sentiments. Je chérie ce que j'ai vécu avec lui mais, c'est vrai qu'un jour, j'espère pouvoir de nouveau être chamboulée.
    — Tu as quelqu'un dans ta vie en ce moment ?
    — Non.
    — Et c'est quoi ton genre d'homme ?
    — Ahaha, finalement tu es pire que Tony pour savoir des choses.
    — Désolée. Je suis un peu curieuse parfois.
    — Je vois ça.
    — Mais sinon ?
    — Tu insistes ? Bon, d'accord. C'est bien parce que c'est toi. sourît la médecin en attrapant la  jeune sorcière par les épaules pour la charrier. J'ai une préférence pour les hommes grands, bruns, avec un joli sourire et des yeux expressifs. Aucune préférence pour la couleur, du moment que j'arrive à m'y perdre. Oh ! Et avec du caractère. Tu vois, un peu de sarcasme, une pointe d'humour et de la détermination. Rien de pire que de parler au mur.
    — Comme Tony ?
    — Oula, non ! Trop de sarcasme chez lui ! Mais grand dieu, non ! Et puis, je ne cherche pas à me caser.
    — Ça vient souvent quand on s'y attend le moins.
    — J'arrive très bien à sentir votre côté espiègle, mademoiselle Maximoff. Et ce ne sont pas mes pouvoirs qui me le disent.
    — Tout de suite les grands mots. Nous ne faisons que discuter.
    — Je lie dans ton jeu ! Et je ne me laisserai pas avoir ! De toute façon, ce n'est pas ici que je vais rencontrer mon âme sœur. Je préfère d'abord régler mes problèmes avant d'imaginer une quelconque relation avec qui que ce soit. Je serais plus sereine lorsque mes pouvoirs seront stables et que je ne serai pas un danger pour les autres.
    — Arrête de les imaginer comme un élément perturbateur ou qui entrave ta vie.
    — Je ne le pense pas.
    — Tu dois juste les maîtriser.
    — On doit surtout vivre en harmonie ensemble.
    — C'est exactement ça ! Et après, tu n'auras plus qu'à sortir pour faire quelques rencontres.
    — Hors de question que je fasse ça seule ! Tu viendras avec moi !
    — On aura qu'à proposer à Natasha aussi.
    — Pourquoi pas ! J'ai la sensation qu'elle a été éconduite il n'y a pas très longtemps. Elle garde une trace d'un mélange de déception et de culpabilité.
    — Surtout, je t'en supplie, ne lit pas les auras des mecs que tu rencontres. Tu vas directement les envoyer balader.
    — Je te promets de me souvenir de ton conseil. rit fortement la rousse. Ce serait tellement plus simple de ne rien ressentir. De me retrouver face à une page vierge pour avoir la joie de totalement le découvrir. Mais bon, ce n'est pas demain que ça va arriver. Ou alors il faudrait que je perde mes pouvoirs.