Les Barrières de la Mémoire 1

Les souvenirs en carte postale

Grâce à Tony, les deux compères bénéficient de l'intervention de Happy afin de les ramener au complexe en voiture. Alors qu'elle traverse la salle commune, la lumière de la télévision vacille sur les murs. Wanda et Natasha sont assises dans le canapé et regardent une vieille série des années 90.

— Hey, bonsoir belle demoiselle. minaude la jeune sorcière.
— Alors cette soirée ? interroge la russe.
— Imprévue ! Mais très bien.
— Bucky n'est pas avec toi ?
— Il est en-bas... Mais comment tu sais que j'étais avec Bucky ?
— On vous a vu à la fenêtre quand vous êtes partis tout à l'heure.
— Oh les coquines !
— Ah non, les premières commères étaient Steve et Sam.
— Ça ne m'étonne même pas d'eux.
— Alors ? Vous avez fait quoi ? se montre très curieuse la Sokovienne, sous entendant beaucoup de choses dans sa voix et sa question.
— Rien de particulier. On est allé rendre la moto que j'avais piqué et après, on a mangé un truc en ville.
— Et vous n'en avez pas profité ?
— Profité pour quoi ?
— Ne fais pas l'innocente Gabrielle. Ça se voit comme le nez au milieu de la figure.
— Mais de quoi ?
— Que vous vous plaisez !
— Mais non ! N'importe quoi ! On s'entend bien, c'est tout.
— Mais bien sûr !
— Quand vous aurez terminé de faire du commérage, on pourra discuter de choses plus importantes. En attendant, je suis fatiguée et je vais aller me mettre au lit.
— Pas de bêtises les jeunes.
— Et protégez-vous !
— Non, mais j'y crois pas ! C'est pas bientôt fini ! À demain les commères.

Elle a à peine atteint sa chambre qu'elle entend Bucky derrière elle.

— Qu'est-ce qu'elles ont ? demande-t-il en montrant du pouce la direction du salon.
— Comment ça ?
— Elles ne m'ont pas lâché du regard lorsque je suis passé et se sont finalement mises à rire.
— Ahhhhh ! Rien, elles imaginent des choses.
— De quel genre ?
— Il vaut mieux que tu l'ignores.
— Si tu le dis... Dis-voir, j'ai pas spécialement sommeil. Je pensais regarder un des films dont tu m'as parlé. Ça te dit de le regarder ensemble ?
— Et bien, j'allais aller me changer et me coucher, mais pourquoi pas.
— Et bien je te laisse te changer et tu me rejoins après dans ma chambre, d'accord ?
— Très bien. À tout de suite.

Après s'être rafraîchie et avoir enfilé une tenue confortable, la médecin se retrouve devant la porte de la chambre du sergent. Elle frappe quelques coups brefs. Étrangement, un mélange d'appréhension et d'excitation s'active au sein de son estomac. Elle se demande pourquoi cette situation la stresse. Est-ce de passer du temps avec Bucky ? Aucune raison, cela s'est très bien passé jusqu'ici. Ou d'aller le rejoindre dans sa chambre ? Il n'y a aucun mal à aller voir un film avec un ami dans sa chambre. Non. Rien de tout ça. La raison, elle la comprend lorsque Bucky ouvre, à moitié torse nu, en train d'enfiler un t-shirt propre. Lui aussi s'est changé. Uniquement vêtu d'un bas de jogging et d'un haut, Gabrielle déglutit difficilement en l'observant : Natasha et Wanda avaient raison. Il lui plaît. Et la plastique qu'elle vient d'apercevoir n'enlève rien à l'opinion qu'elle lui porte. Avec un sourire cachant sa gêne, la jeune femme entre et s'asseoit sur le bord du lit.

— Du coup, lequel on se regarde ? Die Hard ou Fletcher Grump.
— Forrest Gump.
— L'idée est relativement la même.

Sa mauvaise fois fait rire la traumatologue qui arrache la télécommande des mains du soldat pour effectuer une recherche. Lorsqu'elle trouve enfin ce qui pourrait leur convenir, elle le met en route. C'est un vieux film des années 90 : Hudson Hawk.

— Ça commence avec du Sinatra ? Je vais aimer ! commente l'homme en s'installant confortablement.

La mutante n'a pas bougé du bord du lit, ne sachant pas trop quoi faire et comment se comporter. Par quelques tapes sur le matelas à ses côtés, il invite la jeune femme à le rejoindre. Presque intimidée, elle prend la place vide sur le lit, rapprochant ses genoux de son torse pour ne pas risquer de prendre trop d'espace.