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PDV ÉNORA

     Nous sommes en pleine route pour New York. Harris, Sylvie, Lorenzo et moi sommes dans une voiture noire, ressemblant un peu à celle qui m'a conduite dans la forêt le premier jour que je suis arrivée là-bas. Harris est volant, sa femme juste à côté de lui, sur le siège avant. Lorenzo et moi sommes sur le siège arrière.

     J'ai la tête contre le torse de mon âme qui est en train de jouer avec des mèches de mes cheveux, alors que je somnole contre lui.

Lorenzo : toujours fatiguée?

Moi : à cause de toi.

Lorenzo : c'est toi qui m'en demandais plus.

Moi : tais toi!

     Et nous commençons à gentiment nous chamailler.

Sylvie : ça fait du bien de savoir que tu es là et de vous revoir tous les deux. Pas vrai, Harris?

     Il sourit en hochant du menton.

Moi : désolée de vous avoir autant inquiétés.

     Sylvie secoue là tête de gauche à droite en disant :

Sylvie : ne t'excuse pas. Nous savons ce que ça fait quand deux âmes sœurs souffrent.

     Je m'intéresse un peu plus à ce qu'elle dit, tandis qu'elle commence son récit.

Sylvie : nous avions votre âge quand Harris et moi nous sommes rencontrés. Nous avons appris à nous connaître, et nous sommes tombés amoureux l'un de l'autre avec le temps. Le problème était que nos deux meutes étaient ennemies. Alors, c'était compliqué. Nous nous voyions en cachette, mais comme on le dit, le mensonge n'a jamais de longues jambes. Ma mère m'a grillée un jour et l'a répété à mon père qui m'a interdit de le voir à nouveau. Bien évidemment... Je n'ai pas obéi. Et quand il l'a su, il m'a forcé à faire un choix : la meute ou mon âme sœur. Et comme vous le savez, j'ai choisi Harris sans hésiter. Mais ça ne s'est pas passé comme prévu. Après ma réponse, il m'a enfermée dans la cave de la maison. Pendant des jours, je n'ai pas pu voir celui que j'aimais. La distance m'a faite souffrir, et j'étais comme Lorenzo en l'absence de son âme sœur. Presque morte. Mais un jour, je ne sais par quel moyen, Harris est venu me libérer. Nous avons failli nous faire prendre en nous échappant, mais heureusement, tout s'est bien passé. Nous avons pu nous échapper et partir, loin de tout. Nous avons créer notre propre meute... Et vous connaissez la suite.

Moi : vous en avez vécu, des choses.

Sylvie : et c'est peu de le dire.

     Je me tourne vers Lorenzo, mais celui-ci est totalement dans ses pensées.

Moi : Enzo?

     Je pose ma main sur la sienne, et il sort de sa... Transe.

Moi : ça va?

Lorenzo : on va dire...

Moi : je suis là, si tu veux parler.

Lorenzo : merci.

     Il pose sa tête sur mes cuisses, et caresse mes genoux de sa main gauche en entrelaçant les doigts de sa main droite à ceux de ma main gauche. Tout en plongeant ma main droite dans sa chevelure de jais, je me penche pour lui embrasser la joue gauche.

Moi : repose toi. Tu as l'air plus préoccupée que moi.

     Je lui caresse doucement la tête, le détendant complètement.

Sylvie : votre lien est particulier.

Moi : comment?

Sylvie : vous avez beaucoup souffert lors de votre... "Séparation". Vous n'étiez qu'à quelques mètres et pourtant, on aurait dit que vous étiez à des kilomètres et que vous ne vous étiez pas vu pendant plusieurs mois.

     Elle sourit, et continue :

Sylvie : à quel point l'aimes-tu, Énora?

     Je baisse mon regard vers mon loup endormi, et en le regardant, je connais déjà ma réponse.

Moi : je ne sais pas.

     Sylvie se tourne vers moi, curieuse de savoir pourquoi j'ai dit ça.

Moi : la seule chose que je sais est que mon amour pour lui ne faiblit jamais, ne faisant que grandir à chaque seconde qui passe. Il est ma raison de vivre. Il constitue chaque parcelle, chaque cellule de mon corps, de mon âme et de mon esprit. Il est ma drogue et... Vivre sans lui serait comme... Être vide, n'avoir aucun but dans la vie, ne vivre pour personne... Comme ne pas exister.

Harris : si ça ne n'est pas de l'amour, je me demande bien ce que c'est.

Sylvie : va savoir. Peut-être quelque chose au dessus de ça.

     Elle regarde à nouveau devant elle en souriant.

Moi : dîtes...

Harris : oui?

Moi : dans certaines de vos précédentes conversations, vous parliez de moi. Je n'ai pas posé de questions jusqu'à maintenant, mais ça m'intrigue beaucoup.

Sylvie : nous t'expliquerons lorsque nous en seront sûrs. Personne ne doit être au courant de ça. Et si nous te disons tout et que tu n'es finalement pas celle que nous croyons, tu risquerais d'être en danger. Déjà que tu l'es...

Moi : y a-t-il quelque chose d'important dont vous ne m'avez pas parlé?

Harris : c'est à Lorenzo de tout te raconter. Pas à nous.

Sylvie : nous sommes désolés de ne pas pouvoir te répondre.

Moi : ce n'est pas grave, je comprends.

     Ça doit être douloureux pour que Lorenzo hésite même à m'en parler.

     Je laisse ma tête aller contre le dossier du long siège de la voiture, et arrête mes mouvements dans la chevelure de Loren'. Il grogne, un grognement près semblable à celui qui avait fait trembler la maison en forêt un jour. Je reprends mes caresses, le calmant.

Harris : tu lui as vraiment manqué.

Moi : apparemment.

Sylvie : c'était une torture pour lui. Pour toi aussi, mais les mâles souffrent un peu plus. Encore un peu et c'était sûrement la folie de savoir que tu ne voulais plus de lui.

Moi : c'est ce qu'il se passe quand une âme sœur rejette l'autre et quand ils ne se revoient pas et ne se touchent pas?

Harris : oui. Et ça peut même parfois conduire à la mort causée par le chagrin dans le cas du rejet, ou à la folie dans le cas où ils ne se voient ni ne se touchent.

     Mon cœur se serre à la seule pensée que j'aurais pu perdre mon âme sœur. Le savoir fou ou mort à cause de moi... La folie, je pourrais encore la tolérer puisqu'en passant à nouveau du temps avec lui, il guérirait. Mais la mort...

     Plus jamais je ne le laisserai comme je l'ai fait. Je n'en fais pas la promesse, car on est jamais sûr, mais j'essaierai.

Âme Sœur : L'Alpha Et La Légende. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant