Chapitre 2 : .

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Je regardais par la fenêtre de la cuisine. Même d'ici, on voyait la mer. J'étais surprise de la savoir si proche. Il n'y avait que quelques dunes et barrières en bois entre la maison et la plage. La maison des Sylphide n'était pas celle que j'avais vu de l'océan. Néanmoins, même sans savoir évaluer précisément les distances, je jurerais qu'elles étaient à peu près aussi proches l'une que l'autre de la plage. Je chassais cette pensée de ma tête. J'avais d'autre soucis à me faire que cette humaine. J'étais censé aider Sara en essuyant la vaisselle. Elle avait décidé de m'apprendre le plus rapidement possible les gestes les plus simples et les mots de mon nouvel environnement. Et je dois avouer qu'elle était bonne professeur.

Le plus dure avait sans doute était d'essayer de manger leur nourriture avec leurs ustensiles... Franchement, à quoi cela servait-il d'avoir des objets si fragiles? Sous l'océan, j'avais déjà ramassé des trésors de la surface lors de mes sorties. J'avais déjà trouvé certaines de leurs fourchettes et... et l'autre objet rond... J'en avais déjà touché. Et je devais avouer que certaines de leurs utilisations m'étaient restées un mystères. Mais je n'aurais jamais imaginé à quel point ils étaient fragiles!

J'avais cassé deux ou trois assiettes au début (et je ne compte ici que celles cassées pendant que j'aidais à la vaisselle).

Mais à présent, je me débrouillais assez bien. J'étais même assez fière de moi. Sara lavait à côté de moi, me tendant de temps à autre les ustensiles mouillés. En dehors de sa volonté de m'apprendre leur vie (et d'évaluer ma maladresse), l'humaine avait également décidé de voir si mes cheveux changeaient au moindre contact avec l'eau, à la moindre gouttelettes roulant sur ma peau. Et jusqu'à maintenant, ils ne l'avaient pas déçu. Que je touche un verre légèrement humide, qu'elle me donne une cuillère trempée ou que je ne reçoive qu'une infime goute et mes cheveux se méchaient lorsqu'ils ne viraient pas carrément au turquoise. Je ne m'expliquais pas vraiment ce phénomène. Mais j'étais loin de m'en plaindre.

A nouveau perdue, le regard au delà de la fenêtre, je ne vis pas le verre qu'elle me tendit. La Sylphide passa son regard de moi à la mer avant de sourire.

-C'est beau, hein?

Revenue sur terre, je ne fis que hocher la tête. Oui, c'était magnifique. La mer brillait de milles feux à l'horizon. Je saisis distraitement le verre sans la quitter des yeux.

-Tu es toujours attirée par elle, n'est-ce pas?

Un sourire étira le coin de ma bouche. Décidément, cette femme ne cessait pas de me surprendre. Elle semblait lire en moi comme dans un livre ouvert. Comme Grand-mère. A cette évocation, je ne pus m'empêcher de fermer les yeux et de soupirer. Ma Grand-mère avait toujours était là pour moi. D'aussi loin que je me souvienne, elle était toujours là à nous choyer, à nous surveiller même malgré son devoir de reine. Elle ne nous avait jamais abandonné, qu'importe la lourdeur de sa charge. Même pour moi, elle avait été là jusqu'au bout.

Je n'avais pas repensé à elle depuis que j'étais à la surface. Enfin, j'avais tenté de ne pas y penser, de ne penser à aucune des choses ou des personnes que j'avais laissé derrière moi. C'était trop dur...

Je soupirais à nouveau tout en basculant en arrière. Seules mes mains serrant le rebord de la cuve me maintenaient.

-Je l'entends toujours. D'ici, dans mon sommeil. Même les yeux fermés, j'ai l'impression de la voir devant moi. La nuit dernière, je me suis réveillée devant elle sans savoir comment j'y étais arrivée.

Je débitais tout cela sans pouvoir m'en empêcher. J'avais besoin de parler pour comprendre.

-Même quand je suis loin de l'océan, j'ai envie de m'y plonger. J'ai envie de sentir les vagues sur mes jambes, l'eau iodée sur mon corps. J'ai envie d'y retourner, même si je ne le peux. C'est comme s'il me manquait quelque chose...

Blue Océan : Seconde partie: (en suspens)Where stories live. Discover now