CHAPITRE 5

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Sur le trajet, j'ouvre la petite pochette blanche que j'ai prise. Je glisse ma main à l'intérieur en regardant si mon frère me voit. Étant donné son état, cet abruti s'est endormi. Je profite de l'occasion pour sortir le bout de papier que Vicky m'avait laissé dans mon sac tout à l'heure. Je prends mon téléphone et lui écrit un message :

« SOS ! » 06 :32 PM

« Soirée chez les Jones ?! » 06 :35PM

« Exact ! » 06 :36 PM

Je ne peux m'empêcher de sourire en voyant que Vicky n'a pas oublié notre code de secours et pourquoi on l'écrivait. En relevant la tête, je croise le regard de mon père dans le rétroviseur. Je range aussitôt mon portable dans la pochette et détourne la tête pour regarder le paysage. J'espère qu'il ne se doute de rien.

Après une quinzaine de minutes, nous voilà arrivé devant la grande demeure des Jones. Courage Charlie ! Je respire et ouvre la portière de la voiture. Sur le porche se trouve Carmen, William et leur fils, Ben.

- Bonsoir ! Venez vite ! s'écrit Carmen en nous faisant de grands signes avec sa main.

Ma mère est la première à se jeter dans la gueule du loup. S'ensuit mon père, Warren et la dernière qui n'a pas du tout envie d'assister à ce repas, moi. Mon père et William sont partis dans le bureau de l'hôte, tandis que ma mère et Carmen sont dans la cuisine. Je suis dans l'entrée, plantée là en me demandant qu'est-ce que je fais ici. Ce monde n'est pas fait pour moi. Tout se paraître pour être accepté par la société des bourgeois. Prête à m'enfuir, une voix m'empêche de passer à l'acte.

- Tu es magnifique Charlie. Me dit Ben.

Il ne manquait plus que ça. Ben. Que dire de lui. C'est un bel homme, vraiment, enfin le genre qui plaît à la haute société avec un beau polo blanc bien repassé et un pantalon impeccable. Il est « trop » parfait.

- Merci. Dis-je sans en faire trop.

- Tu as énormément changé depuis... enfin je veux dire que tu es devenue une belle jeune femme. Dit-il en se rattrapant.

- Oui tu veux dire que je ressemble à Jenna. Dis-je sans aucune émotion.

Ben avait un faible pour ma sœur. Il a tenté sa chance mais Jenna n'était absolument pas intéressée. Il faut dire qu'il n'avait que 16 ans à l'époque et ma sœur 18. Cependant monsieur s'est rabattu sur le lot de consolation et a essayé avec moi. Ben ne m'a jamais plu, il est très beau, c'est un fait, mais d'avoir fait ça, m'a touché dans mon égo.

- Charlie, j'étais jeune et con. J'ai changé et puis si tu réagis comme ça... Dit-il en tentant une approche.

- Et tu dis avoir changé. Tu devrais rajouter arrogant sur ton CV de mari parfait. Dis-je froidement en avançant vers la terrasse où se trouve une belle table dressée.

Je laisse en plan Ben dans le hall d'entrée et prie pour que cette soirée passe au plus vite. Au son d'une cuillère qui retentit sur une coupe de champagne, j'en déduis qu'il est temps de passer à table. Comme à son habitude, Carmen a pris soin de bien tous nous placer autour de la table. En bout se trouve notre hôte suivit sur sa gauche de son mari, mon père et Ben tandis qu'à sa droite se trouve ma mère, Warren et moi. Quelle chance de se retrouver en face de son fils qui m'a l'air aussi mal à l'aise que peut l'être un abruti qui a fait une connerie.

Tout le monde prend place et le dîner commence calmement. William et mon père parlent de leur journée de pêche qui n'a rien donné mais ils ne désespèrent pas en pensant à la journée de demain. Warren enchaine les coupes de champagne sous le regard réprobateur de ma mère qui n'ose lui dire d'arrêter.

- Alors Charlie, Amanda m'a dit que tu t'étais inscrite à l'université ? Demande Carmen poliment.

- C'est exact, je vais à Princeton. Dis-je sans trop m'étaler.

- Quel cursus vas-tu suivre ? demande à son tour William.

La question que je redoutais arriva. Je sens tous les regards se braquer sur moi attendant une réponse mais quoi leur dire sachant que moi-même je ne sais pas ce que je vais faire. Il est vrai que mon avenir pourrait être tout tracé mais je veux une vie simple et j'admets que depuis avoir été prise dans cette université, j'ai l'impression qu'une cage se referme de plus en plus sur moi, me séparant de ma liberté.

- Charlie hésite encore ! Elle a tellement d'ambition si tu savais ! Elle brillera où qu'elle aille ! S'exclame ma mère subitement, brisant ce silence.

Je ne sais pas ce qui est le pire entre mon silence ou ce mensonge grotesque que ma mère vient de dire pour faire grande impression devant ses « amis ». Mon père me regarde intensément et je connais d'avance la réprimande que je vais avoir en rentrant. Le repas reprend lorsque je sens mon téléphone sonner dans ma pochette. L'envie de m'éclipser me prend soudainement mais je sais que si je quitte cette table, je vais le regretter.

Les plats défilent et nous voilà arrivés aux desserts. Je ne peux plus rien avaler et je me surprends plus d'une fois à compter les minutes sur la montre de mon frère pensant faire avancer les aiguilles plus vite.

- J'ai cru comprendre que la vermine est toujours bien présente dans la région. S'exclame mon père.

- Tu sais Tom, elle n'est jamais bien loin ! Rigole à son tour William.

De qui peuvent-ils bien parler comme ça ? J'ai ma petite idée mais j'espère me tromper et essaye de contrôler cette petite boule de colère qui grandit dans le creux de mon estomac.

- Dans tous les cas, on peut se réjouir que l'un d'entre eux ne fasse plus partie de ce monde. Sans offenser le décès de votre tendre Jenna qui n'est que la victime de ces monstres. Rajoute Carmen en prenant la main de ma mère.

Mon sang ne fait qu'un tour dans mon corps. Je ne peux pas les laisser insulter ouvertement mes amis.

- Luke est autant une victime que Jenna. Lâche-je sans contrôler mes paroles.

Les regards se tournent vers moi avec beaucoup de mépris, notamment de la part de Carmen.

- Dois-je te rappeler qu'il est l'auteur de la mort de Jenna, ta sœur ? insiste-t-elle.

- Non, non, ça ce sont les faits que vous vous êtes inventés. Il n'y a jamais eu d'enquête sur ce qu'il s'est réellement passé. Vous ne trouvez pas ça bizarre que l'affaire a été classé en inculpant Luke qui est décédé dans cet accident de voiture ? Dis-je en posant les poings sur la table.

- Charlie ! Stop ! S'exclame ma mère gênée de mon comportement.

- Peut-être que le conducteur qui les a percutés été très apprécié de la société, un homme respectable comme vous dites si bien ! Mais non, c'est tellement plus facile d'accuser une personne qui ne représente rien dans votre petit monde de bourges ! Dis-je en haussant la voix tout en me levant.

Mon cœur bat tellement fort que je n'entends que le bruit de son battement qui résonne dans mes oreilles. Plus personne ne parle et Carmen affiche un O avec sa bouche comme pour me montrer qu'elle est choquée de ce que je viens de dire.

- Je crois que la soirée est terminée pour moi. Sur ce, merci pour l'invitation. Dis-je en poussant ma chaise d'un coup avant de partir de cette maison.

Autant en arrivant je suis venu lentement, autant mon départ se fait à la limite d'une course. Je ne peux plus écouter un mot de plus sur ce qu'ils prétendent s'être passé cette nuit-là. Bon et bien il n'y a plus qu'à rentrer à pied maintenant. Je décide de prendre mon téléphone pour voir qui m'a envoyé un message.

« Soirée à la cabane ? » 11 :04 PM

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Voilà la fin de cette cinquième partie !

À partir de demain je publierais 2 chapitres par jour afin de rester constante pour le fil de votre lecture.

J'espère que ces premières parties vous ont plu et que vous voulez lire la suite !


Folly IslandWhere stories live. Discover now