𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟐 | 𝐀𝐘𝐔̂𝐍𝐀

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À écouter durant le chapitre si vous aimez écouter de la musique en même temps :
Øneheart x Reidenshi - Snowfall.

𓆩*𓆪

𝓙e ne sais plus comment vivre, j'ai perdu goût pour l'intégralité de cette terre. J'ai perdu le goût dans son intégrité en fin de compte. Plus rien n'anime mon corps dénudé de toute énergie quelconque. Seule la mort crée son sens et flâne au creux de mon esprit embué par l'entièreté de mon passé persistant à ne pas s'effacer, à l'instar d'une encre indélébile.

Je n'ai plus de sentiments, plus de passion, plus d'amis et surtout, plus de...

famille...

J'inspire longuement, l'esprit infiniment troublé, et je me replace sur mon lit - qui grince par la même occasion, créant ainsi un bruit strident dans la pièce, vide, empli seulement de mon âme, tout aussi vide.

Je préfère ne plus y penser au risque de finir une nouvelle fois en réanimation.

Et franchement, je préfère éviter, parce que boire de la soupe horrible tous les jours, ça va deux minutes.

Mes yeux se perdent dans le noir de cette pièce et comme à l'accoutumer depuis que mon corps est doté de conscience, je me noie dans un océan de pupille dorée et douce, à m'en détruire le coeur.

Seyed.

Son nom résonne dans ma tête sans cesse, à l'imitation d'un écho bruyant et destructeur pour mon cœur et mon âme.

Mais comment l'oublier ? Comment amnistier celui qui a fait battre mon cœur à ne plus en dormir ?  Comment se désintéresser de celui que j'ai aimé plus que ma propre et misérable existence ? Celui qui a su essuyer mes larmes dans toutes les situations possibles et inimaginables, comme si celles-ci étaient des diamants précieux qu'il ne fallait pas dilapider.
Seyed était celui qui su m'offrir une deuxième famille remplie d'amour et de tendresse. C'est celui qui a su me donner des déjeuners, des sourires, des étreintes, de la douceur et tout ce qu'un enfant de cinq ans aurait à vouer à une fillette du même âge, à l'âme déchirée et brisée qui se dévouait déjà à la mort.

Et c'est toujours ce même être, que j'ai tant chéri, qui a su nous ouvrir, à ma soeur et à moi, lorsque nous sommes devenue orpheline à l'âge de onze ans, les portes de son misérable petit taudis dépourvu de moyen et d'espace, d'ors et déja occupé par sa famille de dix enfants qui se partageait vingt mètre-carré.

Sa maison qui contenait nos rires enfantins, était devenue la nôtre jusqu'à ce que nous soyons finalement traîner comme de vieux colis de famille en famille, qui ne cessait de nous rejeter, ma sœur et moi, lorsque la police géorgienne a appris la mort de nos défunts parents.

Seyed ne m'a plus jamais lâché depuis notre rencontre, lorsque nous avions trois ans, après avoir fui la Géorgie avec ma famille suite à la guerre civile qui animait ce pays qui m'a pourtant bercé durant mon enfance.

Lorsque j'étais pauvre et démunie de toute trace de gaieté apparente dans mon âme de jeune enfant, frêle, il était là. Seyed était toujours là pour essuyer d'un revers de sa petite main, mes larmes constellées.

C'est lui qui restait avec moi durant toutes les récréations dès l'instant où il s'était aperçu que les autres enfants me rejetaient délibérément en me pointant du doigt car je ne maîtrisais pas encore le norvégien. Il avait appris ma langue pour me faciliter la tâche lorsqu'il avait remarqué que j'avais des lacunes pour apprendre la langue du pays dans lequel je me trouvais depuis quelques mois.

𝐋'𝐄́𝐏𝐇𝐄́𝐌𝐄̀𝐑𝐄 Where stories live. Discover now