𝐋'𝐄́𝐏𝐇𝐄́𝐌𝐄̀𝐑𝐄

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟔 | 𝐀𝐘𝐔̂𝐍𝐀

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— 𝓐lors il te va bien ? Déclare la voix d'Ava tandis que j'enfile un pantalon en cargo beige assez ample.

Lorsque le pantalon se retrouve sur mes hanches, je me tourne vers le petit miroir sale, trouvant sa place dans ma miteuse salle de bain, et j'essaie tant bien que mal de m'admirer sous un nouveau jour.

Horrible, crachent ces voix qui fusent au fond de moi.

Tu es horrible.

Les larmes montent, mais je les essuie rapidement avant de sortir de la salle de bain à contre-coeur, un sentiment de honte et d'humiliation se mélangeant autour de ma gorge lorsque je me présente à Ava.

En me voyant, celle-ci aborde une tout autre expression. Elle sautille dans tous les sens et me prend dans ses bras.

— J'adore !! s'écrie-t-elle. Je savais que les tailles basses allaient être magnifiques sur toi ! Tient enfile ce teeshirt, dit-elle en me tendant un tee-shirt à manche courte blanc, munie d'une étoile en plein milieu.

Magnifique sur moi ?

Cette remarque me réchauffe le cœur.

Lorsque je mettais des taille basse, Joseph et Maria n'aimaient pas, ils m'avaient déchiré une grande partie de mes pantalons dans ce style. Ceux qui restaient on été donné de leur part à Anya, car selon leur dire, ces pantalons n'étaient pas fait pour des filles aussi fines que moi.

Et ils n'avaient pas tort, j'étais horrible.

Je chasse les pensées sombres qui se créent au fin fond de mon esprit d'un rapide clignement des yeux, et j'attrape le tee shirt qu'Ava me tend, avant de le jauger du regard.

Il m'a l'air un peu court.

— Il laissera entrevoir un peu ton nombril, ça ne te dérange pas ? me questionne Ava d'un regard rempli de tendresse. Tu as une super belle taille ! Finit-elle par me dire en souriant.

Sa demande me perturbe pendant un moment.

Cela fait un bon bout de temps que je n'ai pas eu de choix vestimentaire.

Pendant les trois dernières années que j'ai passées dans cet hôpital, je me suis habituée à porter uniquement d'immondes robes de chambre ou des robes un peu plus simples mais toujours aussi fades, fournies par l'hôpital pour les rendez-vous importants.

Sans broncher, je saisis le deuxième vêtement qu'elle me tend, un pull beige probablement tricoté au crochet et troué intentionnellement à certains endroits.

Cela faisait des années que je n'avais pas vu ce style d'habits. Je voyais toutes les filles de mon lycée se revêtir de cette manière, dont Anya, et j'ai toujours énormément été séduite par ce type de look.

À l'instar d'un souvenir tout aussi heureux que douloureux ne cessant de faire son apparition lorsque le soleil se couche, je garde particulièrement en mémoire cette fameuse journée où Anya m'avait prêté cette tenue, représentant à la fois la meilleure et la pire journée de ma vie.

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Il y'a 5 ans ( 2002 ), Lycée Nordahl Grieg.

Je traverse le couloir d'un pas lent et timide, mes chaussures grinçant sur le sol luisant du lycée.

Enfin "mes chaussures", ce sont plutôt les converses qu'Anya m'a gentiment prêté avec son jean bleu, taille basse et patte d'éléphant.