𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟖 | 𝐀𝐘𝐔̂𝐍𝐀

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— 𝐎𝐌𝐁𝐑𝐄 𝐃𝐔 𝐏𝐀𝐒𝐒𝐄́ :
𝐑𝐄𝐓𝐎𝐔𝐑 𝐀𝐔 𝐏𝐀𝐘𝐒 𝐍𝐀𝐓𝐀𝐋 —
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𝓙e me tiens là, dans l'aéroport d'Oslo, sous le couvert d'une nuit qui semble s'étendre à l'infini. La froideur mordante de la météo norvégienne pénètre mes os, me faisant frissonner involontairement. La neige tombe doucement du ciel obscurci par les nuages, se mêlant à la fine pluie qui ne cesse de tomber depuis un certain temps.

À cette heure tardive, l'aéroport est presque désert. Les rares voyageurs qui errent dans les couloirs semblent pressés de rejoindre leurs destinations, cherchant refuge auprès des uniques cafés et boutiques qui daignent encore être ouverts. Les annonces au micro se font rares, créant une atmosphère étrange de silence relatif, seulement interrompu par le murmure des conversations étouffées et le bruit régulier des pas sur le sol carrelé.

Ava demeure quelques mètres plus loin, le nez plongé dans son miroir de poche orné de strass doré. Sentant mon regard sur elle, cette dernière relève la tête avant de me saluer d'un signe de la main et de s'armer de son fameux sourire qui serait capable d'illuminer l'entièreté de la ville.

Ses œillades bienveillantes et attentives sont, malgré moi, un réconfort dans cette nuit sombre et inhospitalière. Elle veille sur moi avec une patience infinie, prête à répondre à mes besoins, même lorsque les circonstances sont aussi inconfortables que cette nuit glaciale à l'aéroport.

Je la rejoins avant de la saluer poliment à mon tour. En guise de réponse, elle se redresse et me présente de nouveau sa parfaite dentition.

– Comment ça va aujourd'hui Bella ? Pas trop fatiguée ? Me demande-t-elle, le visage illuminé par une expression enjouée.

Cette femme a le don de toujours être de bonne humeur, et elle détient une capacité époustouflante à transmettre au monde, l'envie d'aller mieux.

Souvent, mes songes s'envolent et je rêve d'être comme elle, une muse de lumière répandant la joie, tel un rayon de soleil réchauffant l'âme de ceux qui croisent sa route, apportant ainsi un certain réconfort. Cependant, cette requête est une aspiration désespérée, car au plus profond de moi, mon âme semble vénérer inéluctablement à l'obscurité et au néant.

Il y a des moments où je m'octroie le droit d'estimer que ma présence sur cette planète est méritée, que mes cicatrices intérieures ne sont, en fin de compte, que les marques du passé. Néanmoins, je me rappelle aussitôt que ces dernières sont probablement à la fois le reflet de mon histoire anamnèse, et une douleur persistante dans le présent. Elles continuent de me tourmenter un peu trop pour que je puisse les ignorer, et celles-ci auront toujours des conséquences sur mon présent.

À l'instar d'un écho bruyant, le son de nos valises glissant sur le sol, crée une symphonie voyageuse, marquant notre départ.

C'est le moment...

Nous attendons notre vol qui a pour destination la Géorgie, mon pays natal.

Une boule se forme dans ma gorge à chaque évocation de ce dernier. Les souvenirs de la guerre ont créé en moi des traumatismes ineffaçables.

Dont la mort de ma mère.

C'est une nouvelle aventure qui m'attend quelque part au bout du chemin. Mon cœur bat avec une anticipation mêlée d'anxiété. Dans quelques temps, je divaguerai sur les vagues déchaînées de mon passé.

Et je toucherais enfin le rêve que je m'étais fixé.

M'effacer à tout jamais de ce monde rempli d'orgueil.

𝐋'𝐄́𝐏𝐇𝐄́𝐌𝐄̀𝐑𝐄 Where stories live. Discover now