𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟒 | 𝐀𝐘𝐔̂𝐍𝐀

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𝓣rois jours se sont écoulés depuis ma légère querelle avec Ava, et comment dire? Je me sens beaucoup mieux sans sa présence étouffante. Je passe des journées paisibles à observer la fenêtre, à écrire et surtout à penser. Je n'ai plus d'irruption intrusive dans ma chambre toutes les minutes et c'est franchement, un bonheur absolu.

Bien que j'aie regretté mes propos envers elle, qui était tout de même assez brute, je me sens plutôt bien. Elle, cependant, à l'air un peu mal. Enfin, surtout les premiers jours. D'après ce que mon regard assez observateur a pu analyser, elle avait un teint assez grisâtre et une façon de s'exprimer plutôt monotone, ce qui ne lui ressemble pas.

Ah oui, son sourire a disparu aussi, ce qui est assez étonnant de la part de « Miss Colgate ».

Conclusion : Je me sens un tout petit peu mal.

Bien que sa présence me gêne fortement, Miss Colgate a beaucoup été présente dans ma vie ces temps-ci et sa compagnie était, pour le moins, ancrée dans mon quotidien. Étonnement, ma semaine était passée plus vite grâce à son assistance coutumière.

Maintenant, j'ai l'impression que les jours à venir traînent des pieds pour se présenter et ils se font plus longs. L'aube se fait désirer d'une manière à penser que cette petite sphère dorée marquant, par sa symphonie de couleurs chaudes, une nouvelle journée, ne veut plus éclairer cet endroit sombre et caché par la danse des sapins infinie qui enveloppe une forêt assez éloignée d'Oslo.

Et à l'heure actuelle, je me retrouve entre mes éternelles draps jauni par le temps qui bordent mon lit miteux, un carnet, un stylo déposée entre mes jambes et mon fameux regard glacial et pensif diriger vers ce paysage que je ne cesserai d'admirer : La lune.

Sa présence a le don de m'apaiser mais elle provoque également des sentiments désagréables qui secouent mon âme, tel que la culpabilité qui me ronge et qui parcourt mon sang. Une tonne de questions existentielles fusent dans mon esprit et à ce moment-là, je ne peux m'empêcher de me demander si j'ai bel et bien fait de repousser Ava de la sorte.

Je gratte instinctivement mes poignets déjà bien abîmé par mes propres crimes.

Je me sens seule, à vrai dire je me suis toujours sentie seule, mais là, mon cerveau prends enfin conscience qu'Ava a été plus qu'une infirmière pour moi.

Et il n'y a rien de pire que de prendre conscience qu'une personne à été là pour nous semaine après semaine et que cette dernière finit par disparaître de notre vie du jour au lendemain et ceci par notre faute.

J'ai mal au cœur. J'ai l'impression d'être abandonnée. J'ai le sentiment qu'on m'a tendu la main pour enfin sortir de ce tunnel lugubre, sans fin et que j'ai finalement éloigné lamentablement cette possibilité par peur et par méfiance.

Comme d'habitude, je suis toujours la fautive. Ils ont bien eu raison de me traiter différemment d'Anya, elle est le soleil et moi la lune. Lorsque j'apparaissais, le monde dormait ou ne voulait pas me voir. J'étais caché, effacé du monde. Et vu les horreurs qu'on m'offrait sur le corps, disparaître du champ de vision d'autrui était la meilleure chose que j'ai eu à subir, un don du ciel.

Être invisible, voilà à quoi se résumait ma présence.

Subir, subir, subir.

𝐋'𝐄́𝐏𝐇𝐄́𝐌𝐄̀𝐑𝐄 Where stories live. Discover now