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Cuisine
Être la pièce rapportée, égarée, perdue dans ce vaste univers. Se sentir de trop, tout le temps, avec n'importe qui, n'importe où, à n'importe quel moment. Avoir cette douloureuse sensation de ne pas se sentir à sa place, peu importe où, peut-être qu'il n'y avait pas de place dans cet univers. Ce ressenti qui comprime la cage thoracique et provoque la boule au ventre. Ce moment de réalisation qui rend tout cela plus vrai que jamais. Espérer malgré tout.
L'espoir. Un mot qui comporte six lettres. Ce mot qui permet aux gens d'y croire. Ce fameux substantif qui fait rêver le monde entier. Ce simple petit mot qui a le pouvoir de faire vibrer une personne ou de la détruire. Noa ne savait pas si elle détestait ce mot ou non. Noa s'accrochait à l'espoir, même dans les moments les plus difficiles elle n'avait que ce stupide mot sur lequel tous ses rêves reposaient. Il y en a eu des moments où elle détestait ce mot qu'elle était en colère contre lui. Parfois il la rendait tellement triste qu'elle souhaitait qu'il n'ait jamais existé. Puis le lendemain après une immense crise de larmes et de doutes, elle se levait comme si de rien n'était et affrontait le monde, l'espoir enfouie malgré tout au fond d'elle. Noa n'avait jamais cessé d'y croire même si parfois elle le cachait.
Noa sort les ingrédients du frigidaire, s'apprêtant à préparer le déjeuner. Il est à peine 11h mais il fait un si grand soleil que Noa est de bonne humeur. Elle allume l'enceinte la posant sur le plan de travail. Elle y connecte son téléphone puis scrolle sa playlist cherchant une chanson entrainante. You Get What You Give de New Radicals en fond sonore et la voilà partie pour cuisiner. Se laissant entrainer par le rythme de la chanson, Noa se déhanche doucement tout en coupant les tomates. Elle se sent bien. Elle prend une grande inspiration et se met à chanter tout continuant sa tâche. Elle se sent libre et ça faisait si longtemps que ça n'était pas arrivé. Ses cheveux ondulés bougent légèrement dû à ses mouvements. Ses hanches ondulent d'une jolie façon. Cela ne peut que ravir le brun qui l'observe depuis l'entrée de la cuisine. Elle sourit en le prenant sur le fait. Elle abandonne le couteau qu'elle tenait puis s'avance vers lui tout en continuant de chanter et de danser. Elle saisit son bras et l'attire à elle pour l'entrainer dans une danse pleine d'énergie. Il se laisse entrainer et se prête au jeu en se mettant à danser au rythme de la musique. Un sourire s'affiche sur leur visage, heureux. Rien ne peut briser ce doux moment de bonheur qu'ils sont actuellement en train de partager. Noa observe le brun se déhancher exagérément lui provoquant un rire. Ses yeux remplis de joie le scrutent sans aucune gêne alors que Sebastian s'amuse à en perdre la raison.
Elle est là sa place, auprès de lui. Elle le sent au plus profond d'elle. Noa ne s'attendait pas à trouver sa place. Malgré qu'elle ait gardé espoir au fond d'elle, elle ne pensait pas une seule seconde que ça arriverait et encore moins qu'elle tomberait sur lui. Elle l'a aimé dès les premières secondes. Son humour décalé, son rire communicatif, elle était piquée et il était impossible de faire machine arrière.
- Attention !
Noa recule quand Sebastian se met à danser avec le couteau dont elle se servait pour cuisiner. Elle lâche un rire franc quand il hausse les sourcils et qu'il se remet à danser sans aucune gêne. Elle se joint à nouveau à lui saisissant les tomates pour les mettre dans la poêle qui se trouve sur la plaque. Sebastian se met à couper la viande tout continuant de danser au rythme de la musique. Heads Will Roll de Yeah Yeah Yeahs et c'est fini. Noa ne répond plus de rien et danse comme si sa vie en dépendait. Sebastian ne peut pas s'empêcher de sourire en la voyant vivre pleinement ce moment. Il est amoureux, ses yeux brillants le prouvent à quiconque qui en douterait. Il pose le couteau et saisit Noa par les hanches en collant son torse à son dos. Ils bougent en rythme bercé par la musique.
Noa n'est plus cette pièce rapportée, égarée, perdue. Elle ne se sent plus de trop. Elle n'a plus cette douloureuse sensation qui la tuait à petit feu. Grâce à lui, grâce à l'amour qui lui apporte tous les jours. Elle est à sa place, chez elle. Le ressenti qui lui comprime la cage thoracique n'est plus le même qu'auparavant. Maintenant elle ressent des papillons dans le ventre à chaque fois qu'il lâche un rire. Elle a le cœur qui bat à mille quand il lui dit susurre des mots doux. Elle lui doit ce bonheur infini qui lui offre chaque jour.
Ils continuent de danser complétement coupé du monde dans leur cuisine, le repas complétement oublié. Les tomates ont brûlé mais Noa s'en fiche. Sebastian la retourne pour admirer son visage. Il est heureux et amoureux. Il affectionne particulièrement ces moments, ils lui sont chers. Il a tant attendu de vivre une relation aussi douce qu'électrique. Il ne pensait que ce petit bout de femme lui apporterait autant et pourtant. Ils se complètent et rien ne peut venir perturber ce moment drôle et à la fois attendrissant. Le repas est fichu, ils ne dansent pas forcément bien mais ça n'est pas grave. Ils ont trouvé leur place dans ce vaste univers, et c'est ensemble.
