Chapitre 37 🌕

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-La Luna ne va pas bien Alpha, prononce Matteo en passant devant notre chambre.

-Je sais, soupire ma moitié. Décale-toi, j'aimerais aller la voir.

-Je crois que tu ne saisis pas bien le sens de mes paroles. Enfin je dis ça pour son bien. Elle est au plus mal.

-Sa grossesse la rend mal, ça finira par passer.

Je respire un bon coup et frotte ma tignasse en écoutant attentivement la discussion qui a lieu non loin de moi.

-Pas physiquement Alpha, mentalement aussi. Elle ne veut plus voir personne, reste enfermée là-dedans et n'a même plus le goût à rien. Elle ne sort même plus pour voir le reste de la meute.

-Son état physique impacte sur son moral.

-Elle ne mange plus, elle jette tout. Elle croit qu'on ne le sait pas, mais je l'ai découvert il y a deux jours.

-Quoi ? Rugit Nikolaï en ouvrant avec force la porte de notre chambre. Dis-moi que c'est faux Victoria. Tu as intérêt à me dire que tu manges.

Il me regarde sévèrement et je secoue négativement la tête en me tournant de l'autre côté du lit pour ramener la couverture sur mon corps. Il s'agenouille face au lit et me regarde longuement avant de caresser la joue.

-Pourquoi tu ne manges plus ?

Je ferme les yeux en repoussant sa main. Je respire l'air et confirme mes doutes. Son odeur... Il grogne et m'ordonne de lui répondre.

-Tu sens une autre, murmurais-je avec tristesse.

-Je sens une autre ? C'est ça que tu as dit ?

Je hoche doucement la tête en soufflant douloureusement.

-Tu sens d'autres femelles depuis quelques jours. Plus moi. Et je ne sens plus toi.

-Je vois d'autres louves uniquement parce qu'elles font partie d'une meute du Canada que nous tentons d'aider. Je vois les louves en détresse, mais je ne les touche pas. Elles sont seules, plus aucun mâle n'est là, ils ont tous été tués et je suis sûr que c'est parce que d'autres mâles vont vouloir les récupérer. Aucune n'est marquée. Tu n'as rien à craindre ma Luna, je ne vois que toi. Tu veux bien manger ?

Je secoue négativement la tête, pas vraiment rassurée par ses propos. On ne passe plus de temps ensemble depuis deux semaines, dès le lendemain du moment où j'ai rangé la bibliothèque avec tout le monde. J'ai tout de même su qui m'avait dénoncé : Matteo et un peu tout le monde présent en fait.

Autant Nikolaï était aux petits soins au début de ma grossesse, autant il ne m'accorde presque plus de temps maintenant. Il part le soir dans des autres meutes voisines et revient très tard pour partager une courte nuit avec moi, après laquelle il va se réveiller bien avant moi. J'ai décidé d'hiberner, c'est mieux pour moi.

-Il vaut mieux pour vous deux que tu manges, tu te sentiras mieux après avoir repris des forces.

-Pas faim, le bébé non plus apparemment.

-Comment ça ?

-Il ne veut pas que je mange puisque tout ressort. Et s'il ne se sent pas bien en moi, qu'il tente de me le faire comprendre comme ça ?

Ma voix n'est plus qu'un murmure à la fin de ma phrase et il me force à ouvrir les yeux. J'ouvre un œil puis le second en soupirant.

-Tu seras une maman géniale, notre louveteau pourrait se sentir mieux si tu l'aidais à se développer. Vous avez besoin de force et de nourriture. Viens avec moi ma Luna.

Il me tend sa main, mais je ne bouge pas. Il laisse retomber sa main avant de retirer avec douceur la couette de mon corps. Avec aisance, il me soulève du lit et avance vers la salle de bain, pour me poser sur la balance, tout en me tenant pour que je ne tombe pas en raison de ma faiblesse.

-Tu as perdu deux kilos Victoria, souffle-t-il avec peine. Je suis désolé, je pensais que tu n'allais pas bien physiquement, mais... Mais pas mentalement. Ça me detruit de te voir comme ça, est-ce que tu es toujours heureuse d'être enceinte au moins ?

-Oui, chuchotais-je, pour toujours et à jamais heureuse d'avoir un louveteau.

-Alors fais-moi plaisir et prends soin de vous. De tous les deux, et je te promets de prendre soin de toi. Tu es devenue ma priorité numéro une et je passerai mes journées avec toi s'il le faut.

-Tu dois t'occuper d'autre choses plus importantes.

-Rien ne sera jamais plus important que vous.

Il me soulève de nouveau et se rend dans la cuisine. Terence arrive en courant et dépose un plateau rempli de nourriture devant moi. Je m'écarte vivement avec un haut-le-cœur et il me donne la fameuse tisane de Nana. Le regard de Nikolaï me fait comprendre que je vais devoir boire et manger dès maintenant.

-Mange Victoria.

Pour le satisfaire, j'attrape la tisane et bois son contenu au relenti, en me forçant pour ne pas tout vomir.

-Ton estomac est trop vide, me rappelle-t-il, c'est pour ça que tu as des nausées. Mange maintenant.

-Je t'assure que je n'ai pas faim, je suis calée avec ma tisane.

-Très bien.

Il saisit un bol de fraises et je grimace en reculant lorsqu'il avance vers moi. Il change de bol et attrape celui du raisin. Avant que je n'ai le temps de protester, il m'en glisse un entre les lèvres et me dissuade de le recracher.

-Je sais encore manger toute seule !

-Alors fais-le !

Je regarde longuement le plateau et ne sait pas retenir la grimace de dégoût. Il en profite pour me remettre un grain de raisin dans la bouche et je tente de me relever de mon siège. Sa main s'abat sur mon épaule pour me maintenir fermement sur le siège. Il continue à me forcer à avaler du raison et lorsque je finis le bol, je tente de nouveau de me relever, mais il m'en empêche encore pour que je mange des pancakes.

-On t'as tous à l'œil maintenant Victoria. Tu auras tes quatre repas chaque jour désormais. Si je ne peux être la pour veiller à ce que tu finisses de manger, alors les bêtas me feront un rapport pour m'informer de ce que tu manges au cours de la journée. Tu vas recommencer à sortir et voir un peu le soleil. Tu continueras aussi tes siestes pour te reposer.

-Je suis adulte, je n'ai pas besoin d'un chaperon Nikolaï !

-Tu as agit en enfant, risquant votre vie à tous les deux ! Sache que si tu refuses de faire tout ça, alors Vicky prendra le contrôle de ton corps.

Moi- Vicky ? Tu as parlé à Niko ?
Vicky- On a eu une petite discussion, en effet.
Moi- Tu n'as pas à prendre le contrôle de mon corps à ta guise.
Vicky- Écoute l'humaine, je n'ai pas agi avant parce que je sentais que notre mâle portait l'odeur d'autres louves, mais maintenant, il est absolument hors de question que tu mettes en danger la vie de notre louveteau. Alors soit tu reprends ta vie en main, soit c'est moi qui vais l'aider à se développer. Parce que à ce rythme là, tu vas le tuer, et tu vas perdre notre mâle. Tu dois éviter ça Victoria.

Âme-sœur briséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant