Les survivants de Rasmus, TOME 1

8. Viendra-t-il ?

Abhel et Flix arrivèrent discrètement dans la zone  qu'avait indiqué le loxodon la veille. Il s'assirent sur une poubelle renversé, et se mirent à attendre.

La nuit était totale. Éloignés du reste de la ville, dans un quartier non-éclairés, les deux amis étaient alors pratiquement invisible. Mais les loxodons étaient nyctalopes. Abhel pouvait donc voir sans aucun problème tout ce qu'il se passait autour de lui, et savait que l'individu de la veille également.

De plus, le silence régnait, et l'ouïe surdéveloppée de Flix pouvait également se révéler très utile, si l'inconnu tentait de s'approcher sans se faire remarquer.

L'attente était longue. Après plusieurs dizaines de minutes, le soleil commençait à se lever, et il n'y avait toujours pas l'ombre d'un chat près de la petite ferme. Le vétéran dut donc se rendre à l'évidence : il avait été berné, sans aucun doute. Mais dans quel but ?

- Allons-nous en, dit-il finalement à son ami.

- Mais pourquoi sommes-nous allé ici pour repartir directement ? répondit celui-ci.

Abhel soupira, mais savait pertinemment qu'il devait se résoudre à répondre à l'homme-rat.

- Hier, quand je rentrais du travail, j'ai croisé quelqu'un. Un loxodon il me semble. Il a insinué qu'il avait un moyen de faire en sorte que tu ne soit pas livré aux hommes-rats, puis il m'a donné rendez-vous à cet endroit, avec toi.

- Et pourquoi est-ce qu'il n'est pas là ?

- Tel la question, justement. Mais je pense que tout cela était un mensonge, ou quelque chose dans le genre. Rentrons maintenant, cela fait presque une heure qu'il aurait dû être là, il ne viendra pas. Nous allons attraper froid si nous nous attardons.

Le loxodon se leva et commença à partir. Mais au bout, d'une dizaine de mètres, il se rendit compte que son ami ne le suivait pas.

- Je reste ici ! Va-t'en si tu le souhaite, mais moi, ça ne me dérange pas d'attendre et de tomber malade. Je risque de passer le restant de mes jours dans un laboratoire à me faire torturer...

Abhel soupira, mais il ne pouvait reprocher cette décision à son ami. S'ils étaient venus là, c'était justement pour le sauver. Ils avaient déjà attendu une heure, alors autant faire en sorte que cela ne soit pas vain.

- C'est d'accord ! dit-il en revenant s'asseoir près de Flix. Mais dans quinze minutes, nous partons.

A peine eut-il fini sa phrase qu'un bruit de tôle se fit entendre à leur droite. Une personne encapuchonnée sortit d'un hangar en très mauvais état. Grâce à sa vision nocturne, Abhel put reconnaitre le loxodon de la veille. 

- Alors finalement, vous êtes venus, et avec votre ami en plus, dit celui-ci en s'approchant d'eux. Il m'avait pourtant semblé que vous n'écoutiez pas les inconnus, mais c'est apparemment tout l'inverse.

Abhel grimaça lorsqu'il entendit la provocation, mais ne releva pas.

- Pourquoi nous avoir donné rendez-vous ? l'interrogea-t-il plutôt.

- Pour sauver votre ami, bien sûr ! répondit-il en rigolant, un regard vers Flix.

- Et pourquoi faites-vous cela ? demanda l'homme-rat, agacé. Vous n'avez aucun intérêt à m'aider. 

- Je vais être franc avec vous deux, j'attends en effet une contrepartie. 

Il se tourna vers Abhel.

- En échange de l'aide apportée, je voudrais que vous rejoigniez ma... comment dire... mon association.

- Une association ? Mais qui êtes-vous d'abord ? s'énerva Abhel. Et rien ne me prouve que vous avez la possibilité d'aider Flix. Justifier vos propos !

L'inconnu rigola. Dans sa barbe, puis tout haut, jusqu'à être prit d'un fou rire. Il était hilare. Et ce rire n'avait rien de faux. Il était bel et bien prit d'un fou rire incontrôlable. L'inconnu finit tout de même par se calmer, avant de prendre un ton sérieux. Il murmura alors tout bas :

- Il est temps de vous montrer réellement à qui vous avez affaire...