Les survivants de Rasmus, TOME 1

9. Une enfance difficile

L'inconnu souleva lentement sa capuche. Abhel et Flix purent voir que cette personne était un loxodon, comme l'avait pressenti le vétéran.

- Enders !? s'exclama-t-il. Je ne comprends plus rien !

Abhel s'écarta, se mit les mains sur la tête et baissa le regard. Il fallait qu'il réfléchisse. Comment avait-il pu ne pas reconnaitre la voix de son supérieur, sans même parler de ses gestes et mimiques. Il s'en voulait, mais ne comprenait pas le but d'Enders de se cacher comme il le faisait. Flix, quant à lui, restait ébahie à regarder le maire de Noblemur.

Finalement, après un long moment d'attente, Enders finit par répondre à Abhel :

- Les gens m'appellent souvent comme cela, c'est vrai. Mais ils se trompent.

- Mais vous êtes bien le maire de la ville pourtant ? demanda Flix.

- Non plus, mais je voulais plutôt parler du prénom Enders. Ce n'est pas moi ! Je ne suis pas Enders.

A ces mots, Abhel eut en effet une légère hésitation. Il était vrai que cette personne avait une légère cicatrice sur la trompe, chose qu'il n'avait jamais remarqué auparavant chez son ami. De plus, sa voix était légèrement plus aigue.

- Je m'appelle Guldem. Je le fils du maire de Noblemur. Je suis le fils d'Enders...

- Son fils ? Ce n'est pas possible ! Enders n'a pas de fils ! Il est maire de Noblemur depuis sa création, et par sa fonction, il ne peut pas avoir d'enfant, il n'a pas le droit !

- Et pourtant, il en a un. Mon père m'a longtemps caché, pour ne pas perdre son poste de maire. Je vivais dans l'ombre, avec ma mère. Mais lorsque j'avais dix ans, elle a été enlevé par les homme-rats. Mon père aurait pu reconnaitre qu'ils étaient mariés, et ainsi empêcher son départ, mais il a préféré garder sa place. Il n'a même pas esquissé la moindre grimace, lorsque les homme-rats l'ont assommée, avant de la mettre dans leur véhicule ! Depuis ce jour, je vis tout seul, sans famille, à ne pas pouvoir me montrer à cause de ma terrible ressemblance avec mon paternel. 

- Mais quel rapport avec moi ? s'écria l'homme-rat albinos.

- J'y viens ! J'ai œuvré dans l'ombre pendant de longues années. Lentement, mais sûrement, j'ai réussi à créer une véritable confrérie secrète, cachée. Pourquoi ? Pour lutter contre les homme-rats. Je n'apprécie pas la manière dont mon père dirige Noblemur. Il accepte la domination des rats comme un lâche. Mais il arrivera un jour, où mon organisation pourra se montrer au grand jour, et ce jour-là, nos ennemis ne pourront plus faire le poids. Et alors, je pourrais...

- Stop ! l'interrompit Abhel. Stop, arrêtez avec vos histoires ! Dites-nous plutôt comment sauver Flix, c'est la seule chose qui nous importe en ce moment. 

Guldem souffla, énervé, mais ne le montra pas plus.

- Effectivement ! Excusez-moi ! répondit-il sans paraître sincère pour autant. Suivez-moi ! Nous ne pouvons pas rester plus longtemps ici. 

Il tourna le dos aux deux amis.

- Je vous préviens, je n'ai pas confiance en vous, expliqua le militaire. La seule raison qui me pousse à vous suivre est le fait que vous ayez sous-entendu pouvoir sauver Flix.

Il attrapa Flix par le bras, et tout les deux, ils se mirent à suivre le fils du maire.

Après une longue marche dans les ruelles de Noblemur, ils arrivèrent devant une étrange trappe en bois, dissimulée au pied d'un vieil arbre, lui même placé derrière un grand entrepôt. Guldem l'ouvrit. Derrière elle, un long escalier descendait pratiquement à la verticale, et s'enfonçait dans l'obscurité des profondeurs de la terre. Les deux loxodons et l'homme-rat s'y engouffrèrent. Au moment où ils fermèrent la trappe, des bougies s'allumèrent comme par magie, creusées dans les parois des murs. Lorsqu'ils arrivèrent en bas, une centaine de marches plus tard, ils tombèrent sur une énorme porte en bois de chêne.

Guldem l'ouvrit. Abhel et Flix purent alors découvrir une très vaste salle, où se trouvait une bonne trentaine de personnes.

- Voici "les résistants de Noblemur" ! s'exclama Guldem, tout fier.