Chapitre 5 - Riley

6 2 0
                                    

"So I just wanna be a good man,

Good man to you, girl"

Ne-Yo – Good Man

La mine sérieuse, Amber porte sa tasse à ses lèvres. Ça lui arrive de passer boire un café de temps en temps au Marty's. Je ne la vois plus beaucoup depuis que j'ai quitté le lycée et que je ne participe plus aux sorties et soirées que les gens de mon âge organisent. En même temps, quand on bosse du lundi au dimanche, il nous reste peu de temps à consacrer à ses amis. Amber, elle, continue de vivre sa vie de jeune fille choyée et bien entourée.

Elle me propose souvent une aide financière mais je mets un point d'honneur à refuser. Je ne peux par contre, l'empêcher de me laisser des pourboires plus que généreux quand elle vient sur mon lieu de travail. Comme il y a 5 minutes, lorsqu'elle m'a glissé un billet de 20 dollars dans mon tablier. Ça me gêne mais je m'en réjouis. Cet argent s'additionnera à mon issue de secours.

Je lui raconte les dernières frasques de ma génitrice et sa rencontre avec le fameux Jax qu'elle semble voir de plus en plus souvent. Je suis rentrée trois fois cette semaine pour trouver un mot manuscrit laissé sur le frigo : « Bouffe au frais. Suis avec Jax ». Ce ne sont pas les petits mots doux qu'elle avait l'habitude de semer dans toute la maison quand elle partait au travail, mais c'est une sacrée avancée !

— Et tu penses que ce Jax pourrait lui faire retrouver la raison ?

— Je l'espère ! Peut-être a-t-il assez d'influence sur elle pour la faire sortir de son trou. En tous cas, elle semblait aller mieux ces derniers jours.

Marty lâche un grognement méprisant et pour une fois, ce n'est pas pour me gronder. La fermeture du café est imminente. Je suis d'ailleurs en train de nettoyer le comptoir pendant qu'Amber finit son chocolat. Non, s'il grogne, c'est qu'il ne croit pas un instant que Dolorès Cooper puisse passer de loque bourrée à humaine presque normale en quelques jours.

Pourtant, quand je rentre, et ce depuis 13 jours consécutifs, je trouve la maison plus ou moins rangée. Du moins, pas autant en pagaille que de coutume. Avec un peu de chance, un maigre reste de plat ou de sandwich m'attends sur le comptoir de la cuisine et ma mère est déjà au lit ou sortie. Manger en silence sans la peur au ventre de se faire insulter et rouer de coups est une nouveauté tristement délectable. Ne pas avoir à faire le ménage matin et soir l'est tout autant. Le problème, c'est que même si j'en profite à fond, je ne veux pas m'y habituer. J'ai peur que le répit ne soit de courte durée.

— Croisons les doigts pour que ce soit le cas et que ça n'aille qu'en s'améliorant ! Peut-être qu'un jour elle redeviendra normale.

Je souris à Amber. Faites qu'elle dise vrai ! Un nouveau grognement de Marty me fait lever les yeux au ciel. N'empêche, je suis comme lui. J'ai du mal à croire en la rédemption de Dolorès.

— Tu bosses, ce soir ? me demande Amber lorsque nous sortons toutes les deux du café.

— Non. Soir de repos oblige.

Grace m'a imposée de nouvelles règles lorsque j'ai repris mon poste suite à ma pause imposée : je ne travaillerai plus que 5 soirs par semaine au lieu des 6 habituels. Apparemment, elle a peur que l'inspection du travail ne lui tombe dessus à cause de moi. Etant mineure, mes heures et mon temps de travail doivent être encadrés. Ce qui n'était strictement pas le cas, du moins jusqu'à peu.

Amber sourit en avisant ma moue dépitée. J'aurais préféré aller au Saxo plutôt que de rentrer chez moi. J'ai peur qu'en ce samedi soir, ma mère n'ait organisée une autre de ses fiestas... même si elle ne l'a pas fait le samedi précédent.

Over The RainbowWhere stories live. Discover now