Chapitre 9 - Riley

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"Age ain't nothing but a number

Throwing down ain't nothing but a thing

This something I have for you it'll never change

Age ain't nothing but a number"

Aaliyah - Age ain't nothing but a number

Les bougies alignées sur l'immense gâteau recouvert de pâte à sucre vacillent quand mon souffle les balaye. Les applaudissements résonnent autour de moi lorsque toutes les minuscules flammes ont rendu l'âme. Je souris, gênée d'être le centre d'attention de tous, mais il parait que c'est mon jour de gloire et que je n'ai donc pas le choix. J'ai enfin atteint l'âge de 18 ans, l'âge de la maturité, l'âge de la raison. L'âge auquel je croyais dur comme fer que tout était possible. Ce 18 mai est une date que j'ai eu l'impression d'attendre toute ma vie. Une date qui signifiait l'accès à une liberté chérie et désirée plus que tout. Maintenant que nous y sommes, ce jour ne représente plus rien de particulier. Plus depuis que la bonne personne est entrée dans ma vie.

Aujourd'hui, si Jax n'avait pas épousé ma mère, je me serai probablement enfuie avec les maigres économies que j'aurais pu amasser. Aujourd'hui, si mon beau-père n'avait pas amené le calme et la sérénité sous notre toit, je n'aurais mangé qu'un pauvre muffin en compagnie d'Amber avant de m'embarquer pour une terre inconnue loin d'Everton et de ses habitants, y compris et surtout de ma mère. Ce jour aurait été placé sous le signe d'un nouveau départ, pour le meilleur ou pour le pire.

Alors, c'est un peu étrange de fêter mon anniversaire en présence des personnes qui comptent le plus pour moi et au sein d'un établissement qui est devenu mon refuge durant deux ans : le Marty's. Mon patron a prétexté refuser que la fête se déroule ici, mais je l'ai vu faire plus d'efforts que n'importe qui d'autre pour m'organiser une soirée mémorable, stressant comme un papa poule pressé d'offrir le plus beau des jours à sa petite princesse. A le voir courir partout, on aurait dit qu'il organisait un évènement de grande ampleur. Pourtant, nous ne sommes pas nombreux. Seuls Marty, Alice, Amber, Scarlett accompagnée de son plombier, ainsi que Josh et Ashley mes collègues du Saxo, sont de la partie. Mes autres collègues bossent ce soir et Grace m'aurait tuée si j'avais réquisitionné davantage de ses meilleurs éléments. Bien sûr, ma mère et Jax sont présents. Tout ce beau monde ne représente qu'un cercle restreint, un petit nombre mais qui me donne le sentiment d'être importante. Une petite réunion qui m'offre l'impression que j'ai bien plus de personnes sur qui compter que je ne le pensais. Je me sens chanceuse tout à coup.

Crouler sous les cadeaux fait naître en moi des émotions que je ne pensais plus ressentir : la reconnaissance, la joie, l'amour et l'amitié. Mes collègues du Saxo se sont tous cotisés, même les absents, pour m'offrir une magnifique collection d'albums. Tous mes artistes de Jazz favoris sont compilés dans une grande boite en carton joliment décorée. Grace, qui n'a pas pu être présente, a préféré me faire parvenir par l'intermédiaire de Josh, une enveloppe contenant des billets verts. Le montant total me fait écarquiller les yeux. Cela représente plus d'une semaine de salaire, pourboires compris ! J'en lâche un rire presque hystérique qui provoque des regards intrigués autour de moi. « Au cas où... », disait laconiquement le morceau de papier rose qui l'accompagnait. Je n'ai pas besoin de réfléchir pour comprendre le sous-entendu. Même si je ne pense pas en avoir besoin, je suis ravie d'ajouter cette grosse pile à celle que j'ai déjà au fond de ma cachette. Je remercie ma patronne par SMS. Elle ne répond pas, ce qui n'est pas étonnant : elle est déjà sur le pied de guerre.

Scarlett et Dave m'offrent une carte cadeau que je peux utiliser dans n'importe quel Walmart des Etats-Unis. Scarlett me promet de m'y accompagner lors d'un week-end shopping et cocooning entre filles. Quand je vois le montant qui figure sur la carte, je lui passe un savon. Elle n'aurait pas dû. Déjà que cette soirée va la ruiner en baby-sitter, j'aurais préféré qu'elle ne sacrifie pas son maigre salaire pour me faire plaisir. Elle me réprimande en retour. Ce n'est pas tous les jours qu'on a 18 ans, paraît-il. Sa collègue préférée méritait bien une récompense pour la supporter. Vu comme ça...

Over The RainbowWhere stories live. Discover now