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Palais d'Azmar, mi mars 2022. Point de vue de Safia.

"- Je ne pense pas que vos dépenses en vernis à ongles ou bracelets intéressent la couronne ou les services spéciaux Amira. Soyez sans crainte et faites ce que vous voulez de cet argent"

De toute ma vie je n'avais jamais dispose d'une pareille somme, quoi qu'à bien y regarder, je n'avais jamais eu le moindre sou. Les rares moment où j'avais eu quelques pièces en main étaient lorsque on m'envoyait faire des courses au marché... N'ayant jamais eu d'argent, je n'avais jamais eu l'opportunité de rêver à m'offrir quelque chose, je ne savais qu'en faire. Ma cousine avait toujours dépensé beaucoup, malgré le train de vie modeste de la famille, pour s'offrir des soins, des étoffes, du maquillage... mais en quelques jours de mariage, Malik m'en avait fourni bien plus que tout ce qu'elle pourrait acheter en une vie ... Il m'avait montré la salle du trésor et dit que je pouvais porter tous les bijoux qu'elle contenait... et quels joyaux! Les placards de ma penderie débordaient de vêtements, et bien que je ne sois pas très portée sur le maquillage, il y en avait des tiroirs pleins, remplis par les soins d'Aicha.
Il faudra que je me penche sur ce que je vais pouvoir faire de cet argent...

Peu de temps après, Malik  organisa une fête pour mes dix-huit ans. La majorité à Azmar. Des festivités royales avaient été prononcées, s accompagnant de distribution de nourriture aux plus pauvres et de jeux pour les enfants . Des dignitaires, des nobles des provinces voisines, des amis du cheikh ont été invités. C'était l'occasion de me montrer un peu plus au peuple et aux voisins.

Bien que Malik m'ait proposé d inviter également des amis de mon village, je n'en ai pas eu envie. Du moins c'est ce que j'ai pretexté. Pour être exacte, j'ai longtemps été mise de côté à cause de mes origines, ce qui m'a valu bon nombre de moqueries et sobriquets... Après mon enlèvement, les enfants m'ont fui comme la peste, car j'ai toujours refusé de raconter ce qui m'était arrivé et les adultes se sont perdus en sordides conjectures... Quand le prince m'a offert des largesses, c'est tout le village qui en a profité, comme si eux aussi avaient souffert de mon enlèvement, mais sans pour autant m'inclure davantage dans leur société. Je n'avais, à mon grand dépit, jamais considère qui que ce soit comme mon ami. Seul Malik se rapprochait de cela, pour toute l'aide que nous avions pu nous apporter.

La soirée se déroulait dans les jardins luxuriant du palais. Des lanternes de bronze avaient été allumées dans les allées du jardin, des étoffes confortables étendues sur les bancs en marbre disséminés au milieu des allées. La piscine avait exceptionnellement été recouverte d'un parquet et accueillait la piste de danse temporaire. Un buffet débordant de bonnes choses été placé sur la terrasse et de petites tables étaient joliment dressées un peu partout.

Notre arrivée avait été majestueuse. Nous nous étions présentes à nos invités depuis le balcon. Malik portait un costume occidental bleu et des chaussures en cuir marron et moi j'avais tressé mes cheveux une une longue natte et enfilé une longue robe bleue nuit, rehaussée de mules dorées à hauts talons. Je m'étais entraînée à les porter toute la semaine... Il avait glissé mon bras par dessus le sien et m'avait fait descendre l'escalier menant à la terrasse où des amis nous avaient accueillis.

Les amis de Malik m'avaient inclus a leur façon, me parlant de leurs souvenirs avec mon epoux, m'interrogent sur la façon dont je m'adaptais à ce nouveau role ou félicitant Malik devant moi pour le choix de son épouse, si douce et si jolie... quelques femmes en revanche me toisaient de façon ardente. Elles avaient dû convoiter ma place d épouse et se trouvaient dépitées d'être supplantées par une jeune femme sans le sou et sans arbre généalogique respectable... 

Au moment du dessert, on m'avait offert un tas de présents somptueux... je n'avais jamais connu de cadeaux  autres que ceux que Malik m'avait offert tout au long de ma vie depuis notre rencontre.
Les présents étaient incroyables : allant de bijoux fantastiques à la voiture de sport, des produits rares et luxueux et même un cheval de course complétaient les trésors qui m'étaient offerts. J'étais fascinée par ce déploiement fastueux et gênée car je connaissais le dénuement d'une partie de la population... Je concluais rapidement que je ne conserverais que le cheval - j'avais toujours été amoureuse des animaux - et que j'utiliserai le reste pour de bonnes oeuvres.

Vint le moment pour Malik de m'offrir son cadeau. C'était une boîte plate surmontée d'un noeud en satin rose. Je le défis rapidement avant de trouver une liasse de documents que j'extirpais immédiatement et lui jetais un coup d'oeil consterné.

Série: L'otage. Tome 2. la sauveuse du CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant