Partie 5

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Seoho n'avait pas fermé ses volets, la veille au soir. La lumière du jour perçait sa fenêtre et ses rayons s'écrasaient sur le corps du noiraud emmitouflé dans sa couverture. Et pourtant, ce ne furent pas les rayons du soleil qui le tirèrent de son sommeil.

Non, il se réveilla lentement, tiré de ses rêves par de douces caresses sur son épaule. Encore ankylosé, il grogna.

« Quelle heure est-il ? 

- L'heure de dîner, mon louveteau, » souffla une voix grave dans un petit rire.

Jusqu'ici encore endormi, il n'en fallut pas plus à Seoho pour se redresser dans un hurlement qu'il n'avait jamais poussé auparavant. Il se rua au bord de son lit, manqua de chuter mais se rattrapa au dernier moment, faisant face à la personne qui venait de lui répondre.

« Q-Qui êtes-vous ? Comment êtes vous rentré et qu'est-ce que vous faites dans mon lit !?

- Du calme, hyung, je ne te veux aucun mal.

- Hyung ? Vous n'avez pas à m'appeler comme ça, on ne se connaît pas !

- Tu en es sûr ? »

L'inconnu plongea son regard pénétrant dans celui de Seoho qui déglutit avant d'hurler.

« Bien évidemment, gros malade ! Je m'en souviendrais si jamais ramené un inconnu aux cheveux... bleu ou vert ou que sais-je, dans mon lit non !?

- Calme-toi je t'en prie, souviens-toi.

- Me souvenir de quoi ? Je ne te connais pas ! » s'écria Seoho en décidant d'envoyer chier les formules de politesse.

Cette fois l'homme fronça les sourcils et sans que Seoho ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, il se retrouva plaqué le dos contre son lit, bloqué par la poigne de l'inconnu. Aussitôt son cœur s'affola et son corps se mit à trembler sous la panique.

« D'accord, d'accord, je suis désolé. Ne me fais pas de mal, je t'en supplie. »

La poigne se relâcha lentement.

« Je ne veux pas te faire de mal, hyung.

- Mais bon sang... Qui es-tu et que fais-tu là ?

- Tu ne te souviens vraiment pas de moi ?

- Non ! 

- S'il te plaît regarde-moi. Regarde-moi bien. »

L'homme était pratiquement collé à lui, l'écrasant de son poids et son aura écrasante. Seoho releva les yeux sur son visage dénué de défaut, observant comme il pouvait ses yeux noirs envoûtants et ses lèvres fines. Ils étaient si proches que leur nez se touchaient presque, alors le noiraud souffla doucement.

« Je... Tu es trop proche, je ne te vois pas. »

L'inconnu sembla comprendre et se redressa, s'installant à califourchon sur Seoho. Ce dernier se redressa sur ses coudes et bloqua son regard sur lui.

« Je ne suis pas à l'aise.

- Je suis là pour que tu le sois, pourtant.

- Écoute, je ne comprends pas. Tu dis qu'on se connaît et pourtant je suis sûr de ne t'avoir jamais rencontré. Qui es-tu ?

- Je... Je n'ai pas de nom. Pas encore.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ?

- Regarde-moi ! »

Ce fut au tour du noiraud de froncer les sourcils, néanmoins il abdiqua. Déjà car il n'avait pas trop le choix, mais aussi parce que, malgré tout, il était intrigué. Qui pouvait bien être ce taré qui s'était introduit chez lui ?

Il fit donc face à cet homme, aux cheveux bleu-vert - comme il l'avait mentionné - et à la carrure imposante. Ses épaules étaient larges, son torse visible à travers son haut transparent était si bien sculpté que cela fit timidement déglutir Seoho. Il avait l'air de faire sensiblement la même taille que lui, et le noiraud eu grand mal à se décider s'il le trouvait mignon ou charismatique.

« Je vois toujours pas. »

L'homme laissa tomber sa tête en avant dans un soupire affligé, puis la releva dans un mouvement sec. Un sourire en coin avait prit possession de ses lèvres, lui donnant un air dangereux qui fit frissonner le noiraud.

« Va fermer les volets.

- Quoi ?

- Va fermer les volets.

- Écoute j-je... Je te jure que je suis désolé, s'il te plait ne me fait rien ! »

Seoho se relaissa tomber sur le matelas pour tendre ses mains devant lui en signe de défense. Tout son corps tremblait, il avait si peur qu'il ne savait plus quoi faire à part demander pardon. Retenant des larmes de frayeur, il ferma ses yeux aussi fort qu'il le pouvait.

« Je vais le faire alors. »

Le poids s'enleva des jambes du noiraud qui n'osa pas bouger d'un seul centimètre. Les yeux toujours fermés, il avait du mal à comprendre ce qui lui arrivait et comment il s'était retrouvé dans cette situation. Bon sang, il avait fermé la porte hier soir, non ? Et bordel, si ce gars ne voulait pas le voler ni le tuer, qu'est-ce qu'il faisait là !?

Seoho sentit le matelas s'affaisser et se tendit un peu plus. Privé de la vue, il avait l'impression d'entendre deux fois plus fort le souffle de l'inconnu et de ressentir son toucher avec tellement plus d'intensité que cela le pétrifia. 

« Ouvre les yeux.

- Non.

- Pourquoi ?

- Tu me fais peur.

- Ouvre les yeux.

- Non. »

Cela parut ne pas plaire à l'inconnu puisque celui-ci se réinstalla sur les jambes de Seoho. Celui-ci ne le sentit néanmoins pas se pencher vers lui, jusqu'à ce qu'il sente deux mains attraper ses poignets et qu'un souffle percute le bas de son visage. Cela arracha un nouveau frisson au noiraud. Il voulut prendre une goulée d'air mais ne réussit même pas à ouvrir la bouche.

« Ouvre. »

La voix grave fit monter un sanglot dans sa gorge.

« Les. »

Son souffle chaud lui bloqua la respiration.

« Yeux. »

Et comme hypnotisé, Seoho ouvrit enfin les yeux.

Il fit face à un regard luisant, semblable à celui d'un animal dans l'obscurité.

« Mr. Wolf » - Seodo ✔Where stories live. Discover now