L'allégorie de Platon

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Le soleil décline doucement dans le ciel donnant des teintes roses orangées aux carrelages blanc du patio. Les rayons du soleil traversent la baie vitrée du salon provençale, éclairant d'une douce lumière rougeoyante les murs crémeux du salon dans lequel toute notre famille se trouve assise, à observer la compagne d'Ezéchiel nous hurler dessus.

Mon dos est appuyé contre le mur peint en beige de la pièce, j'écoute distraitement les cris de mon amie, furieuse. Mes pensées voguent vers la beauté du paysage s'offrant à moi à travers les carreaux. Médusa et Fanatique sont assis dans le canapé, en face de moi, silencieusement, la femme brune à la peau caramel qui fait les cents pas entre nous, maudissant chacune des personnes que compte cette maison.

Dans un silence religieux, on écoute les propos de Théophila qui ne décolère pas d'un iota.

Cette dernière est le genre de personne à encaisser sans rien dire, sourire en toute circonstance jusqu'à son point de rupture mais une fois celui-ci atteint.

Préparez-vous à une apocalypse et il est aujourd'hui.

Crier, hurler, briser des objets, c'est la façon de Théophila d'extérioriser tout ce qu'elle retient pendant des jours, des semaines, des mois voire des années donc on ne dit rien, on est bien mal placé pour le faire sachant que ses crises sont la plupart du temps déclenché par notre fait.

Après avoir écouté la teneur du nouveau contrat sans prononcer un mot, sa furie contenue depuis bien trop longtemps a éclaté, une putain de tempête tropicale. Elle a brisé quelques vases décoratifs sous les gémissements plaintifs de Médusa rapidement éteint par un regard noir de ma part.

Je préfère qu'elle brise des vases plutôt qu'elle-même en intériorisant, Théophila peut tout briser dans ma maison, si cela peut la soulager.

On prend pour notre grade, chacun notre tour, toutes les insultes possibles et imaginables sont passées dans sa bouche. Et on prend encore, mes compagnons encaissent chacun des mots qu'elle nous sort car au fond, on sait que sa furie est son expression de l'inquiétude et l'angoisse de perdre l'un d'entre nous. Et nous savons qu'hormis attendre que la tempête cesse, nous n'avons rien d'autre à faire.

- Putain un ordre mondial ! crie Théophila me sortant de mes pensées en envoyant un vase à quelques centimètres de mon visage. Perdre Constantin ne vous a pas suffit ? Il faut que vous attaquiez à toujours plus gros et plus dangereux ! Un complexe d'infériorité ?

- On sait ce qu'on fait, tente d'argumenter Valack dans l'encadrement de la porte séparant le salon de la cuisine. Tu devrais pourtant le savoir depuis le temps, Théa. Et tu sais que Lily n'accepterait pas un nouveau contrat sui...

- Il l'est, Ezra ! le coupe-t-elle en criant sa furie faisant grimacer le tireur d'élite à l'emploi de son véritable prénom. Ce que je sais bien depuis tout ce temps, c'est que vous êtes des suicidaires ! Des putains de futurs macabés !

- Comme tout le monde, renchérit Fanatique depuis le canapé dans une nouvelle tentative de détendre l'atmosphère électrique. On meurt tous un jour, tu sais.

- Et les personnes que vous laissez derrière vous, vous pensez à elle ? s'écrie Théophila sa voix se brisant sur ses derniers mots. On est une famille mais j'ai l'impression qu'aucun de vous ne comprend ce que cela veut dire. J'ai déjà perdu Tino, je ne veux plus enterrer un autre membre de ma...

Les larmes qu'elle a tant lutté pour contenir, déferlées sur ses joues rougi par sa récente fureur et sa frustration que nous comprenons plus qu'elle ne le pense. Ce spectacle brise mon cœur mort, la véracité de ses paroles me fait l'effet d'un coup de poing dans le ventre.

GENESIS : L'EuropeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant