GENESIS : L'Europe

Aujourd'hui existe bel et bien

Le ciel, au-dessus de moi, est l'image de la météo de mon âme : nuage gris et menaçant de pluie. L'atmosphère lourde et chaude est étouffante dans le silence mortuaire qui résonne en moi à l'instar d'un brouhaha gargantuesque.
La tempête tumultueuse de mon esprit révolutionne mes pensées, mes émotions et mes sentiments qui naviguent sur le sordide navire dont la colère, la rage et la rancœur en sont le capitaine.

Une semaine, sept putains de jours, que je me suis éloigné de Valinor, mon havre de paix. Une semaine que mes pas me conduisent quotidiennement devant cette tombe. La sienne. Depuis cette soirée, celle qui a marqué un nouvel échec au sein de mon âme au fer rouge me laissant un goût amer dans la bouche.

La cuisante culpabilité me foudroie chaque fois que mes yeux se posent sur la sépulture blanche qui se dresse devant moi. Les larmes que j'ai longtemps refoulés, menacent de couler à chaque putain de seconde. Elles sont les preuves de ma faiblesse, brûlant la peau de mon visage quand je suis trop pitoyable pour les ravaler une énième fois.

Pitoyable et pathétique, Lily-Rose ! Pas digne de l'Ancien Testament !

Mais en cet instant, je ne suis pas le monstre que le monde appelle l'Ancien Testament dont la cruauté égale celle des châtiments divins décrits dans les livres saints.

Je ne suis que moi, Lily-Rose Genesis Medellin. Et j'ai un cœur.

Mon dos repose contre le tombeau d'une personne inconnue, sûrement une personne bien. Les lettres d'or gravés dans la blancheur de la pierre me narguent avec insolence chaque jours de cette putain de semaine, recroquevillé à l'égal d'une enfant apeuré. Mes yeux vairons fixent ces dernières comme si la solution à mes tourments sont cachés dans leurs incurvations des lettres de son prénom et son nom.

Non, elle ne l'est pas pourtant, je continue de la chercher dedans.

- J'ai échoué, Tino, chuchotais-je en tendant la main vers le mausolée de mon premier amour rencontrant la froideur du vide sous ma paume. Théa veut rentrer dans notre monde alors qu'on a tout fait pour la protéger de cela, de cette décision et de cette voie. Et sa motivation première est de venger ta mort dont...je suis en partie responsable.

Une larme solitaire roule sur ma joue, traçant un sillon ardent sur ma joue. La responsabilité de mon erreur passée s'ancre dans mon âme, me torturant une nouvelle fois. Les souvenirs avec l'homme reposant sous cette dalle de marbre blanc affluent devant mes yeux arrosant ma plaie intérieure d'acide intensifiant encore la douleur.

Ma tête bascule vers le ciel gris reflétant la noirceur contenu dans sa cage, au fond de mon âme cachée de tous que je tente d'oublier. Je retiens les perles salées qui veulent me trahir une nouvelle fois.

Même mon propre corps me trahit, pitoyable ! Je suis pitoyable !

- Je suis réellement désolée, repris-je sur le même ton en fixant le ciel menaçant. Si...si je ne t'avais pas embarqué dans cette voie, tu serais encore en ce monde. Surement que tu serais heureux avec une femme, peut-être un enfant et ta famille n'aurait pas eut à te pleurer. Théa n'aurait pas eu à prendre la décision de te venger avec nous, elle aurait eu la vie que tu aspirais pour elle.

Seigneur que le poids des remords est dur à porter chaque jour !

Les graviers recouvrant le chemin qui fend ce champ du repos crissent sous les foulées des arrivants. Des pas lourds et réguliers, à peine discrets. Mes paupières recouvrent mes prunelles, cachant les trahisons de mon humanité tandis que les pas familiers se rapprochent de moi et sans avoir besoin de voir, je sais qui sont les nouveaux arrivants. Aslan Ortiz et Ezéchiel. Ce dernier est le seul assez fou pour venir jusqu'ici alors que je partage un moment avec mon ange gardien.