[N.O.S] 𝐋𝐄𝐒 𝐋𝐀𝐑𝐌𝐄𝐒 𝐒𝐎𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔̂𝐋𝐀𝐍𝐓𝐄𝐒

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27 décembre 2013, Paris
[NABIL ANDRIEU]

Le trajet jusqu'au resto a été barbant. Mon père et Sarah n'ont pas décroché un seul mot, alors que Yanis, assis à ma droite sur la banquette arrière, s'est mis à faire le puriste du rap, en critiquant chacun de mes goûts, qui, soit dit en passant, sont largement mieux que ses merdes qu'il appelle « du bon son »

Ça me fait chelou de me dire que c'est un repas de famille, mais qu'il manque Tarik. Et j'crois que je suis pas le seul à penser ça, parce que l'ambiance dans la gov était hyper tendue, et laissait bien sous-entendre qu'il y aurait un manque à table. Si encore c'était le grand repas de famille, le truc où tu sais à quelle heure tu t'attables, mais pas quand tu en sors, j'aurais eu Karim, Lucas, et Samy qui se serait incrusté dans le truc, et ça aurait mis de l'ambiance. Sauf que là, comme c'est l'anniv de papa, c'est en comité restreint. Trop restreint

On attend devant les portes du restaurant que Nala arrive, alors que Yaya commence à râler qu'il a froid

-c'bon on a capté, maintenant change de disque. Je dis sèchement en levant les yeux au ciel. Et commence même pas à maudire Nala, parce que je te signale qu'elle se tape Bordeaux-Ivry en train, et ensuite Ivry-Paname en voiture, et qu'on va pas l'entendre se plaindre, contrairement à une certaine personne... suivez mon regard. Je claque, plein de sous-entendus

Yanis: j'ai encore rien dit

René: on te connaît juste. Il bougonne, alors que je sens que le comportement de petit con de mon reuf commence à lui taper à lui aussi sur le système

J'allume une clope pour faire passer le temps, mais surtout pour tenter de me détendre. Ça fait 3 mois que j'ai pas vu sa p'tite gueule et j'suis hyper stressé de ces retrouvailles, comme si c'était la première fois que j'allais la voir en vrai pour qu'on aille en date. Ouais j'crois que j'suis un vrai bizut de l'amour, moi aussi.

C'est fou comme je me mets la pression pour Wallou. Parce qu'elle me connaît, elle sait qui je suis, donc normalement j'ai pas à flipper de savoir si je vais lui plaire, ou si je vais faire quelque chose qui pourrait la froisser. Parce que, premièrement, je sais tout d'elle; et deuxièmement, parce qu'on est ensemble. Donc c'est que je lui plais, pas vrai ?

Et voilà que je me mets à trop réfléchir, comme elle

Je soupire en passant une main sur mon visage, alors que je commence à me prendre la tête sur la manière dont je vais devoir la saluer. Faut pas que ça soit trop froid, mais pas non plus trop proche, pour ne pas éveiller les soupçons. On est juste censés être en bon terme, ni plus, ni moins

Je jette à peine mon mégot par terre qu'un klaxon retentit au loin suivi d'un appel de phares. Sarah fait de grands coucous à la voiture qui se rapproche de nous, alors que j'en déduis facilement que c'est ma petite brune qui arrive. En attendant, avec la nuit et les phares qui m'eblouissent, j'y vois que dalle. La Golf se gare devant nous, et, le moteur coupé et les phares éteints, je souris comme un con en voyant sa petite tête, toute joyeuse d'être ici. Là clairement, j'm'en branle d'être cramé auprès de ma mif