𝟬𝟭 ⟝ EN ÉQUILIBRE

277 30 79
                                    




𝐉𝐀𝐒𝐄𝐑𝐎𝐐𝐔𝐄 𝐑𝐎𝐌𝐀𝐍𝐄
𝖩𝖮𝖴𝖱 ⟝𝟭𝟭
𝖵𝖨𝖲𝖠 ⟝ 𝟬𝟰
𝖢𝖠𝖱𝖳𝖤𝖲 ⟝ 𝟬𝟰
𝐀♥︎, 𝟕♣︎, 𝟑♥︎ & 𝟒♠︎
𝖲𝖯𝖤𝖢𝖨𝖠𝖫𝖨𝖳𝖤 ⟝ ???
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Congratulation.

         Pour être tout-à-fait honnête, Romane s'était toujours amusée des empreints de la langue anglaise si généreusement présents dans le lexique japonais. Leur manie d'adapter les termes étrangers à leur système syllabaire poussait à l'imitation parodique ; et, malgré l'habitude, la brune n'y résistait jamais bien longtemps. Désormais pourtant, ce « congratulation » ne lui inspirait plus la moindre envie de rire. Romane le traquait, de manière viscérale. Et elle pouvait faire n'importe quoi pour se l'entendre destiné.

⸺ Je vais aller loin avec ça, marmonna-t-elle en essuyant la sueur de son front ainsi que le léger écoulement de son nez.

           Le « ça » en question se trouvait être le bout de carton plastifié qu'elle détenait pincé entre son pouce et son index. Une carte de jeu, le 4 de Pique, que Romane avisa avec amertume.

            Elle ne s'autorisa toutefois pas le moindre commentaire supplémentaire. Plutôt, l'évacuation d'un soupir vint drainer la tension restée accumulée dans sa poitrine. Un tiraillement dans ses côtes lui assura la présence d'une petite ecchymose en devenir, énième blessure superficielle à parcourir son corps marqué par les épreuves. Fatiguée, Romane laissa tomber son téléphone provisoire dans l'herbe, consciente que sa période d'usage était écoulée. Enfin, elle se décida à quitter l'aire de jeu, sans un regard ni pour les survivants, ni pour les vaincus.

               Elle s'en était tirée, une fois de plus. Non sans suer sang et eau, non sans craindre pour sa survie à chaque seconde. Mais Romane était parvenue au bout de ce nouveau jeu avec, pour seule récompense autre que la vie, le droit à la paix durant les quatre jours à venir. Même si, la paix, c'était vite dit.

              Romane ne savait toujours pas où elle avait atterri, ni comment. Au mieux, elle tâchait de chasser ces interrogations, par crainte qu'une nouvelle vague d'angoisse ne la cloue sur place et ne la rende définitivement folle. Dans le bordel sans nom de sa situation, elle n'avait compris qu'une seule chose : si elle ne se bougeait pas, la mort venait la chercher. Et Romane avait absolument tout, sauf envie de mourir.

             Ça, elle l'avait assimilé le premier soir. Lorsque, à la nuit tombée, une lueur d'espoir lui était apparue pour être soufflée et piétinée presque dans la foulée. Un sursaut de l'électricité l'avait conduit à d'autres rescapés, si tant est qu'on pouvait les appeler ainsi. De toute façon, cela l'avait surtout conduit à son premier jeu où on lui avait inculqué les seules règles de ce monde fou auquel personne ne prêtait de sens.

                                1 - Notre séjour n'était pas éternel. Pas en se la coulant douce en tout cas. Chaque soir, la ville de Tokyo voyait émerger une série de zones de jeux. Y participer était le seul moyen d'entretenir notre droit de séjour, appelé visa.

                                2 - Manque de pot, on ne jouait pas à la marelle ou aux petits chevaux. Ou alors des règles sordides en faisaient des jeux mortels où la défaite signait notre arrêt de mort. Chacune des parties faisait pleuvoir le sang, en quantité variable. Victoire rimait avec survie, aucune autre finalité n'était possible.

VORPALINE | AIBWhere stories live. Discover now