𝟬𝟰 ⟝ LE TRIBUT DE LA CHANCE

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𝐉𝐀𝐒𝐄𝐑𝐎𝐐𝐔𝐄 𝐑𝐎𝐌𝐀𝐍𝐄
𝖩𝖮𝖴𝖱 ⟝𝟭𝟰
𝖵𝖨𝖲𝖠 ⟝ 𝟬𝟯
𝖢𝖠𝖱𝖳𝖤𝖲 ⟝ 𝟬𝟱
𝐀♥︎, 𝟕♣︎, 𝟑♥︎, 𝟒♠︎ & 𝟐♦︎
𝖲𝖯𝖤𝖢𝖨𝖠𝖫𝖨𝖳𝖤 ⟝ ???
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         Libérée de l'entrave du collier, Romane savoura sa délivrance en massant sa nuque et son cou. La chaleur humide de ses paumes chassa le picotement psychosomatique qu'avait laissé le dispositif sur sa peau. Dans une ultime preuve de son dédain, comme s'il pouvait encore lui exploser aux pieds, l'étudiante le balaya froidement du flanc de sa chaussure. L'objet glissa sur le sol dans une série de cliquetis métalliques avant de voir sa course arrêtée au bas de la première rangée de sièges. Au même moment, deux têtes passaient par delà le mur. Murata et la jeune femme. Tous deux exultaient.

 On a réussi ! Grâce à vous ! Merci infiniment !

             Et ils le pensaient sincèrement, leurs émotions décuplées par le bonheur pur d'avoir à nouveau échappé à la mort. Totalement débridés et euphoriques, leurs yeux pétillaient de soulagement et d'une reconnaissance propre à la culture nippone. Bientôt, ils s'inclinaient aussi bas que la bienséance le demandait, peut-être plus encore, et la jeune femme prit ses mains, les larmes aux yeux. Toutes traces d'irritation dissipées dans le puissant tumulte de sa vie prolongée. Si Romane n'était pas friande de ce type de contact, elle se laissa toutefois faire. Intimement, il apaisa l'enfant désemparée qui sommeillait en elle, et elle se surprit à serrer ses mains en retour. Furtivement, dans la légèreté d'un battement d'ailes.

          Finalement, ils la lâchèrent et s'empressèrent de quitter la scène, puis la salle qu'ils remontèrent avec un enthousiasme presque candide. Ils n'avaient pourtant gagné que deux malheureux jours, mais on avait l'impression que c'était leur sainte et immuable liberté qu'ils touchaient enfin du doigt. Or comment leur en vouloir ? Ils étaient beaucoup à quitter les jeux dans l'ivresse de se sentir vivant.

         Peu intéressée par l'idée de camper ici pour la soirée, Romane décida de finalement leur emboîter le pas. En dépassant le faux mur de brique, elle découvrit que leur dernier compagnon n'avait toujours pas quitté la scène et lorgnait curieusement leur environnement, son collier en main. Sa capuche toujours vissée sur sa tête projetait des ombres nouvelles sur son visage. Au goût de Romane, cela ne fit que renforcer son petit air fouineur. Il ne semblait pas le moins du monde troublé par les précédents évènements, d'un flegme jumeau à celui qu'il avait montré dans le hall.

           Son comportement la laissa perplexe, jusqu'à ce qu'elle se rende compte de ce qui la gênait. En réalité, il n'était pas tout-à-fait flegmatique. Ses traits s'étiraient discrètement d'une arrogance indifférente, presque amusée, par la situation. Dans l'ombre de sa capuche, les billes noires de ses yeux brillaient d'une clairvoyance presque divine. À croire qu'il s'était attendu à pareil dénouement et profitait désormais des coulisses du jeu en parfait touriste. Définitivement, Romane n'avait encore jamais croisé de spécimen dans son genre. Et cela attisa sa curiosité la plus entêtante. Son instinct lui souffla que ce type était d'un genre particulier. Sa raison la poussa à l'oublier avant de se montrer trop intrusive ; et l'étudiante détourna le regard pour quitter la scène.

           Arrivée près de la petite table où leurs colliers avaient reposé, Romane y abandonna son téléphone devenu inutilisable. Ce fut à ce moment là qu'une voix encore inconnue résonna dans l'espace acoustique et harponna son attention.

VORPALINE | AIBWhere stories live. Discover now