𝟬𝟱 ⟝ EN PISTE POUR LA SURVIE

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𝐉𝐀𝐒𝐄𝐑𝐎𝐐𝐔𝐄 𝐑𝐎𝐌𝐀𝐍𝐄
𝖩𝖮𝖴𝖱 ⟝𝟭𝟰
𝖵𝖨𝖲𝖠 ⟝ 𝟬𝟯
𝖢𝖠𝖱𝖳𝖤𝖲 ⟝ 𝟬𝟱
𝐀♥︎, 𝟕♣︎, 𝟑♥︎, 𝟒♠︎ & 𝟐♦︎
𝖲𝖯𝖤𝖢𝖨𝖠𝖫𝖨𝖳𝖤 ⟝ ???
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              Plongée dans le noir, Romane s'efforça de respirer calmement et de faire le point sur la situation.

             La fatigue physique et nerveuse pesait tellement sur ses épaules qu'il lui fallut une longue vingtaine de minutes avant de parvenir à un résultat acceptable. Accablée par son propre sort, verte de rage et encore terrifiée par cette violation de son domicile, de son intimité, elle refusa toutefois catégoriquement de pleurer pour de bon. Pas de peine ou de désespoir en tout cas. Une partie de ses larmes avait déjà chuté lors de ses vomissements. Le reste avait silencieusement coulé le long de ses joues ou séché directement au ras de ses cils.

            Cela avait été rude de tenir, et des hoquets tentateurs l'avaient plus d'une fois secoué pour la convaincre de se laisser aller. Mais elle avait tenu bon. La satisfaction futile mais persistante qu'elle en tira ne fit qu'alimenter plus férocement encore sa rage de s'en sortir.

            Elle venait de prendre un sacré coup sur le coin du museau. Pour être parfaitement honnête, Romane se trouva la première étonnée d'ainsi réussir à se maîtriser. Ô comme elle avait pourtant envie de tout laisser tomber. D'abandonner sa force et sa confiance feintes pour retrouver sa lâcheté naturelle.

             Mais Ô comme, à nouveau, elle désirait les bras rassurants de son père. Or, paradoxalement, pour redevenir une petite fille il lui fallait d'abord être une femme.

             Peut-être que c'était la fatigue elle-même qui voilait ses émotions et les étouffait. Peut-être qu'elle avait atteint cet instant si particulier où nous pouvions contempler notre misère avec une neutralité chirurgicale. L'observer, la reconnaître, puis la juger sans plus être parasité par la faiblesse naturelle mais importune de l'esprit humain. Romane devait avoir atteint son point de saturation. Sa coupe était pleine et débordait déjà immuablement. Il n'y avait plus rien à faire, et le prochain changement d'état de cette coupe surviendrait uniquement lorsqu'on arrêterait d'y verser de l'eau. Lorsque tout s'arrêterait définitivement. Il n'y avait donc plus de surprise à attendre, rien de pire à arriver. Elle avait touché le fond. Étonnement, Romane préféra voir la situation ainsi.

          Ne pas succomber. Ni de corps, ni d'esprit. Cette dernière nuance fut celle qu'elle apporta à sa promesse personnelle. Dans l'espace de cinq longues minutes encore, Romane se répéta cette ordre jusqu'à ce que toute envie de s'effondrer lui passe définitivement. Jusqu'à ce que ces quelques mots soient si ancrés dans sa tête qu'elle ne pourrait jamais plus les employer indépendamment les uns des autres.

          Enfin, elle décida qu'il était temps de se bouger et de réajuster ses plans d'avenir.

          Non sans grogner sous l'effort que cela lui procura, Romane se redressa puis rejoignit sa chambre afin de récupérer la lampe torche. Un froid psychosomatique poussait encore son corps à grelotter, pourtant elle ouvra toutes les fenêtres possibles et laissa la fraîcheur de la nuit remplacer l'air corrompu de son studio. Ensuite, elle rejoignit la porte d'entrée et la referma. Quand elle pointa la lumière sur le verrou afin de le boucler, l'étudiante sentit une sueur froide lui glacer les os en voyant le trou irrégulier qui le remplaçait pour moitié.

VORPALINE | AIBWhere stories live. Discover now