𝟬𝟮 ⟝ LE PLASTIQUE C'EST FANTASTIQUE... PEUT-ÊTRE

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𝐉𝐀𝐒𝐄𝐑𝐎𝐐𝐔𝐄 𝐑𝐎𝐌𝐀𝐍𝐄
𝖩𝖮𝖴𝖱 ⟝𝟭𝟮
𝖵𝖨𝖲𝖠 ⟝ 𝟬𝟰
𝖢𝖠𝖱𝖳𝖤𝖲 ⟝ 𝟬𝟰
𝐀♥︎, 𝟕♣︎, 𝟑♥︎ & 𝟒♠︎
𝖲𝖯𝖤𝖢𝖨𝖠𝖫𝖨𝖳𝖤 ⟝ ???
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           Un ultime brin d'espoir, si vif qu'il en fut douloureux, l'électrisa de part en part. Avec les dernières forces qu'il lui semblait rester, Romane lâcha brusquement le guidon de son vélo et s'en jeta. Malheureusement, l'appréhension et le débordement de ses émotions rendit ses mouvements si désordonnés qu'elle trébucha sur le cadre de la bicyclette, y heurta cheville et mollet qui sifflèrent immédiatement leur souffrance. Pourtant, aucune grimace, aucun juron. Rien de cela ne transparut sur le visage de l'étudiante. Cristallisé dans le tourment, il demeura seulement fertile à une hâte désespérée et Romane se rattrapa d'une main sur le goudron avant de bondir en avant.

            La voiture était garée dans l'allée.

            Il était là. C'était sûr.

Papa... Papa !! hurla-t-elle sans que les mots ne la traversent sciemment.

             Presque étrangère à elle-même, complètement soumise au supplice de l'affliction, l'étudiante força ses muscles endoloris à coopérer et à la propulser vers la maison. Le coeur battant si fort qu'elle ne parvenait même plus à distinguer la séquence de ses battements, Romane remonta le reste de la rue en courant ; ou plutôt en claudiquant de fatigue. Essoufflée, épuisée, complètement perdue et au bord d'une crise de nerfs dévastatrice, la brune continua d'appeler son père. Sans jamais trouver de réponse. Sans jamais qu'il n'apparaisse à une fenêtre ou n'ouvre la porte d'entrée. Sans jamais qu'elle ne se rende compte que ses efforts, ainsi que tous ses espoirs, étaient vains.

           Son état était tel qu'elle trébucha à nouveau au moment de gravir le trottoir pourtant bas. La chute ne passa pas loin, mais un vestige salvateur de son sens de l'équilibre lui permit de se rattraper au dernier moment puis de reprendre sa course vers le logis. Sa main n'avait jamais autant tremblé que lorsqu'elle parvint à la porte et se saisit de la poignée.

            Celle-ci ne résista pas et, une fois enclenchée, libéra brusquement l'accès à la jeune femme. Son propre poids la désarçonna, tant qu'elle se raccrocha fermement à la clanche sans même chercher à lutter.

 Papa ? Papa ! héla-t-elle à nouveau tandis que la porte l'entraînait dans son ouverture.

              Quand elle se fut stabilisée, Romane put se reposer sur elle pour pleinement pénétrer dans le genkan. Incapable de reprendre son souffle, la gorge sèche, elle réitéra pourtant ses appels, y ajouta le nom de sa soeur, ainsi que celui de sa belle-mère, chaque note plus incertaine que la précédente. Hagard, son regard scannait l'espace offert à sa vue sans la moindre méthode, s'arrêtant sur chaque coin d'où une silhouette familière pouvait sortir et l'accueillir. Mais personne ne vint. Et personne ne parut l'entendre.

              Tiraillée entre l'évidence et un espoir devenu malsain, l'étudiante trouva la force de se redresser puis de gravir les marches du genkan, sans chercher à retirer ses chaussures.

 Pitié, répondez ! Papa ! Agathe !

              Sa voix devenue éraillée implorait, comme si, elle, avait déjà compris. Romane réitéra toutefois dans un japonais tout juste compréhensible, y incluant à nouveau le patronyme de sa belle-mère. Dans un même temps, elle traversa le séjour, s'aventura dans la cuisine puis près des escaliers. Tout fut retourné sur son passage, à la recherche du moindre indice qui pourrait témoigner de la présence effective et récente de sa famille sur les lieux. Bredouille, Romane ignora cependant ceux qui lui prouvaient plutôt le contraire, rejeta violemment l'évidence. Pourtant, l'impact de celle-ci se faisait déjà sentir à la douleur qui inonda sa poitrine, à celle qui s'infiltra dans sa gorge et lui noua les cordes vocales. Aux larmes qui affluèrent au ras de ses cils et entamèrent lentement leur chute le long de ses pommettes.

VORPALINE | AIBWhere stories live. Discover now