𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 1 - 𝓔𝓿𝓲𝓮

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Quand la fatigue mentale est trop forte, elle impacte durement le physique. Je suis à bout physiquement et mentalement parlant.

Mon compagnon ne prend plus de temps pour moi, mais ce qui me pèse le plus, c'est qu'il ne prend plus de temps pour nos enfants.

J'aurais aimé retrouver le Lazaro des débuts, celui qui me faisait comprendre à quel point il désirait m'avoir à ses côtés. Je porte toujours mon nom de jeune fille, et je n'ai toujours pas de bague au doigt. Je ne passe plus du tout de temps avec lui, et il ne prend même plus la peine de venir dormir avec moi tant son travail lui prend les tripes.

Il a été un père aimant, très attentif avec chacun de ses enfants. Il avait toujours peur de me laisser seule avec les quadruplés, peur que je sois trop fatiguée en fin de journée après avoir courru partout après où.

Lorsqu'ils ont commencé à grandir, il a commencé à voir que je n'avais plus besoin de quatre bras pour les nourrir, pour les laver ou les prendre dans mes bras. Ce dont il ne s'est pas rendu compte, c'est que son soutien est tout ce dont j'ai besoin. J'ai une routine quotidienne que j'essaie de faire varier pour occuper mes enfants, mais jamais il ne fait partie de cette routine.

Je n'ai pas trouvé une meilleure solution que de fuir le domicile familial, en espérant qu'il se rende vite compte de mon départ et court me rejoindre pour m'aider à élever nos enfants.

Je loge chez une amie de longue date de mes parents. Aujourd'hui à la retraite, elle est en manque de compagnie et accueille des personnes chez elle pendant de courtes périodes. Elle n'a pas d'enfants, ni de mari, et lorsque je l'ai contacté, elle a été d'une telle joie que j'étais sûre de ma décision.

Maria a été ravie de me revoir, elle est très heureuse de faire la rencontre de mes enfants, et a proposé de me donner tout son soutien pour que je profite aussi de ces vacances.

En me réveillant, je suis surprise de voir l'heure à laquelle j'ai ouvert les yeux. Dix heures passées, ça fait une éternité que je ne me suis pas réveillé aussi tard. Je suis toujours réveillée tôt pour préparer ma journée avec les quadruplés : autant leurs repas que leurs activités lorsqu'ils n'ont pas l'école.

Je saute du lit et descend dans la cuisine où j'ai la surprise de voir Maria avec mes quatres enfants à table.

-Désolée, je ne pensais pas me réveiller aussi tard. Il fallait me réveiller, ils sont debout depuis longtemps ?

-Ne t'en fais pas, repose-toi, je suis là pour ça ! C'est fou, ils sont vraiment connectés tous les quatre. Ils sont descendus tous en même temps il y a une demi-heure.

-On mange des fruits mama ! S'exclame Lourdes.

-Je ne savais pas quoi leur préparer et ils ont accepté de manger une salade de fruits. J'espère que ça te va.

-C'est super, merci beaucoup Maria. Je trouve justement qu'ils mangent trop peu de fruits. Qu'est-ce que c'est dans ton bol Angelo ?

-Des vamicelles, c'est Maria qui m'en a donné !

-Vermicelles mon ange.

Je m'approche d'Angelo et lui embrasse la joue alors qu'il enroule ses bras autour de moi pour m'embrasser à son tour. Je reproduis le même geste avec mes autres enfants et fais la bise à Maria en la remerciant d'avoir préparé le petit déjeuner des quadruplés.

-Je t'ai préparé un bol aussi, si tu en veux.

-C'est gentil merci.

Elle me tend le bol et je m'installe en bout de table pour déguster les bons fruits locaux relevés par un peu de sucre.

-Mama, on va faire quoi aujourd'hui ? M'interroge Mercedes en prenant son verre de jus d'orange.

-Je ne sais pas, peut-être aller se balader. Maria aimerait peut-être nous montrer la ville, à moins qu'elle ne veuille se reposer.

-Me reposer ? Tout ce que je voulais c'était de la compagnie, alors j'aimerais vous accompagner avec plaisir. Je me disais que ces petits grandissent loin de la plage, on pourrait peut-être y aller, si ça te dis.

-Tu proposes quelle plage ?

-Plage Santa María del Mar, ton père m'a dit que c'était celle où tu préférais aller dans tes jeunes années.

-Je suis complètement d'accord avec cette idée. On va à la plage aujourd'hui les enfants ?

J'ai pour réponse des exclamations de joie qui me réchauffent le cœur. Au moins, ils profitent de leurs vacances. J'avoue que ça me fait un pincement au cœur d'être loin de Lazaro, parce que malgré tout, je l'aime toujours autant. J'ai juste dû oublier à quel point j'étais bien avec lui, parce que j'ai perdu cette habitude.

-Sinon ce midi on pourrait aller en ville pour inviter Maria à manger.

Pour réponse, j'ai quatre réponses joyeuses qui me parviennent, ce qui me fait vachement plaisir. Mes enfants aiment bien Maria et paraissent à l'aise en sa compagnie.

Une heure et demi plus tard, mes quatre enfants sont enfin prêts et j'ai pu prendre le temps de me préparer également. Ils ne tiennent pas en place et sont impatients de sortir.

De mon côté, j'ai vraiment envie de leur faire découvrir La Havane, mais je redoute toujours de sortir avec eux. Heureusement que Maria est là pour m'accompagner !

Elle ferme sa maison et je demande aux enfants de se tenir par la main dans la rue. Je marche souvent derrière eux pour les avoir à l'œil en leur donnant des indications quant à la route à suivre. C'est ce que je trouve le plus pratique avec mes enfants. En plus, ça me procure tellement de bonheur de les voir en se tenant tous la main. Ça me donne l'impression qu'ils sont toujours en symbiose, comme quand ils étaient encore dans mon ventre.

-Avoir quatre enfants en même temps, il faut avoir un sacré courage, me dit Maria en regardant les quadruplés.

-Ça n'a jamais été très facile d'avoir des quadruplés, mais si je devais le refaire, je referai la même chose. Ce sont les êtres que j'aime le plus au monde, ils me rendent heureuse.

-Qu'est-ce qui est le plus dur avec eux ?

-Ils demandent énormément d'attention, tout le temps. Bébé, c'était très dur de s'occuper des quatre en même temps lorsque j'étais seule. J'essayais de ne pas paniquer à l'idée d'être seule, parce que c'est dans ces moments-là que je me laissais le plus déborder. Aujourd'hui, je ne vais pas dire que c'est plus simple, mais il ne faut plus s'occuper d'eux. Ils s'occupent les uns des autres, et il me suffit de toujours les avoir à l'œil. C'est plus facile qu'ils soient autonomes, ce que j'essaie de développer un maximum chez eux.

-Quand est-ce que tu prends du temps pour toi ?

Je pose les yeux sur les quatre petites têtes devant moi et souffle doucement. Je n'ai pas de réponse à cette question.

-Je ne peux pas en prendre, je suis une maman.

-Mais tu n'es pas seule. Ils ont leur papa.

-Si seulement c'était aussi simple... Tu sais Maria, je n'ai pas osé en parler à mes parents, mais si je suis ici, c'est par rapport à lui. Il travaille énormément, il vient très peu nous voir pour passer du temps en famille. C'est pour ça que j'ai décidé de fuir, il n'en sait rien de tout ça.

-Alors tu n'es pas là uniquement pour des vacances ?

-Pas véritablement, je fais une pause avec lui. Je veux qu'il vienne nous retrouver pour nous prouver qu'il veut de nous, et je ne repartirai pas tant que je n'ai pas de nouvelles de lui. Ça reste des vacances pour les quadruplés, je veux qu'ils profitent de leur séjour ici.

-Tu es une femme forte Evie, tes parents doivent être fiers de toi.

Je lui adresse un sourire et elle montre au loin le restaurant à mes enfants qui s'extasient en voyant la devanture.

Life isn't golden - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant