20 - ALYSSA

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— Aaron ?

Je recule surprise alors qu'il s'engouffre dans mon appartement essoufflé.

— Tu as couru ? M'étonné-je en jetant un coup d'œil vers son genou.

Il ne peut pas courir, ça lui fait trop mal. Pourtant j'ai vraiment l'impression qu'il a couru et surtout qu'il a monté les étages à toute allure.

— Je ne voulais pas partir, Alyssa. Lance-t-il sans prévenir.

Je ne remarque que maintenant la feuille qu'il tient dans sa main et mon cœur se serre en reconnaissant la lettre que j'ai écrite avant de partir de son appartement, quand j'ai décidé de l'oublier et d'aller de l'avant. Merde, j'avais complètement oublié l'existence de cette lettre.

— Tu voulais partir, Aaron.

Il est parti, il savait qu'il partirait un jour avant même de me connaître. Je sais qu'il y pensait déjà bien avant de me rencontrer.

Il secoue la tête se rapprochant un peu et son expression me fait me sentir bête. A la façon dont il me regarde, j'ai l'impression de me tromper sur toute la ligne.

— Tu ne comprends pas, je voulais partir oui. Mais c'était avant ton arrivée. Je n'ai plus jamais voulu partir à compter du jour où tu as emménagé dans mon appartement.

Je ris nerveusement secouant à mon tour la tête n'intégrant pas ses paroles mais son air grave me pousse à reprendre mon sérieux. Est-ce qu'il dit vrai ? Est-ce qu'il a arrêté de jouer pour de bon pour venir me dire la vérité ? Je ne sais plus quoi croire et je ne sais plus si je dois écouter mon coeur ou garder la tête froide. C'est dangereux avec Aaron, c'est toujours trop dangereux.

— Tu es parti Aaron...Lui rappelé-je hésitante.

— Je sais. Mais je suis revenu maintenant. Répond t-il réduisant la distance qui nous sépare.

— Ça ne change rien au fait que tu es parti ce jour-là. Je réponds calmement essayant de rester lucide.

Il serre les dents et un voile de tristesse vient remplir ses prunelles bleues. Son regard a perdu de son éclat depuis qu'il est revenu, ou peut-être que je l'imaginais plus clair. Ce qui est sûr c'est que ce n'est plus le même. Aaron n'est pas celui qu'il était il y a un peu moins de deux ans et moi non plus et ça complique tout.

— Tu te rappelles ce que j'ai dit avant de partir ? Ce que je t'ai dis avant de monter dans le train ?

Comment aurais-je pu oublier ces trois mots qui ont pris mon coeur en otage. Ces simples paroles qui me hantent encore aujourd'hui. Comment aurais-je pu oublier qu'Aaron avait dit qu'il m'aimait avant de disparaître ?

— Aaron...

— Demande moi si je le pensais. Ordonne t-il calmement.

La voilà la question qui n'a pas arrêté de tourner dans ma tête. Est-ce que Aaron le pensait quand il m'a dit « je t'aime » ? Est-ce qu'il était sincère ? Parce que quand on aime quelqu'un on ne part pas. On ne l'abandonne pas sur un quai de gare en le privant de tout son oxygène. On ne tourne pas le dos à la personne que l'on aime, généralement on reste à ses côtés pour profiter de chaque instant avec elle. Je secoue la tête refusant de lui poser la question, la réponse me fait bien trop peur. Il réduit encore la distance nous séparant et me fait relever délicatement le menton d'une main pour m'obliger à le regarder.

— Demande moi. Insiste-t-il dans un murmure.

Je me plonge dans ses yeux qui me rassurent autant qu'ils me terrifient et j'y revois ce qui a réussi à me ramener à la vie des mois plus tôt. J'y revois aussi ce qui m'a abattue le jour où il a mis son sac sur son dos avant de monter les deux marches du train.

Tome 3 : LOVE MEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant