Chapitre 27 - Fouineuse

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Laëlle ne se sentait pas du tout à sa place dans l'immense salon des Valefort. La pièce tenait d'ailleurs plus de la salle d'attente que d'un lieu de réunion familial. Les banquettes en tissu sentaient encore le neuf tant elles servaient peu souvent. Malgré la décoration chargée de sculptures contemporaines et de portraits de famille peints à l'ancienne, l'espace semblait froid et impersonnel.

Laëlle tira sur sa jupe qui dévoilait un peu trop ses cuisses lorsqu'elle s'asseyait. Elle avait enfilé un tailleur bleu ciel très classique, comme une tenue de camouflage adaptée à la fréquentation des Valefort. L'idée de s'aventurer dans l'antre des fauves s'était imposée à la jeune femme lorsqu'elle s'était réveillée en boule sur son canapé aux premières heures du jour.

Puisqu'LK n'avait pas daigné se montrer, elle comptait bien mettre la main sur la seule chose qu'elle savait importante pour lui : la fameuse pierre rouge dérobée par Léo. Il aurait ensuite intérêt à se plier en quatre pour récupérer son bien et obtenir le pardon de la jeune femme laissée trop longtemps sans nouvelles rassurantes.

Elle était un peu vexée, elle devait l'admettre, qu'il la laisse dans l'ignorance après s'être montré aussi persistant les jours précédents. Mais elle préférait lui attribuer un manque de considération à son égard plutôt que l'imaginer empêtré dans les ennuis.

Laëlle croisa sa jambe gauche par-dessus la droite, puis l'inverse. Elle commençait à s'impatienter au-delà du raisonnable. Ça faisait au moins un quart d'heure que le major d'homme qui l'avait accueillie à la porte lui avait indiqué l'endroit où attendre l'arrivée de son fiancé. Peut-être bien que Léo la faisait languir exprès, c'était une vengeance basse mais tout à fait cohérente avec le personnage. Il ne reculait devait rien pour que sa marionnette se sente minuscule et impuissante face à lui ; ça avait sans doute l'effet d'un pansement sur son ego meurtri.

Enfin, quelqu'un apparut à la porte. Il s'agissait de Félix Valefort, le visage pâle et cerné. Il avait cependant l'air heureux de voir Laëlle. Elle ne l'avait croisé qu'à deux ou trois brèves occasions, mais elle lui avait visiblement fait une bonne impression.

Le patriarche ignorait que son fils tenait la jeune femme sous sa coupe par la menace, elle devait donc maintenir les apparences en sa présence. Elle n'avait de toute façon aucune envie que cet homme à la réputation impitoyable apprenne qu'elle avait cherché à séduire Léo pour des raisons malhonnêtes. Un seul despote rancunier sur son dos était déjà un calvaire bien assez pénible à endurer, inutile d'en inviter un second dans la partie.

— Ma chère belle-fille, commença Félix avec un sourire avenant. On m'a dit que tu voulais voir Léo ?

— En effet monsieur, confirma-t-elle en se levant pour le rejoindre près de la porte.

— Il n'est pas encore rentré de la course que je l'ai envoyé faire pour moi, mais il ne va plus tarder.

— Oh très bien, je vais l'attendre encore un peu ici dans ce cas.

— Suis-moi, invita l'homme d'une façon qui ressemblait davantage à un ordre.

Félix savait se montrer affable si nécessaire, mais son naturel autoritaire revenait vite au galop. Laëlle lui emboîta le pas et le suivit dans les couloirs de la vaste demeure sans trop savoir à quoi s'attendre. Elle n'était pas trop à l'aise à l'idée de devoir jouer son rôle de fiancée amoureuse sans avoir Léo à ses côtés pour encadrer les échanges, le risque d'un faux pas n'était jamais loin.

— Il est temps que nous fassions plus ample connaissance avant que tu n'intègres complètement le clan, affirma le maître des lieux en s'engageant dans l'escalier qui menait à l'étage. Nous tiendrons justement un dîner de famille samedi prochain, joins-toi à nous pour faire ton introduction officielle.

Déchu (Terminé)Where stories live. Discover now