Déchu (Terminé)

Chapitre 28 - En chasse

De retour chez elle, Laëlle passa un long moment sous la douche chaude. Elle se sentait sale à cause de la proximité que Léo lui avait imposée et elle luttait pour chasser de son esprit les images obscènes de ce qu'il aurait pu l'obliger à faire.

L'avantage de la douche, c'était qu'on ne voyait pas les larmes couler sur ses joues. Tôt ou tard, elle n'aurait pas d'autre choix que de se plier aux désirs salaces de ce porc. C'était d'ailleurs étonnant qu'il n'ait jamais cherché à se rapprocher davantage d'elle sur le plan physique, ce qui avait laissé à sa captive un faible espoir d'échapper à la sentence. Mais la confrontation de cet après-midi avait écarté tous ses doutes. Léo finirait par franchir toutes les limites pour la soumettre et briser son esprit en une myriade de fragments moribonds.

Quand le moment viendrait, elle ignorait si elle serait capable de faire preuve de suffisamment de résilience. Peut-être que ce qu'elle avait fait taire au fond d'elle depuis tout ce temps exploserait enfin et qu'elle chercherait à massacrer son geôlier sans plus aucun souci des conséquences. Ou peut-être qu'elle estimerait venu le moment de terminer ce cauchemar en mettant un terme à sa propre vie ainsi qu'à sa risible dégringolade sans fin.

Elle entrevoyait avec peine une issue qui ne soit pas fatale pour au moins l'un d'entre eux. Mais après tout, elle l'avait bien cherché, non ? C'était elle qui avait mis le doigt dans l'engrenage de ce jeu funeste en accostant Léo pour de mauvaises raisons. Elle ne pouvait même pas lui reprocher entièrement sa descente aux enfers, même si elle le détestait à présent du plus profond de son être et qu'elle développait un dégoût sans cesse grandissant à son égard.

Qu'est-ce qui lui avait pris de se rendre chez ce maniaque de son plein gré aujourd'hui ? Elle regrettait amèrement sa témérité. Tout ça pour une fichue pierre appartenant à un ingrat qui préférait la laisser se ronger les sangs plutôt que de lui donner des nouvelles. Elle avait été menacée par un monstre démoniaque, elle avait aidé un ami en détresse, et maintenant on la laissait tomber comme une vieille chaussette. En définitive, elle aurait mieux fait de continuer son petit train-train quotidien solitaire comme elle l'avait toujours fait. Les relations humaines – ou autre – c'était vraiment l'enfer.

Le désespoir faisant place à la colère, la jeune femme appuya avec un peu trop de vigueur sur son flacon de shampooing et un jet jaunâtre éclaboussa la vitre de la douche. Imaginant alors le visage stupide d'LK en surimpression sur la paroi, elle écrasa le flacon encore plus fort et tartina toute la vitre de savon gélatineux jusqu'à ce qu'il n'en reste plus. Qu'il ose se repointer après deux jours de silence radio et elle lui ferait subir la même chose.

Ce geste puéril lui avait permis de relâcher un peu de lest ; elle se sentait mieux, dans une faible mesure, même si elle allait maintenant devoir nettoyer elle-même le résultat de sa subite bouffée de colère.

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Rhodes était au volant de la berline aux vitres teintées. Ce soir, c'était le bon soir. La cible désignée par les informateurs à la solde de Félix Valefort avait été repérée dans un bar de la ville. Léo était monté avec empressement sur la banquette arrière du véhicule et surveillait de près chaque nouveau message envoyé par l'équipe de surveillance. Il jouait gros sur ce coup. S'il parvenait à ramener la proie vivante à son père, il gagnerait enfin le respect qu'il méritait.

— Ne vous inquiétez pas patron, lança Rhodes en regardant dans le rétroviseur. Le piège est mis en place, tout va se dérouler comme prévu.

— Je ne m'inquiète pas, démentit le jeune homme en serrant plus fort la pierre au fond de sa poche.