3. Symphonie.

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J'adore poster si tôt. Dès que je manque de motivation dans la journée, je regarde vos retours :) !

...

Le ciel est dégagé au-dessus de l'aéroport suisse. Seul le bruit vrombissant des avions qui vont et viennent perturbe ce moment d'accalmie dont Charles profite derrière les grandes baies vitrées qui filtrent les rayons ultraviolets. Accoudé sur une rambarde avec vue sur le tarmac, il essaye de mettre de côté cette déception qui ne fait que le hanter alors que le début de la saison est loin d'être à la hauteur de ses espérances et de ses objectifs.

Le pilote espère que le Grand Prix des États-Unis lui permettra de s'exprimer enfin. Il a besoin de performance et de réussite. Parce qu'à mesure que les courses se terminent, le jeune homme perd confiance en lui. Et il y a ce sentiment d'illégitimité qui, dans son esprit, commence à émerger. Cette idée qu'il est loin de mériter sa place au sein de l'écurie cabrée ne fait que se renforcer.

Il regarde sa montre et constate qu'il lui reste encore quelques minutes à patienter avant de pouvoir embarquer. Le monégasque soupire et glisse sa main dans sa poche pour en sortir un boîtier blanc. Il soulève le couvercle et prend entre ses doigts un écouteur qu'il place à son oreille.

« Charles, il faut absolument que tu écoutes ça ! »

Joris le tire de ses songes en posant sa main sur son épaule. Surpris par ce contact, le châtain sursaute et laisse échapper ce qu'il tenait alors dans un cri désespéré. Le boitier et l'oreillette droite rebondissent sur le sol et disparaissent entre les lattes du parquet.

« Joris, grogne le pilote.

- Oh, merde Charles, je suis désolé. Il se penche au sol. Je les vois. On peut peut-être encore les récupérer. Attends je reviens ! »

Un long souffle s'échappe des lèvres du pilote alors qu'il se baisse à son tour pour constater les dégâts. Son ami d'enfance qui l'accompagne depuis quelques temps sur chaque circuit revient avec de longues pinces épaisses, un sourire gêné sur le visage.

« Donne les moi, soupire le monégasque déjà allongé au sol. »

Le photographe s'arme de son téléphone alors que Charles se met au travail en glissant l'outil entre les lames de bois. Il grimace et Joris n'en perd pas une miette, persuadé qu'ils en riront dans quelques minutes. Il capture chacune des mimiques que le visage du pilote arbore dans sa concentration extrême.

« I think... On est là ! We got it! One! S'exclame-t-il en brandissant la pince qui tient l'oreillette devant la caméra. But now I need the case, explique-t-il en anglais en replongeant l'outil dans la fente.

- Vas-y doucement, conseille son ami en constatant que le pilote a réussi à attraper le boîtier.

- Oh oui ! Se réjouit-il. Noooooon, se lamente-t-il alors que sa prise vient de lui échapper pour retomber un peu plus bas. Il croise le regard de Joris caché derrière son téléphone et éclate de rire devant le ridicule de la situation. Non. Putain ! Il reprend son sérieux.

- Là, je ne la vois même plus.

- Je la vois, tout va bien, Charles prend une grande inspiration pour se calmer mais il est interrompu par le vrombissement d'un moteur. C'est notre avion ça ? »

Il se retourne pour voir un avion se poser alors que Joris répond par l'affirmative, renforçant le fou rire qui fait trembler ses mains. Leur vol est dans moins de trente minutes. Il serait temps d'en finir avec cette situation.

Le monégasque rassemble toute sa volonté pour extraire la boîte de recharge de ses écouteurs des lattes du parquet. Il pousse un cri de victoire en y parvenant et s'empresse de rassembler ses affaires pour rejoindre la porte d'embarquement. Dès que ses yeux verts croisent les pupilles noires de son ami, il ne peut s'empêcher de rire à nouveau, tout en l'entraînant dans ce moment de légèreté.

MELODIES OF DESTINY - CHARLES LECLERCWhere stories live. Discover now