Prince et Dragon - Tome 3 : Nyrsslïa

Nouvelle danse - partie 1

RYRN

De sa lame, Dan tenta de percer ma défense. Le fils de Markhar était un jeune homme dans la force de l'âge, de six mon aîné. Ceux de ma génération se méfiaient de son adresse, même si dans quelques jours, ils participaient à la cérémonie qui les identifierait eux aussi comme des adultes.

Pour ma part, j'attendais l'évènement avec impatience. Je serais enfin considéré comme un homme, et non plus tel un enfant. Mais surtout, il me tardait que ces étranges festivités commencent, mêlant amis et ennemis ! L'ambiance promettait d'être aussi fausse que mémorable.

Rian, Laurn et Nessa seraient les premiers à se présenter, une semaine avant la cérémonie, suivis de près par Irfan et Dastan. Les lysceurs seraient à leur côté, composés du roi Vardig, de son fils aîné Afrit et de la princesse Gylda. J'étais assez curieux de rencontrer ces têtes couronnées venues d'un continent inconnu. Les merfolks viendraient au dernier moment, tout comme les yazuokhs qui n'avaient qu'à descendre de la montagne.

— T'es bien le fils de maître Ahédan ! souffla Dan, tandis que je bloquai sa lame avec le manche de ma hache.

Il recula d'un pas et assura ses appuis.

— Une vraie brute épaisse, ajouta-t-il dans un sourire carnassier.

— Tu peux parler, fils du colosse d'Askaz, le taquinai-je.

Du temps d'Erich de Velt, j'appréciais Dan. Il n'avait donc guère fallu beaucoup d'échanges, pour qu'en tant que nïrsslya et lui fils du Caranis, nous devenions bons amis.

— Tu ferais mieux de te préparer pour la cérémonie de passage, siffla Ailla qui nous observait, nonchalamment accoudée à la rambarde de l'arène.

— Il reste encore deux semaines, soupirai-je en lui glissant un coup d'œil.

Dan n'était pas du genre à m'attaquer en traître, mais je me méfiais tout de même.

— Oui, mais dans quelques jours nos invités seront là et tu n'auras pas le temps de peaufiner les derniers détails avec les prêtresses, insista ma sœur. Si elles ne donnent pas les informations et vœux nécessaires pour la cérémonie à la shamane, elle t'en fera baver.

— Je leur ai déjà tout donné !

— Et ton arme de passage ? Elle est prête ?

— Tu ne crois quand même pas que père et moi aurions oublié de la commander au forgeron ? soufflai-je consterné.

À tel point que j'en oubliai Dan. Les épaules affaissées, je fixais Ailla d'une mimique atterrée certainement ridicule.

— Je me doute que ton armure et ta hache ont été forgées, bougre d'âne, souffla-t-elle en roulant des yeux. Mais sont-elles prêtes pour la cérémonie ? Où les as-tu ensevelies sous un désordre gigantesque dont tu es le seul à connaître le secret ?

— Mère m'a déjà fait la morale au déjeuner, tu n'es pas obligé d'en remettre une couche. Pourquoi ne vas-tu pas faire un tour avec tes amies ?

— Elles sont occupées à cause de la cérémonie.

Je plissai les yeux, perplexe, et glissai un coup d'œil à Dan. Il haussa les épaules, incapable d'éclairer ma lanterne.

— Marte aide son frère, soupira Ailla. Et Lucia, comme bon nombre d'autres filles, prépare un pendant pour l'arme de son favori.

— Et toi, tu n'en prépares pas ? s'étonna Dan.

Un sourire en coin étira les lèvres de ma sœur.