Premier été - 1

14 2 0
                                    

Ils étaient trois à attendre dans le grand salon.

Akaashi ne connaissait pas les deux autres. Pas vraiment, en tout cas. Il avait bien aperçu la fille, à l'occasion, sans doute lors d'un regroupement ou d'un autre. Jamais très loin des longues robes de sa mère, elle avait alors le port droit de quelqu'un qui n'avait rien à prouver. Elle arborait déjà cette expression distante, timide peut-être, anxieuse sans en avoir l'air. Elle était seule, aujourd'hui, mais c'était toujours la tête haute qu'elle attendait la décision du grand maître.

L'autre garçon, lui, ne se fatiguait pas à afficher une expression aussi solennelle. Akaashi le vit bâiller discrètement par deux fois. Il regardait souvent le plafond, l'air impatient, comme si la réponse était prête à tomber directement du ciel.

Sans surprise, il fut le premier à briser le silence.

— Je croyais qu'ils n'en avaient que pour une minute ou deux, marmonna-t-il moins pour eux que pour lui-même.

La fille — comment s'appelait-elle, encore ? — lui jeta un regard désapprobateur. Quant à Akaashi, il ne réagit pas. À vrai dire, il n'était même pas sûr de pouvoir parler ; la boule qui s'était formée dans sa gorge s'était faite plus solide avec les minutes, et il commençait à avoir la nausée.

L'autre garçon tapota le sol du pied sur un rythme inconstant. Akaashi songea à le faire taire, mais il n'en eut pas le courage. Il porta son regard sur les portes du salon, celles qui menaient au reste de la maison (au lieu de délibération, songea-t-il, puis il ravala douloureusement sa salive en espérant ne plus y penser), et les fixa sans rien dire. Elles s'ouvriraient d'une minute à l'autre. Il fallait qu'elles s'ouvrent.

— Comment vous vous appelez ?

Akaashi se tourna vers l'autre garçon en pinçant les lèvres.

— Quoi ? fit ce dernier. Ils n'ont pas l'air de vouloir revenir tout de suite, et on ne nous a pas interdit de parler, si ?

Comme ils ne réagissaient pas, il prit la fille à témoin.

— Ils nous l'ont interdit ?

Elle hésita, puis regarda ailleurs.

— Je ne crois pas, souffla-t-elle tout de même.

— Vous voyez ? On va passer pas mal de temps ensemble, alors autant faire connaissance. Pas que je ne vous connaisse pas du tout, évidemment. Vous êtes clairement de la vieille école, et il n'y a que quatre familles à l'ancienne suffisamment versées sur le sujet pour être appelées ici.

Akaashi ne put s'empêcher de tiquer.

— Quatre ? répéta-t-il.

— Les Ukai, énuméra le garçon, les Shimizu, les Akaashi, les Ushijima. Ukai Keishin a 22 ans, ce qui raye la famille de la liste. C'est ça, non ? À moins qu'ils aient été pêcher chez les jeunes pousses ? Ça n'a pas l'air d'être leur style, note. Ça manquerait un peu de professionnalisme.

— Ils t'ont pris toi, répliqua Akaashi. Ils ne font pas si attention que ça.

Le garçon porta une main à sa poitrine, l'air blessé.

— Dur, fit-il.

— Les Ushijima ne sont plus dans la course, l'informa la fille.

Elle observait une nature morte d'assez mauvais goût posée sur le mur de la cheminée. Une gerbe de fleurs de toutes les tailles s'étalait en cent couleurs passées.

— Ah bon ? s'étonna l'inconnu. Je croyais que c'était une très vieille famille. Ils ont au moins un garçon de notre âge, ajouta-t-il en jetant un coup d'œil à Akaashi.

L'égaréTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon