Premier été - 2

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Akaashi avait les mains plongées dans une terre riche et humide quand il sentit un poids contre son dos.

— Déjà au travail ? Mes parents devraient t'engager à plein temps.

Akaashi tenta de se retourner, mais Oikawa s'appuyait tant et si bien qu'il ne put que lâcher ses outils pour éviter de se retrouver le nez dans le parterre.

— Kei-chan ? Quelque chose ne va pas ? Un petit souci, peut-être ? Tu veux en parler ?

Il pouvait entendre le sourire dans sa voix. Oikawa n'avait pas mis deux jours à s'adapter à sa présence, et si Akaashi avait d'abord pris ça comme une réussite, il commençait désormais à en éprouver quelque regret.

Prenant appui sur ses mains, il se redressa d'un bond, le faisant chuter sur l'allée de pierre. Oikawa se mit à geindre. Akaashi l'ignora.

— T'es horrible, aujourd'hui, commenta Oikawa en s'asseyant. Personne ne m'a jamais traité comme ça.

— Peut-être que « personne » aurait dû, répliqua Akaashi.

Oikawa se plaqua une main sur le cœur, outré.

— J'ai mal, se plaignit-il. C'est tout ce que ça te fait ?

Akaashi sourcilla. Oikawa laissa échapper un éclat de rire.

— Horrible, répéta-t-il.

Akaashi ne put contenir un sourire. « Ne pas se laisser charmer » avait semblé si facile, quelques jours plus tôt.

Il se remit au travail sous le regard perçant d'Oikawa qui, manifestement, ne se sentait pas l'envie de faire quoi que ce soit d'utile.

— Je me pose des questions, l'entendit-il dire après un long moment.

Akaashi releva la tête vers lui. Oikawa ne souriait plus, mais il ne paraissait pas spécialement contrarié. Il décida de ne pas s'en inquiéter.

— Des questions ? demanda-t-il. Sur quoi ?

— Sur toi.

Peut-être devait-il s'en inquiéter un peu. Il soupira.

— Quelles questions ?

— D'où tu viens, où tu vis, ce que tu fais quand tu n'es pas avec moi. Tu as l'air d'avoir beaucoup de temps à perdre.

— De Tokyo, répondit-il machinalement.

Ce n'était pas exactement un mensonge. Il y était né et, s'il n'en gardait aucun souvenir, y avait néanmoins vécu les premières années de sa vie.

Mentir à un esprit n'était jamais conseillé. Mentir à un esprit comme celui-là pouvait tout réduire à néant.

Oikawa pencha légèrement la tête.

— Tokyo ? Et quoi, tu t'es perdu ?

— Je... reste chez mon oncle, avec ma mère. Cette semaine seulement. Pour changer d'air.

— Ah.

Il afficha une mine un peu déçue, puis haussa les épaules.

— Et qu'est-ce qu'il fait ici, ton oncle ?

Akaashi n'aimait pas trop la tournure que prenait la conversation.

— Il a toujours vécu ici.

— Vraiment ? Où ça ?

— Dans la vallée, inventa-t-il.

— Il travaille ?

Il hésita. Oikawa ne semblait pas près de lâcher l'affaire.

L'égaréWhere stories live. Discover now