17. Graines de Chaos

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La rancoeur empoisonne la raison que les raisonnements imposent au coeur.

Say


Après une fin d'après-midi mouvementée, Tsukiko s'était endormie sur le canapé du salon de son hôte, cette dernière dormant également, calée contre elle. Dehors la nuit était tombée, tout semblait calme. En apparence. C'est la sonnerie de son téléphone qui la tira de sa torpeur. Dans la pénombre du salon, elle se décala doucement pour attraper et regarder qui ose la déranger au beau milieu de la nuit. Sur son téléphone est inscrit "Shota Aizawa". Si c'était encore une crise d'angoisse, elle allait lui faire sa fête, songeait-elle en décrochant.

- Allo ? Grogna t'elle d'une voix endormie.

- Je te dérange ?

- Un peu, je suis avec quelqu'un là. Et je suis en congés je te rappelle, je l'ai écrit sur le planning du dortoir.

- Katsuki et Midoriya se sont battus. Expliqua t'il sur un ton aussi plat que d'habitude.

- Quoi ? Mais une petite bagarre ou..?

- Ils ont utilisé leurs alter dans un terrain d'entraînement.

- Putain de merde... je m'habille, j'arrive.

Elle raccrocha brusquement en grognant et récupéra ses vêtements qui traînaient. Elle tâcha de se rhabiller assez vite et de récupérer ses clés quand elle entendit la voix de Hyona depuis le canapé.

- Tu pars au beau milieu de la nuit ?

- Les gosses ont fait de la merde, il leur arrive un truc tous les jours c'est hallucinant, désolée, j'aurais aimé rester.

- C'est pas grave, je comprends.

La psychologue lui fit un signe et déguerpit aussitôt. Dans la voiture elle se rendit que ses cheveux étaient en désordre, son maquillage avait un peu coulé et elle avait des traces visible de ses ébats dans le cou, mais pas le temps pour ça, elle n'aurait qu'à prétendre s'être cognée en sortant du lit.

Quelques instants plus tard elle passait la barrière UA et entrait dans le dortoir de la 1A où elle retrouva Aizawa, les deux idiots du jour et All Might. Katsuki avait un énorme bleu sur la joue, ainsi que les bras bien abîmés, et Izuku n'était pas mieux. Aizawa avait beau être calme, quelques détails n'échappant pas au regard de la psychologue le trahissait, il était très clairement sur les nerfs.

- Tout le monde dans mon bureau.

Il valait mieux se faire discrets, alors elle les invita à entrer. D'abord elle fit asseoir les deux garçons sur les fauteuils de consultations pour s'occuper un minimum de leurs blessures, tandis que les deux autres professeurs patientaient au bureau. Une fois les blessures soignées, elle les escorta jusqu'à leurs chambres respectives puis revint au bureau, s'asseoir avec les adultes.

- Il faut les punir. Sévèrement. Commença Aizawa.

- Attendons avant de parler sanction. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Je crains que ce qu'il se soit produit soit ma faute. Soupira All Might. Il est temps de cesser de cacher ce secret aux personnes directement concernées. Vous le savez tous les deux, ma blessure me condamne en tant que héros. J'étais à la recherche d'un successeur et Midoriya s'est trouvé sur ma route. Je l'ai entraîné et lui ai offert l'alter du One For All. Il semblerait que les garçons se soient disputés sur ce sujet, et j'ai décidé de tout expliquer à Bakugo, il gardera le silence, il me l'a promis.

Aizawa demeura silencieux. Tsukiko de même avant de reprendre la parole.

- Les garçons ont de sérieux antécédents tous les deux, une histoire complexe. Je savais déjà pour le One For All... Je l'ai vu en utilisant mon alter sur lui pendant une séance... mais j'avoue que j'vais du mal à croire à un chose pareille, je pensais que c'était un souvenir erroné, visiblement non. Aussi dramatique que ce soit, je pense qu'ils ont retenu la leçon, et que c'était nécessaire pour eux. Et si on les laissait tranquilles sur le coup ?

- Tranquilles ? Hors de question. Ils ont ignoré le couvre feu, l'interdiction de se rendre aux terrains non accompagnés, l'interdiction de s'en prendre à un camarade avec un alter. Et vous voulez laisser passer ça ? Cela aurait pu être sérieusement dramatique, ils auraient pu se blesser bien plus que ça, se tuer même. Je les suspend tous les deux, pendant une semaine. Répondit Aizawa avec l'air agacé mais la voix calme.

- Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne option.

- Ce n'est pas à toi d'en décider. Je suis le professeur principal. Et si tu n'étais pas occupée à batifoler je ne sais où tu aurais vu les tensions arriver, alors ne fais pas comme si tu étais en droit de décider quoi que ce soit. Rétorqua l'homme froidement.

Il pointa son cou, ce qui fit finement sourire la jeune femme. En revanche il cachait à peine le fait qu'il la prenait de haut, et elle avait ça en horreur alors elle ne comptait pas se laisser marcher sur les pieds.

- Ma vie personnelle ne regarde que moi, prendre un jour de congés c'est légal. En tant que psychologue scolaire en charge du bien de tous les élèves de l'établissement je représente une autorité autrement supérieure à la tienne que tu le veuilles ou non. Nous sommes plusieurs à devoir rendre un verdict alors tes décisions arbitraires et individualiste n'ont aucune valeur.

Un silence et un regard mauvais suivi. Face à une situation qui tournait au duel, All Might prit peur, se leva doucement et se dirigea vers la porte.

- Je vais vous laisser hein... vous me tiendrez au courant.

- Pas nécessaire, All Might, quatre jours de mise à pied pour Bakugo Katsuki et trois jours pour Izuku Midoriya. Tu peux faire part de la décision au proviseur, merci. Conclut Tsukiko.

Il partit et la brune adressa un sourire narquois au professeur qui n'avait pas eu le dernier mot, au final.

- Pourquoi tu aimes autant me pourrir la vie, Tsukiko ? demanda Shota

- J'ai trouvé un juste milieu entre ma décision et la tienne, tu devrais t'estimer satisfait.

- Peut-être. Mais tout de même... ce que tu aimes me rabaisser... et le pire c'est que tu le fais bien. Soupira t'il en la regardant dans les yeux.

- Je sais, j'ai un vrai talent pour ça.

- Hm. Le bleu dans ton cou, il ne te fais pas mal ?

Elle ne put s'empêcher de regarder ailleurs, légèrement gênée, pas par son acte, mais par le fait qu'il se préoccupe autant de ça. Si elle ne savait pas pour lui et Midnight, ça pourrait passer pour de la jalousie, ou du flirt.

- Merci, mais ça va.

- Laisse moi au moins t'aider avec ça, pour m'excuser de m'être énervé.

Elle haussa un sourcil mais finit par céder, sentant bien qu'il ne lâcherait pas l'affaire, peut-être était-ce réellement de la jalousie au final. Elle sortit de la pommade d'un tiroir et lui lança le tube.

Il en mit alors sur son doigt et se leva de la chaise pour passer de son côté du bureau, glissa sa main dans ses cheveux emmêlés qu'il rassembla en queue de cheval pour tirer doucement sa tête en arrière et libérer sa nuque. Le professeur appliqua ensuite doucement la crème en lui murmurant à l'oreille. "La prochaine fois j'aurais le dernier mot, Tsukiko."

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