➺ 6 - Mirage

10 4 0
                                    



Anwir
    ⵄⵏⵡⵉⵔ

─━━━━━━⊲ 𓆗 ⊳━━━━━━─

Un homme âgé se racla la gorge de sorte à en couvrir les discussions et finit par faire taire la foule.

« Du calme, mes frères et sœurs de terre. Cet événement est bien bouleversant de plus qu'il s'est déroulé plus tôt que prévu, mais nous sommes désormais habitués.

« Habitués à regarder Naras s'effondrer lentement pendant que nous observons, les bras ballants ?! » S'écria une femme de la foule. Anwir ne pouvait la voir de là où il se tenait mais pourtant il discerna bien le sanglot étouffé dans sa voix.

Le vieil homme se tenant difficilement debout s'appuya un peu plus sur sa cane et soupira douloureusement.

« Résistons, ma soeur, un peuple opprimé finira toujours par se faire entendre. Malheureusement, nous nous retrouvons tous à compter les jours restants avant que Naras ne-»

« Anwir ». Prononça Kernā à sa droite, l'empêchant d'entendre la fin du discours.

Il se retourna vers elle un peu plus brusquement qu'il ne l'aurait voulu et la femme protégea instinctivement les chatons dans ses bras. Il se raidit. Un étranger, un inconnu, une possible menace, voilà ce qu'il était après tout.

« Vous allez changer de logement, un proche de Zivar va vous muter dans une autre habitation. Elle baissa son regard sur la sacoche à sa taille. J'espère que vous n'avez rien laissé d'important dans votre ancien hébergement, vous ne pouvez désormais plus vous y rendre ».

Anwir réfléchit un instant, il avait tout sur lui, et pourtant, le sentiment qu'il avait oublié quelque chose persistait. Il s'apprêtait à demander la raison ce changement si soudain et du pourquoi il ne pouvait plus y retourner lorsqu'il réalisa ce qui lui manquait

« Mon arc ! »

La Générale releva les yeux vers les siens. Il s'attendait à ce qu'elle le fusille du regard parce qu'il était venu à Naras avec une arme, mais elle resta impassible.

« Si vous en avez autant besoin, le palais de Naras se réserve une salle d'équipement de haute qualité. Vous trouverez un nouvel arc à votre convenance ».

« Dites moi ce qu'il se passe ».
Anwir ne la lâcha pas des yeux, espérant une réponse. Kernā l'évalua avec attention, semblant hésiter. Une once de peur traversa ses irises en un éclair mais elle baissa le regard avant qu'Anwir ne puisse le distinguer. Et étrangement, elle n'osa plus croiser son regard. Comme une enfant tentant de dissimuler à ses parents la bêtise qu'elle avait faite.

Une brise souffla et elle regagna sa façade froide.

« Vous venez de Tafiwine, là ou les personnes qui se déclament puissantes sont prêtes à nous arracher nos ressources. La Maîtresse de la Violence leva le menton et le toisa, ses bijoux tintant à son mouvement. Personne ne sait si on peut vous faire confiance à vous, étranger ». Elle détacha les syllabes de son dernier mot de manière à le mettre indirectement en garde. La femme tourna les talons et elle s'éloigna.

Anwir l'observa disparaître dans la foule, sa chevelure paré d'or et de perles dansant dans son dos. Elle lui évoquait des broussailles tranchantes, bien qu'il était persuadé que derrière ce masque de méfiance qu'elle érigeait se dissimulait une âme douce et peut être même brisée. Les broussailles ont des épines, mais les roses ont elles aussi des épines, alors les broussailles sont des roses.

⊲ 𝐍𝐀𝐑𝐀𝐒 ⊳Where stories live. Discover now