Chapitre 20

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 Si la foule avait été euphorique lors de l'entrée dans l'arène des nouvelles compétitrices, un silence d'or, presque religieux, s'était installé et donnait l'impression que les gradins étaient totalement vides. Du côté des combattants, chacun d'entre eux s'était mis en garde, prêt à sauter sur leurs adversaires ou à parer la première attaque selon la situation.

La tension était palpable et ne cessait de grandir à chaque seconde. Les deux équipes se regardaient et guettaient le moindre mouvement, aussi insignifiant soit-il, de leurs adversaires. Scyllia avait d'ailleurs l'air d'en jouer et ne cessait de faire des gestes parasites. Soit la déesse et son archange la prenaient pour une néophyte et donc, la sous-estimaient, soit ces gestes la rendait imprévisible.

— Du coup, on se saute dessus maintenant ou on attend un quelconque signal ? Demanda la prétendante, brisant ainsi autant le silence que la tension qui était montée.

Avant que les habitués de l'arène ne répondent, un gong retentit dans l'intégralité de l'enceinte du colisée. Scyllia se jeta alors immédiatement sur l'archange et porta le premier coup de faux que son adversaire esquiva en sautant en arrière. Sa réaction avait été bien trop rapide pour quelqu'un qui ne savait pas comment le début du combat était annoncé. Tout ceci n'avait été qu'une feinte ?

— Alors ma petite, on est perdue dans ses pensées ? S'exclama Taley en lui portant le premier coup.

Avec l'épée qu'elle avait déjà en main, Mélandrie para l'attaque qui était des plus simples, invoqua une autre arme et tourna sur elle-même pour donner de l'élan à son propre coup tout en maintenant la lame adverse en position avec la seconde. Ce mouvement força la déesse à reculer et à s'adapter en invoquant à son tour une dague dans son autre main.

— Un petit oiseau très prometteur. Est-ce ton assassin de père qui t'a entraînée ? Pour ton amie, c'est assez évident qu'il a laissé sa marque, on le voit dans la brutalité de ses coups. Mais toi, c'est un peu plus flou.

Entraînée était un bien grand mot. Même au sommet de sa puissance en tant que conscience de la terre-mère, elle n'avait jamais tenu bien longtemps contre lui. Il ne lui avait jamais fait de cadeau et la seule fois où elle avait pu rivaliser avec lui était lors de sa transformation tragique en ange du courroux. Ainsi, s'il existait des traces du style de son père dans ses mouvements, elle le devait bien plus à Scyllia qu'à lui.

— Ne devrions-nous pas nous battre plutôt que de discuter ? Questionna Mélandrie en se remettant en garde.

— Ton amie et mon chéri font le spectacle et attirent tous les regards sur eux. Nous pouvons bien baisser un peu en intensité pour commencer, répondit-elle en haussant les épaules. Mais tu as raison en un sens. S'ils nous voient ne rien faire, les huées vont commencer à pleuvoir. Et si tu m'attaquais pour me montrer ce dont tu es capable ?

— Dois-je y aller sérieusement ou faire une passe de salutation comme vous venez de faire ?

— Je pense que tu le regretteras si tu te contentes de me saluer.

— Dans ce cas...

Dans un flash de lumière, Mélandrie se jeta sur son adversaire et tenta une attaque en croix fulgurante. Les occasions qu'elle avait eue de se battre ainsi avaient été rares dans le monde en paix qu'elle avait contribué à créer, mais cette attaque avait toujours eu son petit effet sur ses partenaires d'entraînement.

Aveugler son adversaire n'était certes pas très loyal, mais cela avait au moins le mérite d'être efficace. Ses lames ne goûtèrent cependant pas à la chair de la déesse qui avait paré les deux lames avec les siennes, puis sauté en avant.

Mélandrie Tome 4 : Les fils du destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant