Chapitre 26

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 Avec l'autorisation de son alter-ego, Mélandrie était à présent libre de se déplacer comme elle l'entendait à la fois dans la pyramide, mais aussi à l'extérieur. Ses premiers pas l'avaient menée dans le quartier familial où elle avait retrouvé Kelen, son fils, ainsi que Mira, sa fille.

Les retrouver et voir ses petits-enfants jouer juste à côté avaient été un nouveau choc émotionnel pour l'ange de miséricorde qui avait eu du mal, encore une fois, à tenir sur ses jambes. Comme il l'avait fait à son arrivée, son fils s'était précipité pour la prendre dans ses bras et l'aider à atteindre une chaise.

Vu que la conscience de la terre-mère ne leur avait presque rien expliqué, ses enfants étaient des plus inquiets de la voir ainsi. Ne voulant pas garder une image d'eux se faisant du soucis pour elle, Mélandrie se ressaisit et entama une discussion empreint de nostalgie avec eux.

Pour ses deux enfants, cette envie de ressasser le passé n'était pas non plus bon signe et les inquiéta d'autant plus, même s'ils jouaient le jeu et rebondissaient sur chacun des souvenirs qu'elle évoquait.

— Maman, tu sais que tu peux tout nous dire, souffla Mira en la voyant recommencer à pleurer alors qu'elle évoquait le jour où elle avait décidé de les adopter. Qu'est-ce qui ne va pas ?

— Je... hésita-t-elle. Je ne suis pas véritablement votre mère...

— On le sait ça, sourit Kelen en lui prenant la main, sa sœur en faisant de même de son côté. Nos parents sont morts dans un accident de chasse et tu nous as recueillis et élevés comme tes propres enfants. On parle de ça depuis une heure et je suis sûr qu'il reste encore beaucoup à dire. Pour nous, tu es notre mère et Mahat est notre père.

— C'est vrai, compléta Mira. Que tu ne nous aies pas mis au monde ne veut pas dire que tu n'es pas notre mère. Après tout ce que tu as fait pour nous, tu mérites amplement que l'on t'appelle ainsi.

— Merci, c'est gentil, mais ça n'est pas ce que je voulais dire...

Après avoir longuement inspiré et expiré, Mélandrie se décida à leur révéler ce qui lui était arriver sans pour autant rentrer dans des détails qu'ils ne pourraient concevoir. Un étonnement certain se lisait sur leur visage, mais tout deux gardaient tout de même leurs mains dans les siennes.

— Voilà, vous savez tout. Je pensais être votre mère, mais mon destin à moi n'est pas de devenir la conscience de la terre-mère. Malgré tout, je garde ses souvenirs et je ne pouvais pas reprendre ma vie sans m'être assurée que tout allait bien ici.

— Maman nous avait dit qu'une version d'elle un peu spéciale allait sans doute venir nous voir et que nous devions te considérer comme étant elle, mais je ne m'attendais pas à ça, avoua Mira.

— Vous devez penser que je suis en train d'usurper l'identité de votre mère et que vous n'avez rien à faire avec moi... souffla Mélandrie.

— Pas du tout ! Je me dis surtout que ça n'a vraiment pas dû être facile pour toi. Tu es elle d'un autre monde, mais avec ses souvenirs. Tu t'es présentée à notre mère en donnant tes intentions et même à nous tu ne nous caches rien alors que tu aurais pu agir comme si de rien était et nous laisser dans l'ignorance avec nos interrogations et nos inquiétudes en voyant ton comportement. Je pense parler au nom de toute la famille en t'affirmant que ça ne sera pas bien compliqué de jouer le jeu le temps où tu resteras avec nous.

— Surtout que maman est d'accord pour ça, ajouta Kelen.

— Merci les enfants. Vous êtes des amours, renifla l'ange de miséricorde.

Après l'avoir réconfortée, les enfants lui proposèrent d'aller faire un tour en famille en ville pour prendre l'air. Pendant cette journée, Mélandrie put enfin se sentir chez elle. Tout était semblable aux souvenirs qui ne lui appartenaient pas. Les rues, les habitants, ses petits-enfants avec qui elle joua avec joie.

Mélandrie Tome 4 : Les fils du destinWhere stories live. Discover now