12

226 5 0
                                    

╔═════════ ⋆★⋆ ═════════╗

Charles voulait savoir si Raphaëlle s'était souvenue qu'il était celui qui s'était occupé d'elle pendant cette soirée. Presque deux semaines étaient passées, pourtant il n'avait reçu aucun message, ni de l'Italien, ni de la Française, alors il s'était douté que non : elle ne s'en souvenait définitivement pas. Manon n'avait pas arrêté de le rouspéter, son image en avait pris un coup. Il avait été aperçu avec une femme. En plus de ça, à la sortie de cette boîte de nuit du centre de Bologne, juste après le gala d'ouverture de Ferrari en Italie. Charlotte lui en avait voulu, elle avait toujours été inquiète des autres femmes. Elle ne s'imaginait pas qu'il finisse ainsi. D'autant plus qu'il n'avait pas cherché à la contacter. Heureusement, les réseaux sociaux s'étaient vite apaisés quand ils avaient annoncé qu'il s'agissait de la chargée de communication — que le public appréciait déjà —.  Même si la longue chevelure brune de la Française cachait son visage, tous les employés Ferrari étaient très inquiets que quelqu'un la reconnaisse. La petite équipe avait surveillé les réactions des Tifosi, même si peu de photos étaient sorties, tout le monde restait inquiet pour l'anonymat de la Française. C'est par chance que personne n'y avait vraiment fait attention. Emiliano avait quand même voulu protéger Raphaëlle, il avait bloqué tous les comptes qui pouvaient parler de cette fameuse soirée. Il ne savait pas de quel droit, mais ces quelques fans devenaient de plus en plus possessifs avec le Monégasque. Son objectif principal était de l'éloigner de tout ça, puis il avait aussi vite compris qu'elle ne s'en était pas souvenue. Lorsque le pilote de la Scuderia lui avait envoyé un message lui expliquant brièvement où était passée la Française, l'Italien l'avait appelé. Évidemment, il ne s'était rien passé d'extraordinaire, les deux hommes avaient simplement ri quand il avait parlé de cet épisode sous la douche. Alors quand il avait vu la Française le lendemain, dans son t-shirt choisi par le pilote, et qu'elle lui avait dit ne même pas se souvenir être rentrée. Il avait décidé de se taire. La mettre mal à l'aise par cette situation était loin de ce qu'il voulait, il imaginait que Charles non plus. Les problèmes apportés par cette soirée étaient venus d'eux-mêmes en réalité. Cela faisait presque deux semaines que le charmant voisin de Raphaëlle l'évitait. Elle n'avait tout juste pas compris. Il ne lui avait d'abord pas expliqué pourquoi, par la suite, il lui avait avoué avoir été jaloux en voyant un très beau brun sortir de chez elle un matin alors qu'il allait au travail. Il avait décrit un homme élégant, avec une chemise ouverte et des mèches brunes dérangées. Elle ne se souvenait que de Lance à cette soirée-là, mais rien ne lui laissait penser que c'était lui qui l'avait ramené chez elle. Un peu gênée d'imaginer le Canadien rentré avec elle, elle refusait lui reparler. De plus, elle ne lui avait même pas envoyé de message pour en savoir plus sur la situation. Le calendrier des courses était très chargé, elle n'avait pas osé lui reparler. Elle se doutait qu'il devait être très occupé, elle se rassurait en se disant qu'il ne lui aurait pas répondu. Au fond d'elle, elle attendait le prochain Grand Prix avec impatience. Il arrivait au Portugal à la fin de la semaine, elle ne savait même pas encore si elle allait pouvoir le regarder. 

"— Tu te rends compte ? Il ne me parle plus depuis deux semaines ! Juste pour me dire qu'il a vu un homme sortir de chez moi." Giulia allait couper la Française, pourtant elle avait vite remarqué qu'elle n'avait pas eu le temps d'intervenir. "Je ne sais même pas qui c'était ! Je ne peux même pas lui en vouloir. Il va me prendre pour une personne horrible..." Ses deux mains avaient couvert son visage, son amie avait ri.

"— Raphaëlle, tu me racontes ça depuis dix minutes." Elle riait toujours, elle laissait son amie dans les mains de l'Italien pour une soirée, et elle revenait avec un nouvel amant. "Tu devrais envoyer un message à Lance. Il va avoir un week-end chargé lui aussi, il n'y a pas que Charles et Carlos. Envoie-lui un message, cela va lui faire plaisir. Il t'a donné son numéro, utilise-le."

"— Mais je lui envoie quoi ? Je ne vais pas juste lui envoyer un « Salut, tu dois peut-être pas te souvenir de moi, mais on avait discuté à la soirée de Ferrari ». Il n'y a aucun moyen qu'il se souvienne de moi !" Giulia avait tendu la main, elle faisait une pause dans le ménage du bar juste pour se regarder quelques secondes. Raphaëlle ne voulait pas comprendre. "Hors de question que tu lui envoies un message ! Je vais le faire ok... Dicte-moi ce que je suis censée lui dire."

Elle avait cliqué sur le bouton envoyer, le message était court, bref, mais souhaitait quand même un bon week-end pour le Canadien. Raphaëlle lui demandait brièvement s'il se souvenait d'elle. Même si elle espérait que cela soit le cas, elle ne voulait pas se blesser toute seule. Encore moins en attendant la réponse d'un homme dont elle ne connaissait pas pour ainsi dire presque rien. Le problème était qu'elle n'arrivait pas à effacer l'image du brun de son esprit. Elle ne s'était pas autant amusée qu'avec Lance depuis un long moment. Ses yeux noisette et son grand sourire étaient tout ce qu'elle voyait une fois les yeux fermés. C'est pourquoi, la description de son voisin semblait parfaitement se rapprocher de l'image qu'elle avait de l'ingénieur. Elle ne se souvenait d'ailleurs pas d'avoir passé la soirée avec quelqu'un d'autre que lui. Ils avaient grandement échangé, d'abord quelques mots, puis ils s'étaient mis à danser sur la musique de la boîte de nuit. Raphaëlle aimait danser, elle n'était certainement pas douée, mais elle avait pris un plaisir fou à s'amuser au milieu de toute cette foule avec ce beau Canadien. Il avait eu l'air de s'être amusé aussi parce qu'il ne l'avait même pas quitté des yeux. Plus elle se repassait la soirée dans la tête, plus elle se demandait pourquoi elle ne l'avait pas embrassé. Giulia lui avait répété qu'elle aurait dû. Pourtant, la jeune femme était persuadée d'avoir fait le bon choix en ne le faisant pas, c'était peut-être trop tôt pour elle. Sa relation avec son voisin était encore tellement floue, puis ce quiproquo de l'inconnu sortant de son appartement était une raison suffisante pour vouloir se calmer avec les hommes. Elle restait tout de même curieuse, si ce n'était pas Lance, qui cela pouvait être ? Elle avait bien tenté d'investiguer auprès de l'italien, mais il n'était pas d'une grande aide. Malgré les questions qu'elle avait posées à Emiliano, il ne l'avait pas aidé. Il affirmait avoir passé la soirée avec Manon, et qu'ils n'avaient plus fait attention à elle. Ce que Raphaëlle avait trouvé désagréable de sa part, quel genre d'ami la laisserait avec des inconnus. Il ne mentait pas vraiment, sans l'appel de Charles le lendemain, il n'aurait sûrement jamais su avec qui la Française aurait passé la soirée. Puis le Monégasque avait aidé l'Italien à se rassurer, il avait fait de son mieux pour la suivre des yeux malgré la soirée mouvementés. Charles avait simplement fini par demander à Emiliano de garder tout ça pour lui. Il se rassurait en se disant qu'il n'avait pas quitté la Française des yeux parce qu'il n'avait rien d'autre à faire. De toute manière, ils ne se reverraient sûrement plus, cela finissait presque par l'arranger. Quant à elle, le résumé de la fête se portait sur Lance, et de leur soirée arrosée. Sa mémoire lui jouait peut-être des tours, mais elle ne se souvenait pas l'avoir quitté. Ni lui ni ses amis. Puis, à l'exception son joli sourire, tout était un peu flou. Le Bolognais avait refusé de lui répondre, elle avait décidé de ne pas insister. Emiliano était devenu l'un de ses plus proches amis, c'était certainement pour son mieux qu'il ne disait rien. En plus, elle ne voulait pas créer de tension entre elle et les pilotes de Ferrari, faire mauvaise impression était ce qu'elle redoutait le plus. 

Les deux femmes avaient continué d'installer les chaises et tables du bar de Bologne. Revenir à son quotidien aussi brutalement avait été difficile pour Raphaëlle qui espérait retrouver un jour cette bonne humeur qu'elle avait ressentie pendant ce week-end en charmante compagnie. Elle comprenait mieux Emiliano, et tous ces gens présents à ce Grand Prix. Elle aimait Ferrari, mais ne pensait certainement pas s'intéresser à des voitures tournant en rond sur un circuit pendant presque deux heures. Seulement, elle ne se voyait pas abandonner l'Italien dans sa passion pour ce sport. Il l'avait tiré directement avec lui dans les profondeurs d'un milieu dont elle ne connaissait que la surface. Raphaëlle ne connaissait pas l'histoire de ce sport ni ses participants. Elle ne savait pas par où commencer, et elle n'avait même pas annoncé à Emiliano son désir d'apprendre plus sur tout ça, même si elle imaginait déjà que cela lui ferait plaisir. La Française aimait tout ce qu'elle avait vécu, tout était tellement enivrant qu'elle espérait que tout continue. Malheureusement, elle savait que cela ne se prolongerait pas ce week-end. Elle devait travailler et ne pouvait donc pas regarder le Grand Prix. Son patron ne voulait pas le passer sur les écrans du bar, même si elle avait insisté. La course était dans à peine deux jours, c'est pour cela qu'elle espérait toujours le faire changer d'avis. C'est en tout cas ce sur quoi elle travaillait déjà. La salle principale du bar était bruyante, remplie de clients qui étaient déjà venus les semaines passées. Elle avait vite compris que lorsque le Grand Prix avait été diffusé, son patron avait dû beaucoup raconter son aventure. Les habitués, qui la connaissaient déjà, lui avaient posé des questions sur son expérience. Notamment sur les deux pilotes Ferrari. Elle avait ri, elle pensait beaucoup à eux depuis la course, et parler d'eux semblait toujours aussi étrange. Emiliano lui avait fait promettre de ne pas les considérer comme des amis, il ne voulait pas qu'elle se blesse en attendant quelconque réciprocité dans ces relations aussi superficielles. Alors maintenant, elle pensait à eux en se disant qu'elle était chanceuse d'avoir passé ces quelques heures à leurs côtés. Les personnes plus âgées assises au fond du bar qui venaient de commander quelques verres venaient de lui demander si Carlos était aussi beau qu'à la télévision et elle s'était mise à sourire. Elle aimait voir la manière dont les gens voyaient les pilotes de la Scuderia. En Italie, Ferrari était définitivement le chouchou des fans de Formule 1. Elle ne s'en était jamais rendu vraiment compte. Pourtant, son cœur se réchauffait en imaginant l'amour qu'ils devaient recevoir. Même si Carlos faisait du bruit, elle remarquait que les plus jeunes avaient seulement le prénom du Monégasque à la bouche. Elle hésitait à envoyer un message, surtout à l'espagnol, pour ce week-end au Portugal. 

"— Raphaëlle, concentre-toi ma belle !" Giulia l'avait un peu poussée pour la sortir de sa rêverie. Leurs rires étaient passés par-dessus la musique, puis l'Italienne avait interrogé la jolie brune : "Ton ingénieur a répondu ?" Elle était curieuse, elle ne pouvait pas s'empêcher d'attendre aussi une réponse de sa part. 

"— Je ne sais pas. Je n'ai pas regardé." Elle avait sorti son téléphone, sous les grands yeux noirs de l'Italienne. Elle l'avait déverrouillé, sans aucune notification. Son cœur s'était pincé, elle qui ne l'avait pas oublié, elle se retrouvait un peu déçue d'attendre un message d'un garçon encore une fois. "Il n'a pas répondu." L'Italienne n'était pas convaincue, elle avait saisi le téléphone, en se plaignant au passage de la connexion du bar. 

Puis, en mettant son téléphone en mode avion avant de relancer le réseau, Giulia avait espéré que cela change quelque chose. Elle s'attendait à voir une notification, mais rien ne s'était passé. Raphaëlle sentait son cœur se serrer dans le creux de sa poitrine, elle avait simplement souri, se disant que ce n'était pas grave. L'Italienne n'y croyait pas, son amie lui avait parlé de sa soirée, mais aussi évidemment son crush sur le Canadien, elle lui avait dit être sûre que c'était réciproque. Alors que maintenant, il la décevait déjà en ne lui répondant pas. Raphaëlle était tellement persuadée d'avoir marqué l'esprit de l'ingénieur qu'elle se remettait maintenant en question. Avait-elle été trop sûre d'elle ? C'est ce qu'elle se mettait à penser. Il était déjà dix-neuf heures passées, et elle n'avait toujours rien reçu. Elle avait rangé son téléphone dans sa poche, et s'était tant bien que mal concentrée pour continuer son travail. Rien de désagréable au vu de la sympathie des clients qui s'enchaînaient. Il faisait beau sur la terrasse, une lumière orange revenait en ce printemps italien, et la Française retrouvait le charme de la ville qu'elle aimait tant. Le coucher du soleil reflétait sur la place dans laquelle se situait le bar, faisant ressortir la couleur rose des bâtiments. Le bar était rempli. Les Bolognais aimaient sortir, ils adoraient faire la fête, et elle le revoyait enfin. La chaleur qu'elle avait ressentie en travaillant ici pendant le printemps et l'été revenait lentement. Giulia et elle semblaient faire des va-et-vient entre la terrasse et la salle. Si bien qu'aucune des deux ne se souvenait du message qu'elles attendaient aussi impatiemment. Raphaëlle n'avait pas non plus cherché les résultats des pilotes Ferrari après les essais libres d'aujourd'hui. Elles n'avaient plus eu le temps de rien. Leur soirée était chargée, comme souvent les vendredis, pourtant rien n'avait été de telle que cette soirée-là. Tout le monde semblait de sortie en cette journée de beau temps. Giulia retrouvait sa bonne humeur, voire de nouveau les rayons du soleil et discuter avec les clients du bar la rendait beaucoup plus joyeuse que d'habitude. Sa bonne humeur était contagieuse, à tel point que même la Française la partageait. Leur patron aimait les voir ainsi, c'était plaisant de voir ses serveuses aussi enjouées. Il savait que les habitués le trouvaient aussi. Tous les ans, depuis qu'il avait embauché Giulia, ils avaient créé des habitudes chez les résidents du quartier. Raphaëlle s'était rejointe à ce quotidien avec plaisir, créant à son tour un quotidien avec, la plupart du temps, les personnes âgées. Cela les occupait, surtout quand elle se retrouvait aux tables à discuter avec eux. 

"— Raphaëlle ! Tu peux prendre ta pause. Giulia s'occupe de la salle." Son patron venait de lui donner sa permission, en montrant la porte à l'arrière du bar. Elle avait accepté volontiers cette pause, et s'était dirigée vers la sortie, en attrapant son téléphone au passage. 

Elle avait slalomé entre les tables, jusqu'à la porte de sortie. La lourde porte avait grincé, s'étant par ailleurs claqué bruyamment derrière elle. Le bruit métallique avait résonné dans la petite ruelle. La lumière des lampadaires laissait de la visibilité à la rue, elle éclairait les briques rouges des bâtiments. Depuis le derrière du bar, elle entendait les rires des clients dans la rue. Ceux dans la salle faisaient autant de bruit, elle se sentait bien ici. La Française avait apporté son verre, qu'elle avait ramené à ses lèvres. La fatigue commençait à s'abattre sur son corps, il lui restait encore quelques heures de travail. Comme à chaque pause, elle avait attrapé son téléphone de sa poche arrière. Sur l'écran d'accueil, un message s'affichait. En le déverrouillant, elle avait fait défiler ses notifications, et là, entre les différents jeux et applications, elle avait vu son nom s'afficher. Son cœur s'était resserré, elle était inquiète de lire cette réponse. Elle était surtout dans l'attente de savoir si le Canadien se souvenait bel et bien d'elle. De son côté, il avait longuement attendu des nouvelles de la Française. Il avait beaucoup pensé à la jeune femme, davantage aujourd'hui quand ses résultats n'avaient pas été au rendez-vous. Les deux séances de qualifications s'étaient déroulées, ses scores toujours dans le milieu de tableau ne l'avaient pas convaincu. Lance ne trouvait plus de motivation, il n'en avait plus depuis un moment. Sa présence sur la grille n'était pas acceptée par tout le monde, il était devenu le petit mouton noir des médias de sport automobile. Il avait eu besoin pendant tellement longtemps retrouver quelqu'un qui ne le voyait plus comme le fils pourri gâté de son père. Personne n'avait cherché à le comprendre, encore moins l'apprécier pour ses capacités. Quand il avait rencontré Raphaëlle, il avait simplement voulu profiter de cette page blanche qui s'offrait à lui. Pourtant, il s'était fait avoir à son propre jeu, elle lui avait plu. Il n'avait pas réussi à se détacher d'elle. Son sourire avait fait disparaître tout ce qui les avait entourés pendant ces quelques heures. Esteban l'avait bien prévenu, que donner son numéro serait une mauvaise idée et qu'elle n'essayerait sûrement pas de le recontacter. Le pilote français était persuadé que Charles ou Emiliano diraient la vérité concernant le métier du Canadien. Alors quand Lance avait vu le message de Raphaëlle, malgré qu'elle l'avait laissé seul à leur dernière soirée, il n'avait pas pu s'empêcher de lui répondre. Il en avait besoin après tout. Elle lui souhaitait bon courage pour le week-end, et espérait que l'attente de son message n'avait pas été trop difficile. Le week-end au Portugal était le premier d'une longue série en Europe, alors Lance avait eu une idée. 

"— Giulia ! Il me demande de venir me voir après le Grand Prix ! Comme le prochain est en Espagne, il espère avoir le temps de passer quelques jours ici." Elle avait attrapé l'Italienne derrière le bar pour lui montrer le message que Lance lui avait envoyé. Sa collègue avait souri, elle était heureuse pour son ami. 

"— Alors ? Tu vas accepter ?" Elle devait réfléchir, même si l'une comme l'autre se doutait déjà de la réponse. 

╚═════════════════════╝

Chapitre un peu plus court aujourd'hui ! J'espère évidemment qu'il vous a plu, la suite s'annonce intéressante :)


RED CARS | charles leclercWhere stories live. Discover now