Raphaëlle Pereira voulait une voiture, une voiture rouge. Son frère lui avait toujours répété qu'elles allaient plus vite, qu'elles pouvaient dépasser toutes les autres voitures, qu'elles pouvaient même peut-être voler. Elle n'était encore qu'une e...
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Le week-end du Grand Prix de Monaco était lancé. Raphaëlle avait senti le même frisson que la première fois quand elle avait vu les monoplaces s'élancer sur la piste. Le soleil frappait ces voitures de courses, les casques des pilotes reflétant la lumière de cette après-midi ensoleillée. Ces rayons rendaient encore plus chaleureux cette journée de mai. Les cris des supporters résonnaient dans la principauté, ce petit morceau de ville accueillait le meilleur du sport automobile le temps de quelques heures, et elle y était. Elle s'était installée dans le garage, évitant à tout prix de croiser le père de Lance à nouveau. Pour être honnête, elle évitait aussi de le croiser lui. Le voir lui mentir aussi ouvertement n'était pas ce qu'elle avait imaginé venant de sa part. Les signes semblaient pourtant évidents. Le Canadien ne traînait qu'avec d'autres pilotes, parfois d'autres écuries, et les hommes qui ne semblaient pas l'apprécier venaient du même milieu. Elle qui le pensait simplement introverti se demandait s'il s'agissait de sa vraie personnalité. Raphaëlle avait cherché le nom de Lance sur internet, puis tout était devenu encore plus impressionnant que ce qu'elle avait imaginé. L'homme qu'elle fréquentait n'était pas un ingénieur, mais un pilote de Formule 1 depuis 2017. Il avait fallu que le seul homme dont elle se rapproche soit un pilote dont Emiliano n'avait pas parlé. Elle ne connaissait pas l'existence de toutes les écuries dans lesquelles il avait été. Elle avait essayé de s'intéresser à son parcours, même si elle trouvait cela difficile de voir l'homme, qu'elle avait invité chez elle, caché autant d'éléments de sa vie. Elle avait compris qu'en dehors de son métier, il n'avait jamais menti, mais pour elle, omettre la vérité était suffisant pour qu'elle doute de ses intentions. Voir Lance avec cette combinaison verte, monté dans cette monoplace et s'exercer sur la piste restait étrange. Cet homme à qui elle s'était confiée n'était en rien ce qu'elle avait imaginé. Face aux autres employés, et surtout face à son père, il ne dégageait plus autant de tendresse qu'à ses côtés. L'homme grisonnant qu'était Lawrence renvoyait une image froide et assurée qu'il semblait avoir transmise à son fils. Le jeune brun ne bavardait pas avec les employés, il leur parlait à peine et se contentait de s'exécuter quand on lui donnait des ordres. La Française s'était même demandée si Lance appréciait la course automobile. Puis, elle avait vu le sourire qu'il avait eu en sortant de la monoplace pour discuter de ses derniers temps en piste à son père. C'était là qu'elle avait vraiment compris ce qui motivait le pilote à se donner à fond, il voulait rendre ses parents fiers.
Quand les essais libres s'étaient terminés, elle s'était demandée ce qu'elle faisait là. Lawrence ne lui avait pas adressé la parole à nouveau, elle s'était baladée hasardeusement dans les parages. La blonde qui l'avait guidé jusque-là lui avait présenté l'équipe marketing de l'écurie. La plupart avaient des caméras ou des téléphones en mains, ils étaient prêts à filmer le Canadien lorsqu'il reviendrait dans le garage. Raphaëlle n'avait pas été à l'aise. Son altercation avec Lawrence n'était pas passée inaperçue. Sans parler de sa proximité avec le fils du patron. Elle avait rapidement compris avec les regards de l'équipe communication qu'ils avaient déjà une opinion sur elle. Manon lui avait dit que se créer des liens était important pour évoluer dans ce milieu, elle n'avait pas pensé qu'être ami d'un pilote ne l'aiderait finalement pas. En voulant bien faire, Lance avait gâché ses futures relations avec ses collègues. La jolie blonde qui l'avait guidé était restée à ses côtés. La Française n'avait pas osé parler. Aucun mot n'était sorti de sa bouche, elle lui avait simplement souri. Puis la femme lui avait dit son prénom, Abigaël, et d'où elle venait, Oslo. La Norvégienne s'était mise à lui parler de son métier, elle lui avait expliqué qu'elle était là pour faciliter simplement la vie de Lance et Sebastian. Elles avaient le même âge toutes les deux, mais contrairement à Raphaëlle, cette femme n'avait jamais fait de pause. La brune avait trouvé cela intéressant de discuter avec elle. Quand la Française s'était mise à parler d'elle, les deux pilotes étaient arrivés, toujours leurs casques sur leurs visages. Raphaëlle avait compris qui ils étaient, ils étaient importants, ils étaient les acteurs principaux de leur monde. Elle ne savait plus si elle voulait y entrer. Puis, elle avait croisé les yeux sombres de Lawrence, ce qu'il lui avait dit plus tôt avait traversé son esprit à nouveau. Elle n'était pas là pour profiter de ce Grand Prix comme la dernière fois. Ces cinq courses allaient déterminer son avenir dans le monde si fermé du sport automobile. Au fond, cette jeune femme était remplie d'assurance, et ne doutait plus de ce qu'elle était capable pour arriver à ses fins. Mais, ici, entourée de toutes ces personnes, elle ne voulait pas attirer encore plus l'attention sur elle, Lance l'avait déjà trop fait pour elle. Alors, elle s'était levée silencieusement pour aller vers le chargé de communication de l'écurie et lui poser des questions. Si elle comprenait assez vite, elle pourrait bientôt sûrement prendre la main à leur place. Comme dans tous les stages nuls qu'elle avait eu jusque-là, elles se disaient qu'ils délégueraient les tâches longues et ennuyantes.
