Raphaëlle Pereira voulait une voiture, une voiture rouge. Son frère lui avait toujours répété qu'elles allaient plus vite, qu'elles pouvaient dépasser toutes les autres voitures, qu'elles pouvaient même peut-être voler. Elle n'était encore qu'une e...
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Ses doigts s'étaient glissés dans ses cheveux, les dégageant de son visage gelé. Elle avait dû avoir froid à s'endormir ainsi. Il avait pris quelques secondes pour observer son visage. Après ces cinq heures qui s'étaient transformées en quatre heures trente, sûrement à rouler trop vite. Il avait le droit d'attendre avant de reprendre la route. Il avait regardé si quelque chose était encore ouvert, rien ne l'était, seul un distributeur à moitié rempli était à sa disposition. Il avait pris des fruits secs et une barre de céréales, ce qu'il imaginait être le moins prisé vu combien il en restait dans le distributeur. Il s'était rapproché de la jeune brune, toujours endormie, il avait soupiré. Baillant presque d'avoir fait autant de route si soudainement. Il avait lentement enlevé sa veste, la posant sur les épaules de Raphaëlle. Il devait se dégourdir les jambes, manger un peu, sûrement appeler Charlotte. Il l'avait fait, l'excusant de ne pas l'avoir appelé pendant qu'il roulait. Puis il avait envoyé une photo à sa petite-amie de la Française, endormie sur ce banc. Il l'avait regardé encore un instant, encore à distance, qu'il réduisait pas à pas. Il voulait la réveiller, il n'allait pas la porter jusqu'à sa voiture, il n'était pas kidnappeur. Alors il avait fait quelques pas, avait rapproché son visage du sien, et deux yeux hazels s'étaient posés sur lui. S'ouvrant lentement, mais c'était comme si dès qu'elle avait compris de qui il s'agissait, elle l'avait brusquement poussé, le faisant tomber sur les fesses alors qu'elle se redressait. Repoussant la veste que Charles venait de poser sur lui, et cherchant du regard une réponse à ses questions.
"— Je suis heureux de te voir aussi, Raphaëlle." Il avait un peu ri, peut-être cherchant à détendre l'atmosphère. Cela ne fonctionnait pas, ce regard noir était toujours posé sur lui. Il avait deviné ce qu'elle pensait. "Emiliano m'a appelé." Cela ne suffisait pas comme explication, mais qu'est-ce qu'il aurait pu lui dire d'autres ? Alors il avait choisi de dire la vérité. "Cela nous a inquiétés avec Charlotte, alors elle m'a conseillé de venir te chercher." Il cachait peut-être une partie importante qui était celle de son angoisse sur le trajet, de ses pensées tournées vers elles, de son esprit qui l'imaginait dans le froid à attendre le prochain bus.
"— Je ne voulais pas vous inquiéter. Je suis désolée qu'il vous ait dérangé..." Elle venait de tendre la main à Charles pour l'aider à se relever, ce qu'il avait fait. Sentant cette sensation électrique sur la pulpe de ses doigts, il espérait qu'elle aussi l'avait senti. Vu comment elle avait retiré son corps de ce contact, il imaginait que oui. "Tu comptes m'emmener à Paris ?"
"— Oui pourquoi ?"
"— Parce que je ne veux pas que tu te fatigues encore plus. Tu as fait quoi, cinq heures de route ?" Il imaginait son inquiétude, il espérait que c'en était, et non pas du jugement pour avoir fait ça sur un coup de tête en semaine de Grand Prix. "Que va dire ton écurie si tu es fatigué, hein ? Tu y as réfléchi ?"
