2. L'appel

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— Monsieur Jeon, je suis contente de vous revoir.

Je lui souris poliment en hochant la tête puis fermai la porte de mon bureau. Ma cliente s'assit sur un des fauteuils installés autour d'une table basse en bois. Je fis de même puis la regardai un moment.

— Comment vous sentez-vous, Mlle. Choi ? la questionnai-je.

Je poussai vers elle une assiette remplie de fruits secs. Faire preuve de professionnalisme dans ce métier était essentiel mais je tenais aussi à mettre mes clients à l'aise. Il leur était plus facile de parler, de se confier en étant détendu.
Mlle. Choi pressa ses mains sur sa jupe crayon en réfléchissant à sa réponse. Je pris quelques fruits secs que j'engloutis et me saisis de mon carnet de notes et mon crayon de papier jaune.

— Je ne me sens pas... aussi mal que les fois précédentes. Aussi, j'ai repris la natation, répondit-elle.

Je lui souris et notai dans mon carnet une amélioration de son humeur. Son visage parlait pour elle, comme toujours. Elle était détendue et souriait de façon plus naturelle. C'était dans ce genre de moments que je me disais sans hésitation, que j'avais la preuve que mon travail fonctionnait, que j'étais réellement et indéniablement utile aux personnes qui demandaient mon aide. Ces moments où, au fond de moi, je savais mon existence loin d'être futile. Je savais pour quoi j'existais. Un sentiment de fierté s'épanouit en moi.

— Je vous félicite d'avoir repris la natation, Mlle. Choi. Entretenir régulièrement une activité physique est aussi important que le sommeil, la nourriture et l'eau.

Ma cliente hocha la tête puis s'autorisa quelques fruits secs.

— Vous savez, mademoiselle, le deuil n'est jamais chose facile mais je sens que, lentement, vous le surmontez.

Encore une fois, elle sourit. Elle se confondit en remerciements.

— Nous sommes partis de rien, Mlle. Choi, vous pouvez être fière de vos progrès, la félicitai-je.
— Cela n'aurait pas été possible sans vous, Monsieur Jeon.
— Je n'ai pas fait grand chose, je n'ai fait que vous aider,
me justifiai-je humblement. Vous avez fait un gros travail personnel, vous pouvez, vous devez être fière de vous, Mlle. Choi.
— Merci, Monsieur Jeon, vous ne savez pas à quel point vos mots me font du bien.

Je hochai la tête en signe de reconnaissance. Ce genre de propos me rassurait.

— Bien, parlez-moi de votre semaine, décidai-je après un bref silence.

J'ouvris la porte de mon bureau tout en continuant de converser avec mon client, le dernier de ma journée. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, je n'étais pas fatigué. Il me restait encore assez d'énergie et il me tardait de retrouver mon chien, Bam, un grand Doberman adorable et foufou qui passait son temps à chasser les papillons dans le jardin. Je l'ai adopté pour qu'il me tienne compagnie. Grâce à lui, je me sentais moins seul. Mais bon, je ne faisais pas d'efforts pour rencontrer des hommes non plus alors... Je n'avais plus été en relation amoureuse depuis quelques années, c'était un choix plutôt personnel. Ma dernière relation avait été une relation simple et sans prise de tête. Il m'aimait et je l'aimais. Nous nous voyions quasiment tous les jours et nous sortions le weekend. La plupart du temps, nous allions danser en boîte ou nous regardions les derniers films en tendance au cinéma. Mon ex-petit ami était un cinéphile accompli, j'aimais l'emmener au cinéma ou l'écouter déblatérer sur les films qu'il ne portait pas dans son cœur et, à l'inverse, bavasser sur ceux qu'il adorait profondément. Notre relation était assez... routinière mais cela me plaisait bien. Malheureusement pour moi, j'ai vite compris que lui ne partageait pas mon avis.
Au bout de six mois et environ un mois et demi après notre anniversaire de nos deux-cent jours ensemble, il a gentiment mis fin à notre histoire.

The Happiest Man - JikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant