4. Chocolat chaud

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Jungkook

Je fermai la porte de mon bureau calmement et accueillis le silence de mon cabinet comme tous les soirs. Mon emploi du temps réaménagé me permettait de prendre de nouveaux patients, pour mon plus grand bonheur. Cela m'offrait un peu de nouveauté ainsi que plus de travail pour ma vie assez ennuyante. Cependant, je trouvais toujours du temps pour moi et du temps pour m'ennuyer. Comme les weekends, par exemple. Si je sortais aussi souvent pendant ces deux jours, c'était parce que je voulais tuer l'ennui. Heureusement que mon chien me tenait compagnie les soirs en semaine sinon je tournerais en rond sans cesse, me connaissant.
Maintenant que la journée était terminée, il fallait que je trie mes notes prises lors des rendez-vous avec les clients aujourd'hui puis que je les ajoute aux suivis de chaque patient. Du travail après ma longue journée de boulot, oui mais ce n'était pas plus mal. Quand il s'agissait de m'occuper, tout était à prendre. Cependant, ce soir, l'idée de rédiger et retravailler tout ceci bien au chaud sous la couverture dans mon canapé, Bam à mes côtés, ne me déplut guère. Je hochai la tête, décision prise. Rentrer à la maison ne me ferait pas de mal et puis, je caillais moins chez moi que dans mon cabinet. La cheminée ici fonctionnait une fois sur mille, de même pour les radiateurs, cela me désespérait. Bien souvent je m'excusais auprès de mes patients pour l'absence de chauffage en automne et surtout en hiver. Ce n'était pas faute d'avoir signalé un bon nombre de fois ce problème au propriétaire du cabinet mais il ne répondait presque jamais. Que pouvais-je faire face à son refus de coopérer ? Pas grand chose.
Je rassemblai mes affaires, pris mes carnets de notes et les enfonçai dans mon sac à dos à la va vite. En frottant mes mains entre elles, je fis un rapide tour de la pièce pour être certain que je n'oubliais rien d'essentiel. Constatant que toutes mes affaires étaient bien dans mon sac, j'enfilai mon manteau, quittai la pièce puis fermait le cabinet. En sortant, le froid, ce froid sournois et désagréable me fouetta le visage alors je me précipitai à ma voiture et allumai immédiatement le chauffage ainsi que le siège et le volant chauffants. Ma voiture, une BMW 420d, m'a coûté la peau des fesses, je le reconnaissais. Je me suis ruiné pour l'acheter bien que je ne regrettasse point mon choix. Cette voiture noire avec ces sièges en blanc m'ensorcelait chaque fois que je la croisais dans la vitrine de BMW. Et un jour, je n'ai eu d'autre choix que de l'acheter parce que je ne supportais plus de la contempler uniquement à travers une vitrine. Ce fut mon seul achat impulsif, si l'on soustrayait les courses. La fierté m'envahissait toujours lorsque je roulais avec mon petit — plutôt gros — bijou, comme maintenant. Je sortis du parking puis tournai à gauche devant Lotte Mart et les commerces alentours, direction ma maison. J'accueillis la chaleur artificielle du siège et du volant, qui détendit mon corps au passage. Que je me sentais bien, là. Sincèrement, ça valait le coup de dépenser une somme affolante pour cette merveille. Un sourire étira mes lèvres, j'allumai le poste radio.

— Que vais-je mettre comme musique ?...

De mon doigt, je fis défiler mes playlists sur l'écran, du poste puis je décidai de mettre Fantasize, de Ariana Grande. J'admirais tant cette femme. Une femme avec tant de talent méritait tout son succès. Dès que sa voix résonna dans l'habitacle, je fredonnai en me trémoussant sur mon siège gaiment. Je montai le son et accélérai un peu.

« I fantasize about it all the time if you were mine »

Cette chanson me mettait toujours en transe, je sentais mon cœur battre fort. Je regardai les environs. Je passais devant une zone d'immeubles bercés dans la lumière du soleil couchant. Les lampadaires se réveillaient progressivement, les gens se précipitaient pour rentrer chez eux. Au loin, près du trottoir, j'aperçus des cheveux blonds. Le choc fut de taille.

— Qu'est-ce qu'il fait là ? me demandai-je.

À mesure que je me rapprochais de là où il stationnait, les traits de son visages me parurent plus clairs. Et quelle ne fut ma surprise lorsque je me rendis compte qu'il pleurait. Jimin pleurait. J n'eus pas le temps de cligner des yeux que je m'arrêtais déjà devant lui, les pneus crissant sur le goudron. Aussitôt, j'ouvris la portière, détachai ma ceinture et le rejoignis. Il sursauta en me voyant et eut un mouvement de recul en secouant la tête.

The Happiest Man - JikookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant