pluie ardente

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UNE BELLE DOUCHE FROIDE, c'est ce que je me suis pris.
lorsque tu te rends compte que l'image surparfaite et idéalisée que tu t'étais faite de ta supposée âme soeur n'est qu'une jolie façade que tu t'es toi-même imposée, et que tu découvre avec stupéfaction et terreur que vos destins sont très loins d'être liés, c'est tout un monde qui s'écroule en toi.
du moins, c'est ainsi que je l'ai vécu.
je ne sais d'ailleurs toujours pas à ce jour comment j'ai pu y survivre. en y repensant, la douleur que j'ai ressentie à ce moment était comparable à celle d'une flèche ou une lance de guerre enflammée, bouillante de tout son long et auparavant déjà recouverte du sang de ses adversaires - en effet, tout cela étant dit, je peux au moins confier que je ne suis pas la seule à être tombée dans ce piège empoisonné, d'une telle ampleur - qui transperce en plein dans le cœur, bien sûr.
et puis la souffrance vous transcende chacun des os et vous carbonise les muscles, chaque seconde qui passe, vous attendez votre heure et priez pour une libération immédiate et prompte. Votre énergie vous quitte peu à peu, mais l'algie que vous ressentez se lit à travers vos pupilles en mauvaise posture qui tentent encore après, malgré ce coup fatal, de trouver une quelconque pitié dans celles de votre interlocuteur, celui pour qui vous subissez chaque jour une attirance de plus en plus forte, de plus en plus solide et pour laquelle à présent vous ne doutiez plus. que nenni. il se fiche de vous comme de sa chaussette trouée et grise qu'il porte tous les deux jours.
ne me jugez pas, seuls les véritables amoureux remarquent ce genre de choses-là.
vous souffrez le martyre, mais tentez de le cacher avec votre bonne foi.
bien idiote que vous êtes, vous avez bien du mal à y parvenir et commencez à vous rendre compte de la violence à laquelle vous faites face. vous commencez à comprendre qu'on ne répare pas un cœur brisé d'un simple claquement de doigts magique.
alors vous gardez avec difficulté les dernières onces de dignité et de fierté qu'il vous reste. ce qui fait très peu. vraiment vraiment peu. puis vous quittez avec désespoir le champ de bataille, du sang coulant de vos entrailles, de vos organes, mais aussi de votre âme.
et alors vous saisissez également que la plus grande douleur que vous aurez à endurer n'est pas cette dernière que vous venez d'affronter, pourtant fulminante et cruelle de vices, mais toutes celles à venir. toutes celles qui se manifesteront par des pleurs déchirants au beau milieu de la nuit, toutes celles que vous n'assumez certainement pas et n'assumeraient jamais réellement.
ce trou dans le coeur ne se comble pas aussi facilement. vous vous en rendez un peu plus compte chaque heure, chaque jour qui passe. tout comme moi je l'ai aussi compris.
mais il faut bien un jour ou l'autre passer par là, vous savez.

passer par ces deux étapes déchirantes mais pourtants si nécessaires à notre évolution amoureuse, romantique, émotionnelle.

après le feu givré...

la pluie ardente.

| 𝐏𝐎𝐄𝐓𝐑𝐘 𝐁𝐎𝐎𝐊 |Where stories live. Discover now