Chapitre 29

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Il semble me prendre pour une dégénérée, son regard ne trompe pas, il est décontenancé . Mais je le vois retirer sa montre de son poignet et me la tendre.

— Merci.
— Il faut qu'on discute de ce que tu viens de voir.
— Laisse-moi du temps. J'ai besoin de réfléchir.
— Bien.

Je quitte son bureau, et je ne sais toujours pas comment faire pour retrouver ce bois. Je suis découragée, j'essaierai de rejoindre ce temple. Ces maigres informations sont insuffisantes pour le retrouver. Je rejoins la maison de couture, ma mère me tend une convocation pour le lendemain en conciliation. C'est pour le divorce. Je souhaite y mettre un terme rapidement à l'amiable, et me consacrer sur ce Zion.

Je ne parle pas de ma séparation à ma mère, elle ne semble pas investir dans ma vie personnelle. Elle est trop occupée à voyager avec mon beau-père. Quand elle saura que je renonce à la moitié de la société, elle risque de voir rouge. Mais j'attends le bon moment, en renflouant nos caisses. Les commandes ont explosé grâce à Adam. Penser à lui me brise viscéralement.

Le lendemain, je suis devant le bureau de la médiation avec mon avocate. On s'attaque à un gros bonnet. Cole est un requin, il est connu pour ne rien lâcher. J'espère qu'il sera conciliant, et qu'il mettra de côté sa rancune. Il arrive avec une horde d'avocats, je m'y attendais.

On nous fait entrer en attendant le juge, la tension est palpable. On se regarde à peine. Je veux en  finir le plus rapidement possible, pour recommencer de zéro.  Le juge entre dans la salle , il salue Cole, il n'a pas un regard pour moi. Je comprends assez vite que les relations de Cole vont au-delà du domaine de la mode.

— Nous pouvons commencer. Je vais débuter  avec vous .
En me fixant.

— Que souhaitez-vous?
— Un divorce  à l'amiable.
— Et vous Mr Desher?
Il l'appelle par son nom.

— J'accède à sa requête en contrepartie de 70% des parts de sa société.

Je pose mes yeux horrifiés par sa requête. J'ai l'impression de rêver.

— Tu ne peux pas faire ça Cole!
— J'en ai tous les droits. Tu as signé un contrat pré-nuptial.
— Il était question de 40 %.
— Non c'était en cas de divorce avec enfant. Mais nous n'en avons pas. Je récupère 70%
— Oh mon dieu!

Je n'arrive même plus à poser  les yeux sur lui, tant le choc est rude.

— Vous voulez poursuivre la demande?

Alors c'est sa façon de faire, me faire du chantage pour éviter d'aller au bout de ma demande. Je suis tremblante de colère .  Mon père s'est sacrifié pour cette maison. Il a perdu santé pour la garder debout. Mes larmes coulent, je suis submergée par la douleur.

— J'accepte les 70% . Mais je ne veux plus jamais entendre parler de toi.
— Lilly! C'est du business! Tu ne peux pas mélanger notre histoire et ces contrats.
— Notre mariage n'était pas du commerce à mes yeux!
— D'accord, je renonce à la société. Je ne veux rien . J'accède à sa requête.

Ses avocats ne sont pas du même avis que lui. Ils demandent à s'entretenir quelques minutes avec lui. Ils sortent dans le couloir, ses yeux sont sur moi, mon cœur tambourine dans ma poitrine. Ils finissent par revenir une dizaine de minutes plus tard, en confirmant ses dires.

Je souffle fortement. Mes larmes continuent de couler, car j'ai trahi mon père pour regagner ma liberté. Le juge statue, il valide notre demande de divorce et la fait homologuer sous quinze jours.
Je me lève et quitte la séance , mais Cole me retient par le bras.

— Je suis désolé. J'ai été trop con.
— Tu t'es laissé emporter par l'appât du gain.
— Tu es sérieuse Lilly. Je possède la moitié de la ville. Je n'ai pas besoin de ta petite maison de couture!
— Alors pourquoi cette humiliation?
— Parce que je ne veux pas te perdre.
— Tu as soudainement porté de l'intérêt à ma personne.
— Laisse-nous une chance!

Je me détache de sa prise et je rejoins ma voiture. Je suis perdue, il semble si sincère. Je suis touchée. Me voilà bientôt libre et je vais  récupérer ma liberté de choisir. Pour autant, je suis toujours aussi perdue dans mes sentiments. Quand je suis avec l'un , je pense à l'autre et vice-versa.

Je ferme les yeux, je sens mon corps frissonner, je suis de nouveau emportée par cette sensation. J'ouvre les yeux dans la chambre d'Adam. Le feu crépite dans la cheminée. Elle était éteinte la dernière fois, la pièce est chaleureuse. La faible luminosité apporte une ambiance cocooning a la pièce. La porte s'ouvre sur lui, un verre  d'alcool  à la main. On se regarde, avec complexité.
Il s'assoit sur le lit, abattu.

— Qu'est-ce que tu veux? Tu t'amuses avec tes nouvelles capacités.
— L'oracle m'a dit que tu avais fait appel de mon lien.
— Il est venu te voir?
— Je suis allée à  lui.
— Mais c'est terminé,  je renonce.
Avec une voix faible.

Ça lui coûte de renoncer à moi, il en souffre.

— Tu devrais t'en aller Lilly.
— Non,  je veux ton aide pour le retrouver. Je veux être sûr de ne pas me tromper.

INDECISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant