Chapitre 64

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Le chemin menant au champ magique semble interminable, pourtant, à l'aller, nous l'avons traversé en quelques secondes. Cette hostilité monte d'un cran, mon cœur tambourine dans ma poitrine, une anxiété ne me quitte plus. Je tourne ma tête dans tous les sens. Nous finissons par franchir ce champ magique, nous sommes de l'autre côté, mais ce n'est pas le chemin par lequel nous sommes venus.

— Oh, par toutes les magies.
— Annabelle ?
— Nous sommes sur la route du royaume des Damnés.
— Comment est-ce possible ?
— Quelqu'un tente de nous retarder ou nous dissuade de continuer.
— Hayden?
— Possible.

On se remet en route, nous regardons dans tous les sens, cette forêt regorge de bruits effrayants les uns, les autres. Nous nous sentons observés, mais on nous laisse continuer. On finit par s'arrêter, faire une pause, nous sommes partis sans rien prendre, nous étions dans l'urgence.
Annabelle tente de trouver quelques fruits dans cette forêt sombre, elle revient avec des baies noires.  J'en approche une de ma bouche, Annabelle a déjà avalé les siennes.

— Recrache-la.

La voix de Koop.

Je recrache la baie au sol. Koop apparaît sur un cheval, il descend et se dirige vers moi.

— Tu en as avalé ou non ?
— Un petit peu, je crois, je ne sais pas.

Il me ramène à lui et pose sa bouche sur la base de mon cou, il transperce ma peau, mais je me débats, le souvenir de lui me vidant de mon sang est bien présent. Je ne me débats plus, je suis groggy dans ses bras, un sentiment de bien-être m'envahit. J'entends un bruit sourd, c'est Annabelle qui est tombée au sol. Il s'arrête de boire, me libère, je cours vers Annabelle, son visage est pâle, sa respiration lourde.

— Sauve-la ! Je t'en supplie.
— Je suis désolé, c'est trop tard, le poison a envahi tout son sang.
— Non, tu mens, tu veux juste me faire souffrir.
— Je suis désolé, princesse.
— Va-t'en.

Il me fixe, abattu par mon rejet. Je me reconcentre sur Annabelle, mes larmes coulent, tous mes souvenirs d'enfance me reviennent sous forme de flash. Ironie du sort, je ne m'en souviens que lorsqu'elle est prête à me quitter. Je suis enragée, épuisée par cette spirale infernale.

— Annabelle reste avec moi.
— Ma chérie, j'ai tellement apprécié te voir grandir.Tu es comme une fille pour moi.
— Tu es comme une mère pour moi.

Son sourire s'illumine et plus rien, elle ne réagit plus. Je crie des douleurs, c'est insupportable. Je me sens responsable, elle a tant fait pour moi, elle aurait dû avoir la vie sauve. Plus les minutes passent, plus la douleur augmente, une rage folle m'envahit. Je me relève, pleine de haine.

— Laissez-moi choisir !

Je ressens ces fourmillements, je suis projetée dans une pièce au centre d'une table ronde, des dizaines d'oracles m'entourent. Je tourne sur moi-même, pour les observer un à un.

— Vous nous avez appelés ?

Mes yeux se posent sur l'oracle que je reconnais.

— Arrêtez d'interférer dans ma vie.

Leurs visages s'assombrissent.

— Dans laquelle ?
— Comment ça ?
— Adam, peux-tu lui révéler combien de vie avez-vous perdu ?

Adam sort du coin sombre, je me sens trahie. Je suis choquée.

— Deux.
— Comment finissent toutes ses vies ?
— Elle meurt.
Le visage d'Adam est meurtri.

— Bien. Vous voulez vous débrouiller seule, adjugée. Bon vent.
— Attendez !

Mais nous sommes projetés dans notre réalité. Adam est toujours debout, hagard.

— Pourquoi Koop!
— Parce que je t'aime, tu seras mienne dans toutes les vies.

INDECISEWhere stories live. Discover now