INDECISE

Chapitre 33

— Je peux encore tenir!
— Non, regarde dans quel état tu es! Bois mon sang.
— Non! Il en est hors de question.
— Tu dois reprendre des forces!
— J'essayerai de chasser!
— Avec ta fatigue?

Il se détache de moi pour mettre un terme à la conversation. Je le suis, sachant que la prochaine pause sera d'ici peu. Il est têtu, je lui fais don de mon sang pour étancher sa soif, il me rejette. Le reste du chemin se fait dans une ambiance tendue.

Le soir, nous nous arrêtons sous un arbre, il est éclairé, c'est si beau, si ferrique. Le ciel brille de mille feux, c'est magnifique. Ce royaume me parle, m'attire, je me sens chez moi, c'est troublant.

— Tu n'es peut-être pas humaine.
— Quoi?
— Tes capacités sont aussi exceptionnelles.

Il est adossé contre l'arbre, sa voix est faible, ses yeux cernés. Le voir dans cet état me tue à petit feu. Je m'approche de lui et me mets à califourchon sur lui, il me fixe, troublé. Je dégage ma nuque pour lui laisser libre accès à mon cou.

— Mord-moi!
— Ne fais pas ça princesse!
— Pourquoi?
— Parce que si je goutte à ton sang, je serais marqué ! Le lien va se renforcer de mon côté.
— Je suis désolée, mais tu n'as pas vraiment le choix.
— Si on peut attendre. Encore une journée et on sera au royaume enchanté.
— Une journée, tu ne tiendras pas. Ne m'abandonne pas!

Ses yeux verts se ravivent, il se redresse et se rapproche de la base de mon cou. Je sens ses lèvres effleurer mon cou, ma respiration s'accélère.

— Tu es sûr de toi?
— Oui Koop! Et toi? Tu prends le risque.
— Je mourrais pour toi.

Et je sens ses dents transpercer ma peau, j'émets un râle de douleur, avant qu'une chaleur, agréable, se diffuse dans mon corps. Ma tête retombe sur son buste tant la sensation est agréable . Je sens sa langue faire de légers cercles pendant qu'il se nourrit, je gémis à plusieurs reprises. Il se détache de moi, les yeux rouges . Mais je ne suis pas effrayée. Ma tête se repose sur son buste. Il nous couvre de sa veste.

— Merci princesse.
Je souris.

Je ne sais pas quel goût a mon sang, l'a-t-il apprécié? Je me sens si stupide de penser à ce genre de chose.

— Délicieuse.
Je souris de gêne.

Mes yeux se ferment, au chaud dans ses bras sous ce ciel de toute beauté.

La matin,nous reprenons la route, on se rapproche de la civilisation. On entre dans un village, des poussières de lumières nous tombent dessus, c'est magnifique. Des hommes et femmes nous observent du coin de l'œil. Ils ne doivent pas avoir beaucoup de visiteurs. Certaines femmes habillées de robes majestueuses font de grands sourires à Adam. Je me tourne vers lui, il affiche encore ce sourire amusé, je lui mets une tape.

— La prochaine fois, je te laisserai mourir de soif.
Il explose de rire.

— Pourtant tes gémissements étaient une invitation à recommencer.
Je rougis.

Et je me remets en marche, sous son rire amusé, je m'arrête et je me retourne vers lui et lui saisis la main. Il retient un rire, je le fusille du regard.
On longe un pont, l'eau est turquoise et brille de mille feux. Je crois rêver, tout semble si parfait.
Adam nous fait rejoindre une petite maison. Quand on y entre, c'est gigantesque, je suis déboussolée. Comment c'est possible?

— La magie, princesse.

On se dirige vers un comptoir, un homme habillé de vêtements qui scintille vient à notre rencontre.

— Mon seigneur est en visite officielle?
En s'adressant à Adam.

— Non, visite officieuse.
— Bien, une chambre pour vous et la princesse?

Je tourne mes yeux vers le gérant de l'hôtel. Pourquoi m'appelle-t-il aussi princesse?

— Oui.
Il nous tend une feuille.

On se dirige vers un escalier, pourtant la maison n'était que sur un niveau, je n'y comprends rien. Ça ne ressemble en rien à ce que j'ai côtoyé ces vingt dernières années. On s'arrête en haut de l'escalier qui est entouré de six couloirs . Adam rejoint le troisième couloir, plus on progresse, plus des portes apparaissent. Je suis déboussolée, c'est trop pour une seule journée. Il s'arrête devant une porte et pose la feuille sur la porte, elle se déverrouille. Mes yeux s'écarquillent, une chambre gigantesque se dresse devant nous, elle donne vue sur l'océan, le soleil se reflète dans l'eau comme un diamant pur.

— Ça te plaît princesse?
— C'est magnifique.