Épisode 4: Mais si t'es avec lui tu vas devenir multimillionnaire Samira...!

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En fait je n'arrive pas à saisir ce qu'il fait exactement. Je vois simplement qu'il est de dos mais face à la chaudière. Il tient un sac bleu qu'il ferme délicatement. Le sac est plein mais je ne vois pas ce qu'il y a dedans. Il le range sous la chaudière dans un trou du mur qu'il rebouche par la suite. Je suis choquée, je ne me suis jamais aperçue de cette planque. Que cache t-il ? Précipitamment mais délicatement je quitte la maison sans qu'il m'aperçoit. Je suis complètement intriguée par ce que je viens de découvrir. Je suis rongée par l'envie de voir ce qu'il y a dans le sac: de la drogue, du schit, des armes, des vêtements... Je m'imagine un tas de choses. Je me dépêche sur le chemin du boulot car je risque d'arriver en retard. Karim et ces magouilles vont nous anéantir... Pourvu que ce ne soit rien de grave...!

En montant dans le bus je croise Leyla, une fille de mon quartier. Je m'assoie à côté d'elle. Nous discutons de tout, de rien puis elle m'interroge sur le travail. Un sujet que j'aurais vraiment aimé éviter mais bon.

"Je travaille toujours à l'hôtel": lui dis je brièvement.

- Toujours en tant que femme de ménage...?: ajoute-elle.

- Toujours...

- Ah c'est pas évident...: poursuit t-elle désespérément comme si elle avait pitié de moi. Franchement n'importe quoi. C'est bon je ne suis pas à plaindre. Au moins je travaille et je ne chôme pas ! Pour lui montrer que tout va bien, je la reprends sans même la laisser terminer: "non mais je t'arrête, c'est un métier comme un autre. Je bosse dans un palace et j'ai l'opportunité de rencontrer des personnes intéressantes... Et puis le cadre est agréable".

- J'imagine mais bon, avec un bac+5... C'est pas facile en ce moment avec la crise mais t'inquiètes tu trouveras dans ta branche incha'Allah.

- Incha'Allah...

Je n'avais pas besoin de ces remarques. Pourquoi mépriser certains métiers ? Comme on dit "tout travail mérite salaire". Ces remarques me désespèrent. Jusqu'à présent j'avais repris mes esprits en me disant que même si je fais un métier qui ne correspond pas du tout à mes attentes et surtout à mon idéal de carrière, je travaille dans un univers particulier qui me permet de côtoyer de nombreuses personnes. Puis récemment ma rencontre avec Ziad m'a motivé et me permet d'apprécier mon travail. La réflexion de Leyla, même si elle ne partait pas d'une mauvaise intention me donne un coup de blues. En fait j'ai un peu honte de mon métier. Moi qui me voyais, il y a encore quelques années avoir un poste de cadre dans une grande entreprise, je peux toujours rêver. Mes ambitions je ne les cachais pas à mon entourage et en fin de compte il me voit comme étant une simple employée d'entretien... A présent je marche sur le chemin du travail à reculons, oubliant même Ziad.

J'arrive près de l'hôtel. Sur le côté il y a une file de voitures blindées. C'est un convoi qui visiblement lui appartient. Je suis superbe contente car je suis sûre qu'il est dans sa suite. J'aimerais temps qu'on m'envoie vers lui. Mais ce soir là on m'envoie nettoyer la suite d'une femme qui arrive tout juste de la Grande Bretagne avec ses enfants. Elle est d'origine arabe. Elle parle parfaitement l'anglais. C'est avec cette langue qu'elle échange avec ses enfants. Elle a une fille nommée Nayla qui a 6 ans et Saad, un garçon de 3 ans. Ils sont trop mignons. En nettoyant la salle de bain de leur pièce je me fais discrète comme le veut la procédure de l'hôtel. Les deux enfants me rejoignent et me regardent astiquer derrière la porte. La fille court vert sa mère. Son petit frère fait de même. J'entends la petite Nayla dire en anglais "maman vient voire cette dame de ménage comment elle est belle"...

Oh que c'est chou je me fais complimenter par une petite fille ! A cet instant le sourire et la joie regagnent mon visage. Au moment où je m'apprête à quitter la suite, la mère des enfants, une jolie femme d'une trentaine d'années me demande s'il est possible de repasser une robe. Elle en profite pour me demander si je suis d'origine arabe. Je lui réponds que je suis marocaine. Elle me pose un tas de questions sur ma vie et sur mon métier. Un échange s'installe entre elle et moi et le courant passe très bien. A la fin elle me complimente et me dit en arabe littéraire "tu as l'aire d'être une fille bien Samira. Je suis enchantée d'avoir fait ta connaissance". Très vite j'apprends que c'est la sœur de Ziad. Elle est veuve, elle vient de perdre son marie dans un accident de voiture à Londres. J'apprends également que la famille, en plus d'avoir racheté l'hôtel a décidé de s'installer dans une grande villa pendant un an près de la ville. La sœur de Ziad a voulu quitter Londres pour oublier ce drame et souhaite scolariser ses enfants ici.

Chronique de Samira et Ziad: Le multimillionnaire et moi ! Tome 1Donde viven las historias. Descúbrelo ahora