L'ENTRAINEMENT

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Une femme de chambre avait apporté plusieurs tenues à Astrid. Des robes, des pantalons, des chemises, des vestes, des gants. Toutes sortes de vêtements de toutes sortes de tissus. Sachant que son premier entraînement l'attendait, elle choisit une tenue confortable et souple, proche de celle d'une cavalière.
   Elle se trouvait au sein de la grande bâtisse qui s'élevait vers le ciel. C'était en tous cas sa déduction car au travers des vitraux de sa chambre, elle ne l'apercevait pas. Depuis la hauteur de ses appartements elle put cependant observer les ruelles en ondulation d'Ophiuchus et son architecture particulière qui faisait penser à un labyrinthe sinueux. Elle avait porté son attention pendant un long moment au rempart endormi qui s'était animé pour la laisser pénétrer parmi les serpentaires. Cette fois il n'y avait aucun mouvement à l'horizon, si ce n'était celui des vagues qui dessinaient la mer par delà la muraille serpentine.
    Marisol, une des domestiques qui lui avaient été assignées, avait redonner aux cheveux de la magicienne leur allure tressée - bien plus pratique pour apprendre à se battre - pendant qu'elle analysait scrupuleusement la ville et ses habitants. Certains d'entre eux virevoltaient dans les airs pour aller de chez eux au marché, ou inversement. Elle savait donc que ceux-là étaient Verseaux, puisque leur magie leur permettait de voler sans emprunter de courants aériens. A l'académie, elle avait appris qu'ils étaient d'ailleurs ceux qui maniaient le mieux la magie de vent, une forme de magie que tous les gémeaux, verseaux et balances pouvaient apprendre et dans laquelle Astrid était plus douée que la majorité de ses camarades.
   Son excitation grimpa ensuite à mesure qu'elle dévala les marches pour rejoindre le salon, suivie par sa domestique qui peinait à lui emboîter le pas.

- Mademoiselle ! Mademoiselle ! Vous ne savez même pas où est la salle du repas ! Ralentissez je vous prie, vous n'avez pas encore reprit toutes vos forces, vous risquez de tomber !
- Ne t'inquiète pas Marisol, je ne me ferai pas mal, j'ai une faim de loup, dépêchons nous !
- Mais moi, je risque de me faire mal ! Cela vous est-il égal ?

   Astrid présenta ses excuses en ralentissant, elle salua chaque garde qu'elle croisait d'un mouvement timide de la tête. Guidée par des odeurs fumantes de jambon et de poisson elle trouva rapidement ce qu'elle recherchait. Elle lança alors un regard gourmand à la domestique en se frottant les mains, puis elle lâcha quelques mots dans un gloussement :

- La salle du festin !

   Des gardes lui ouvrirent les grandes portes du salon, elle fut accueillie par une nuée de membres du personnel qui la firent s'assoir, puis nouèrent une serviette à son cou. Une danse de domestiques et de plat accompagnée d'une mélodie de cloches sur des assiettes tournoyaient autour d'Astrid qui se délectait de produits de la mer, de viande, de fruits et de desserts sucrés. Le salon était lumineux grâce à ses larges fenêtres recouvertes, elles aussi, de dessins. Le mobilier était principalement en bois mais des tissus l'habillaient et lui donnaient une plus fière allure.

- Marisol, sers toi, tu ne vas quand même pas me regarder manger.
- C'est gentil mademoiselle mais nous avons nos propres espaces pour nous sustenter. Je ne suis là que pour répondre à vos besoins.
- Comme tu veux mais assied-toi au moins, je t'ai fait courir dans tous les sens!

   La domestique prit timidement place sur une chaise non loin d'Astrid, gardant l'échine bien droite et les mains sur les cuisses. Cependant, la tisseuse d'Etoiles distingua dans son regard un soupçon de gratitude.

    ******

Guidée par Marisol, Astrid zigzaguait dans les couloirs de la bâtisse pour rejoindre Félix et Gaspard à l'aire d'entraînement. Elle se maudissait d'avoir autant mangé, son estomac tendu lui imposait de marcher plus lentement qu'elle ne le souhaitait, sa domestique, elle, s'en voyait ravie.
Une brise caressa la nuque d'Astrid lorsque la lumière naturelle de l'extérieure lui brouilla la vue à la sortie du bâtiment. Les mots du connétable lui parvinrent avant qu'elle ne puisse distinguer sa position :

La tisseuse d'étoilesWhere stories live. Discover now