Chapitre 6 Cyndi

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Forêt de Krewstone, neuf heures.

Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit tout compte fait, j'avais trop peur de ne pas me réveiller. Idiot me diriez-vous, lorsque l'on pense que je voulais mourir, il y a encore quelques années. J'ai eu froid toute la nuit, j'ai souffert toute la nuit. L'avantage maintenant, c'est comme je suis à présent, gelée jusqu'aux os, je ne sens plus la douleur dans mon dos. Ça doit être congelé, si ça se trouve.

A sept heures, j'ai commencé à regarder le téléphone de mon inconnue, j'ai hésité plusieurs fois à appuyer sur Yanis Frangin, me demandant ce que j'allais bien pouvoir dire. Me disant qu'il allait certainement m'envoyer bouler s'il ne parlait plus à sa sœur. Imaginant tout un tas de scénarios dont celui où il habiterait à l'autre bout du pays et n'arriverait qu'à ma mort. Bref, il y a une demi-heure, j'ai fini par appuyer sur le bouton. L'appel a été court, les réponses tout aussi. Je n'ai pas eu l'impression qu'il était étonné que je possède le téléphone de sa sœur, il n'avait pas l'air plus étonné de l'endroit où je me trouvais, il avait même l'air de connaitre ce lieu.

Bon sang ! Et si je m'étais trompée ? Si je venais d'appeler le meurtrier ? Si ce dernier était un petit ami éconduit par la jeune femme ? Si celui-ci avait voulu se venger en découvrant qu'elle couchait avec un autre homme ? Mon dieu, je viens peut-être de signer mon arrêt de mort, il faut que je bouge de là et vite !

Mais ? Qu'est-ce que je raconte ! On n'appelle pas son petit ami Yanis Frangin ? A part si on veut justement cacher la vérité à son mec, en s'inventant un frère ! Bon sang, j'ai mal à la tête ! J'entends soudainement du bruit au loin. Des moteurs de motos. Je reconnais leurs sons, le son des Harley, j'en suis sûre. Le même son qui est venu par trois fois sous mes fenêtres. Je ne sais pas ce que je dois faire, je devrais peut-être me planquer. Si jamais j'avais raison ? Si jamais, c'était le tueur qui venait finir ce qu'il n'a pas pu finir cette nuit ! C'est décidé, je pars !

Je ramasse avec grande difficulté, ma guitare et mon sac. Je n'ai pas la force de les passer sur mes épaules, je les maintiens donc à bout de bras, puis commence à longer le ruisseau pour pouvoir me cacher plus loin.

— Pourquoi tu pars ?

Je crois que j'ai réagi un peu tard. Je me retourne lentement, pensant voir le canon d'un flingue dans ma direction mais ce que je vois, ce ne sont que deux billes vertes. C'est lui, l'homme qui est venu récupérer la jeune femme et qui m'a explosé la tronche. Punaise, je ne pouvais pas tomber sur quelqu'un d'autre, il a fallu que ce soit lui.

— C'est vous Yanis ?

— Oui.

— Que mon destin est pourri, fais je en faisant tomber mes deux bagages.

Il me regarde, fronçant les sourcils, ne comprenant pas ma réaction.

— C'est toi qui m'as appelé.

— Je ne savais pas alors qui vous étiez.

— Maintenant tu le sais.

— Sans blague, murmuré-je.

— As-tu besoin de mon aide ou veux-tu continuer ta route, au risque de tomber sur les tarés qui ont voulu tuer ma sœur.

— En fait, je ne sais pas ce qui vous différencie.

— Je ne tue pas les femmes !

— Vous préférez les frapper, sans doute.

Il ne me répond pas, je vois qu'il me détaille puis il reprend la parole.

— Je pensais que tu avais fait du mal à ma sœur.

— Ouais, dis je en claquant des dents et en commençant à voir légèrement flou. C'est sûr, en la mettant au chaud sous une couette et en la soignant.

— Elle était dans ton placard sous des fringues !

— Je pensais que c'était les autres timbrés qui revenaient !

— Ils étaient plusieurs ?

— Si je vous réponds, m'aiderez-vous ?

— Je suis là, non ?

J'entends du bruit derrière moi, je fais volte-face et vois deux gars arriver vers moi. Je me retourne vers le motard, commençant à être terrifiée par les hypothèses que j'ai avancé tout à l'heure, soit le petit ami jaloux. Il lève les mains vers moi, s'apercevant certainement de ma peur.

— Hé ! Tout doux, on ne te veut pas de mal ok ? On est juste là pour t'aider.

— Qui me prouve que vous n'êtes pas le petit ami éconduit ?

— Le quoi ?

— Le petit ami...

Je ne me sens vraiment pas bien, j'ai envie de vomir. Je tombe à genoux, épuisée mais tendant la main devant moi pour lui interdire d'approcher.

— Je ne suis pas venu pour te faire du mal.

— Je n'en sais rien... dis-je à voix basse.

— Si j'étais le meurtrier, car c'est bien ce que tu es en train de te dire, je ne serais pas venu récupérer ma frangine chez toi ou du moins, je n'aurais pas laissé un témoin derrière moi.

Ce qu'il dit se tient. Je crois que le manque de sommeil me fait imaginer n'importe quoi.

— Ok, un point pour vous.

— Est-ce que tu veux de notre aide ?

Mais avant que je n'aie pu lui répondre, je me sens soulever par les aisselles. Je tourne ma tête à droite puis à gauche, et vois les deux types à mes côtés. Le motard s'avance vers moi.

— Bonjour Cyndi Davis, nous avons beaucoup de choses à nous dire.

C'est la dernière phrase que j'entends avant de perdre connaissance.

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